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Amandine Gay est une réalisatrice, comédienne et afroféministe française née le 16 octobre 1984. Son premier film, Ouvrir la voix est un documentaire donnant la parole aux femmes noires de France.
Biographie
Amandine Gay est née sous X d’un père français et d’une mère marocaine le 16 octobre 1984 en France. Sa mère et son père adoptifs, blancs, sont respectivement institutrice et cantonnier et vivent dans un village proche de Lyon. Elle se passionne pour le basket-ball, qu'elle joue à un bon niveau. Elle est diplômée de l’Institut d'études politiques de Lyon en communication, puis du conservatoire d’Art dramatique du 16e arrondissement de Paris, qu'elle intègre en 2008 : « Toute ma scolarité, je l’ai faite dans des milieux blancs, avec des gens racistes. J’ai essayé de faire des efforts mais je n’étais toujours qu’une noire pour eux. Je suis donc remontée, depuis toute jeune. Après, je dirais que le militantisme est venu avec une certaine prise de conscience politique. Lorsqu’en 2005, les députés UMP ont essayé de faire passer la loi sur le rôle positif de la colonisation, j’étais tellement outrée que j’ai choisi « les enjeux et le traitement de la question coloniale » comme sujet d’étude pour mon mémoire de fin d’année à Sciences Po Lyon. »
Après ses études, elle commence à travailler comme comédienne, cependant, après quelques mois d'activité, elle constate qu'elle interprète toujours le même type de rôles stéréotypés (droguée, prostituée, sans-papiers). Son agent lui apprend alors que bien qu'elle envoie son profil pour des rôles divers correspondant à sa tranche d'âge, elle n'obtient de réponse que quand il est spécifié dans le scénario que le personnage est une Noire. « En cinq ans de carrière je n’ai eu que deux rôles « normaux », un rôle d’avocate sur une série de TF1 et un rôle au théâtre, dans lequel j’incarnais plusieurs personnages différents. Au bout de cinq ans, j’en ai eu marre: j’ai cessé ma carrière de comédienne pour devenir réalisatrice. »
De ce constat naît l'envie de devenir réalisatrice pour promouvoir une autre vision des femmes noires et aussi pour pouvoir jouer les rôles qui l’intéressent. Elle commence donc à écrire des programmes courts pour la télévision. Cependant, elle peine à trouver des financements. Amandine Gay explique que les producteurs étant majoritairement des hommes blancs d'une cinquantaine d'années, ils ne reconnaissent pas leur expérience de la société dans les programmes qu'elle développe. Elle co-écrit notamment une fiction, une satire des magazines féminins, intitulée “Medias Tartes”. Un des personnages, une sommelière noire et lesbienne, rencontre l'incompréhension des investisseurs potentiels, arguant qu'une telle personne n'existe pas en France, alors que justement, il est inspiré d'elle-même.
C'est pourquoi Amandine Gay commence à réaliser, en avril 2014, son documentaire Ouvrir la voix, grâce à une campagne de crowdfunding, sans le soutien du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) qui n'a pas souhaité soutenir ce long-métrage. Dans ce film, qui paraît en 2016, Amandine Gay réunit 24 femmes - des Afro-descendantes, citoyennes, militantes, ingénieures, chercheuses ou blogueuses - pour parler de leur identité de femme noire en France. En 2017, le documentaire reçoit le Out d'or de la création artistique et le Prix du Public aux Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal.
Elle a rédigé une préface intitulée "Lâche le micro ! 150 ans de luttes des femmes noires pour le droit à l'auto-détermination" pour la traduction française du premier livre de bell hooks, Ne suis-je pas une femme ? Femmes noires et féminisme, paru aux éditions Cambourakis en septembre 2015.
En 2015, ne se voyant pas fonder une famille en France où les institutions n'offrent « rien qui ne puisse donner de la fierté aux enfants noirs », elle s'installe au Canada à Montréal pour pouvoir poursuivre ses recherches et réaliser des films sur des thématiques liées aux conditions minoritaires, comme l'adoption, en écho à sa propre expérience, « l’adoption, par des familles blanches, d’enfants « racisés » ».
Elle a un temps milité à Osez le féminisme !, déclarant ensuite : « Mais je n'aime pas l'idée d'une ligne de parti. Je ne me vois pas comme une militante, plutôt comme une auteure politique » ou encore : « je ne me suis pas retrouvée dans leur féminisme. J’étais la caution noire dans une association de bourgeoises majoritairement blanches. »
Elle se définit elle-même comme « afro-descendante, noire, née sous X, cis, afro-féministe, pansexuelle, anticapitaliste, antiraciste, anti-hétéronormativité, agnostique, afro-punk , pro-choix (avortement, voile, travail du sexe), body positive ».
En 2018, Amandine Gay collabore à l’écriture du livre « Décolonisons les arts ! » sous la direction de Leila Cukierman, Gerty Dambury et Francoise Vergès. Sa collaboration apparait comme un manifeste en faveur d’un art décolonial, elle atteste de ses intentions dès les premières lignes du texte « La dimension décoloniale de mon travail d’auteure s’articule autour de trois enjeux : la réappropriation de la narration ; l’esthétique comme affirmation politique de soi ; la réappropriation des moyens de production (p.46) ». Pour l’autrice et réalisatrice, la décolonisation des arts passe d’abord par la prise de parole des personnes minoritaires et une réappropriation des moyens de production. La conception politique de l’esthétique artistique est donc au centre de son travail de réalisation c’est pourquoi, dans ce texte, elle regrette l’absence de critiques esthétiques concernant son premier film : " C’était très important pour moi de faire un documentaire de création. Je pense qu’on nous attend sur les sujets politiques mais pas que l’on soit audacieuse dans la forme. (…) J’ai envie de faire de beaux films qui vont aussi rester comme objets cinématographique. (p.47)" Ainsi, elle affirme le rôle politique de l'oeuvre cinématographique sans pour autant se voir attribuer le rôle de "pédagogue (p.
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