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Vautrin, de son vrai nom Jacques Collin, est un personnage qui apparaît dans plusieurs romans de La Comédie humaine d’Honoré de Balzac et qui en est parfois considéré comme une « espèce de colonne vertébrale ».
Pour la création de Vautrin, Balzac se serait inspiré du personnage historique d'Eugène-François Vidocq (1775-1857), un forçat évadé tout comme Vautrin et de l'escroc Anthelme Collet.
Biographie
Vautrin (Jacques Collin de son vrai nom) est un ancien forçat, né en 1799 (comme Balzac) ou 20 ans plus tôt (les dates varient selon les romans), évadé du bagne de Toulon et du bagne de Rochefort, chef d'une bande de truands (« Les Dix Mille »), qui se cache sous divers pseudonymes : Vautrin, Trompe-la-Mort, M. de Saint-Estève, Carlos Herrera puis William Barker. C’est un homme positif qui en impose par son autorité naturelle. Il possède un savoir considérable grâce à son réseau. Il a fait de bonnes études dans un collège d'oratoriens (comme Balzac). Son dévouement à aider « les jeunes qui ont de l’ambition » (d’abord Eugène de Rastignac, puis Lucien de Rubempré), va jusqu’à le pousser à tuer. Cependant, dans Splendeurs et misères des courtisanes, après le suicide de Lucien, son protégé, il finit par entrer dans le droit chemin et devient chef de la police. Eugène de Rastignac, qu’il veut aider à faire fortune, désapprouve ses moyens, car Vautrin ne cache pas qu’il est prêt à tuer.
Dans Le Père Goriot, le chef de police, Bibi-Lupin, qui se présente sous le nom de Gondureau à M Michonneau et Poiret, leur raconte que Collin a été condamné à vingt ans de bagne pour un faux meurtre commis par un autre, un beau jeune homme, un Italien, que Collin aimait beaucoup et qui était joueur (dans Splendeurs et misères des courtisanes, on apprendra que Collin avait été condamné à cinq ans et que le reste résultait de tentatives d'évasion). Il doit son surnom au fait qu'il n'a jamais risqué une condamnation à mort. Gondureau leur apprend aussi que Trompe-la-Mort n’aime pas les femmes, mais plutôt les hommes.
À l’aide de M Michonneau, Gondureau veut se rendre compte si le prétendu Vautrin est en effet Trompe-la-Mort : il lui donne un flacon contenant une drogue qui doit simuler une apoplexie. Dès qu’elle sera seule avec l’homme évanoui, elle devra lui appliquer un coup sur l’épaule droite pour faire y apparaître les lettres TF (avec lesquelles on marquait les forçats). Le plan est exécuté le 16 février 1819 et Vautrin est reconnu comme Collin. M Michonneau avertit la police, qui apparaît peu après que Vautrin s'est réveillé. On le met au bagne de Rochefort.
Il réapparaît en 1822 dans Illusions perdues sous le nom du prêtre Carlos Herrera, sans qu’on sache d’abord sa véritable identité. Collin/Herrera empêche Lucien de Rubempré de se suicider en lui proposant un pacte : lui, Herrera, l’aidera à faire fortune à la condition que Lucien lui obéisse aveuglément.
C’est dans Splendeurs et misères des courtisanes qu’on saura comment le bagnard est devenu prêtre : Jacques Collin, évadé moins de deux ans après avoir été arrêté, avait trouvé ce moine, Carlos Herrera, un homme que personne ne connaissait, dont il était alors très simple de prendre l’identité. Il a tué le vrai prêtre et a modifié son visage à l’aide de substances chimiques pour avoir une certaine ressemblance avec Herrera.
Lucien apprend peu à peu la véritable identité de Collin, mais il obéit au pacte. La belle vie des deux (voir Splendeurs et misères des courtisanes) finit avec le suicide d’Esther en 1829, dont on les tient responsables : ils sont tous deux arrêtés. Herrera réussit presque à persuader le juge d’instruction de son identité de prêtre, mais Lucien succombe et révèle tout. Quant à Vautrin, lorsqu’on lui demande les motifs de son affection pour Lucien, il prétend, chose peu vraisemblable, que celui-ci est son fils.
Lucien avait écrit avant sa mort une lettre au juge d’instruction dans laquelle il se rétracte complètement : il y a donc de nouveau de l’incertitude sur l’identité du prétendu Herrera.
Quand, dans la cour de la prison, il rencontre d’anciens camarades, Collin apprend qu’un homme surnommé Madeleine, son camarade de chaîne à Rochefort, pour qui il avait aussi de l’affection, attend son exécution. Collin réussit à parler à Théodore/Madeleine et conçoit un plan pour faire sortir plusieurs de ses camarades de prison.
Il se présente devant le juge d’instruction et avoue sa véritable identité en faisant en même temps la proposition de changer de camp. Il deviendra alors espion de police, à la condition que Madeleine ne soit pas renvoyé à Rochefort.
Un petit paragraphe à la fin du livre nous apprend qu’il a pris le poste de Bibi-Lupin, l'ancien chef de la Sûreté, en 1830 et qu’il s’est retiré en 1845.
Quand Charles Rabou écrit la fin du Député d'Arcis, il fait encore une fois reparaître Vautrin, mais sans pouvoir reproduire le caractère et le génie de l'ancien forçat. Dans ce roman, Vautrin découvre qu'il a un fils (peu vraisemblable, puisqu'il n'aimait pas les femmes) et finit par être tué par un faussaire. Aujourd'hui, Le Député d'Arcis est généralement publié dans sa version inachevée.
Une première ébauche de ce personnage apparaît, en 1833, dans Ferragus, qui est lui aussi un ancien forçat, expert en déguisements et en usurpation d'identités, chef des « Dévorants ».Joué par les acteurs