André Schlesser est une personne Français née le 1 juin 1914 à Paris (France)
André Schlesser
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Nom de naissance André SchlesserNationalité FranceNaissance 1 juin 1914 à Paris (
France)
Mort 15 février 1985 (à 70 ans)
André Schlesser, surnommé Dadé, est un chanteur, cabaretiste d'origine gitane, qui forme avec Marc Chevalier le duo Marc Et André à partir de 1947. En 1951, avec ses amis Léo Noël et Brigitte Sabouraud, les 2 compères seront les co-fondateurs du Cabaret L'Écluse qu'ils dirigeront jusqu'en 1974. Il a été aussi comédien, chanteur de théâtre pour notamment Jean Vilar, et fut l'époux de la comédienne Maria Casares.
Né le 1er juin 1914 à Paris de père inconnu, André Schlesser doit son nom à sa mère, Anna di Mascio, qui se mariera avec un « Monsieur Schlesser », d'origine alsacienne. Il est décédé le 15 février 1985 à Saint-Paul-de-Vence, en Alpes-Maritimes, chez Hubert Ballay, l'amour de Barbara qui écrivit pour lui « Dis quand reviendras-tu ? ». Biographie
Il débute une carrière de comédien chez les scouts de France, puis devient un comédien chanteur et un directeur de salle du cabaret L'Écluse pendant près de 24 ans.
Scoutisme et Comédien Routier
Au début des années 1930, c'est avec les scouts donc qu'il monte en amateur la première fois sur les planches, ou plutôt les tréteaux comme on aimait à les appeler à cette époque de petites scènes locales.
Ainsi, le 3 janvier 1932, sous la Présidence de Monsieur Charmuzy, curé de la paroisse de Charonne, a lieu une « Grande fête d’hiver » : les chefs, avec Jean Blaire, Raoul Serène, André Schlesser interprètent « Les grands garçons ».
Dans le milieu des années 1930, il intègre une petite troupe de théâtre issue du mouvement scoutisme et mise en place par « Les Comédiens Routiers » sous la direction de Léon Chancerel, pionnier du théâtre pour la jeunesse et fondateur de la troupe. Il y fait la connaissance de Maurice Jacquemont, Bernard La Jarrige, Hubert Gignoux, François Chatelard, Yves Joly, Louis et Romain Simon, Jean-Pierre Grenier, Olivier Hussenot.
Les comédiens, fidèles à leur engagement « routier », dont le mot d’ordre est « servir », se donnent pour mission chrétienne, un service dramatique social qui consiste à « aller planter ses tréteaux tragiques ou comiques partout où l’exigera l’action sociale et plus particulièrement dans les faubourgs et les campagnes ». Le succès naissant des Comédiens Routiers, qui ira grandissant de 1929 jusqu’à 1939, veille de la guerre, contribue alors à répandre un courant novateur dans l'art dramatique.
Scènes de vie malgré la guerre
Comme certains autres de ses camarades, André Schlesser s'émancipe bientôt de cette mouvance scout pour aller à la recherche d'un théâtre plus professionnel et novateur.
Ainsi, en 1939, on retrouve André Schlesser à « La Compagnie des Quatre Saisons » avec Maurice Jacquemont, Michel Vitold, Svetlana Pitoëff, Jean Dasté... Le jeune Jacques Dufilho vient y faire une audition et sera engagé. La Compagnie des Quatre Saisons a été fondée par André Barsacq, Jean Dasté et Maurice Jacquemont en 1937.
Dès 1940, il commence à travailler et à jouer au Théâtre de l'Atelier, avec André Barsacq qui vient d'en prendre la direction et pour qui, il jouera plusieurs pièces.
Entre 1941 et 1942, André Schlesser obtient un rôle dans Les Pipeaux, spectacle de music-hall, joué à l'Alhambra avec Denise Benoit, R. Seltel, Pierre Duverger, Jacques Le Flaguais et C. Paroldi.
En 1942, c'est la naissance de sa première enfant officielle : Anne Schlesser, une fille qui deviendra peintre. En 1944, naît son second enfant : Gilles Schlesser, un fils qui deviendra un écrivain, notamment, du livre « Le Cabaret rive gauche » qui traite de la grande époque des cabarets, et relate aussi l'aventure cabaretiste de son père.
Vers 1946, il se joint naturellement à la compagnie Grenier-Hussenot, nouvellement créée par Jean-Pierre Grenier et Olivier Hussenot, et composée, entre autres, d'Yves Robert et des futurs prometteurs Frères Jacques.
Jean-Pierre Grenier s’exprime ainsi dans une interview retranscrite par Cécile Philippe et Patrice Tourenne pour le livre Les Frères Jacques paru en 1981 aux éditions Balland : « La compagnie Grenier-Hussenot a été la première à naître en France à la Libération, la première donc à former une troupe permanente dans laquelle figuraient entre autres Yves Robert, Jacques Hilling, Marie Mergey etc. Nous avions un objectif précis : le rejet, la destruction de fausses valeurs d'avant-guerre. Nous souhaitions ridiculiser ce théâtre officiel, soit par un répertoire nouveau qu'il a fallu fabriquer, soit par la manière d'aborder les textes dits classiques. On sortait du Claudel grandiloquent, vous comprenez, les gens avaient besoin d'autre chose. Ce choix de la parodie a tout de suite trouvé un écho chez les jeunes dont on n'avait pas eu le temps de pervertir le goût. Nous avions un public fantastique de gens envahissants les salles (...) Il n'y avait pas encore de législation sévère sur la sécurité. Il y avait un contact extraordinaire avec les spectateurs : dialogues, échanges de courriers permanents. Pendant la guerre, personne ne pouvait s'exprimer. Tout le monde se méfiait de tout le monde. On ne parlait même pas sans arrière-pensée avec son meilleur ami. Alors le théâtre permettait de dire ce besoin d'amitié des autres. Et les comédiens venaient jouer pour le plaisir, pas pour rechercher forcément le volontariat. ».
Avec cette troupe, André Schlesser joue dans la pièce musicale « Les Gueux au Paradis », montée par Maurice Jacquemont qui devient le premier succès de la troupe. Il y fait la connaissance à cette occasion de Marc Chevalier. C'est leur première rencontre artistique et le début d'une histoire. Le courant passe tout de suite entre eux, et pendant la tournée qu'ils effectuent avec la troupe, ils s’amusent à chanter ensemble régulièrement. Ce sera le début d'une passion pour la musique, l'humour, et les chansons de théâtre, de music-hall. À la fin des représentations, ils retournent chacun de leur côté vers de nouveaux horizons et il faudra atteindre l'été 1947 pour qu'il se retrouvent fortuitement.
Toujours en 1946, Barsacq mettra en scène Roméo et Jeannette de Jean Anouilh avec, pour la première fois, Maria Casarès et Jean Vilar au Théâtre de l'Atelier. André Schlesser n'est pas loin. C'est probablement là que va se faire la première rencontre de ces 3 artistes dont les destins se lieront.
Chanteur cabarestiste : de Jean Vilar à Marc et André au Cabaret L'Écluse
Jean Vilar crée l'évènement en 1947 en organisant du 4 au 10 septembre dans la cour d'honneur du palais des Papes, à Avignon, la « Semaine d’art dramatique en Avignon », qui deviendra le Festival d’Avignon. Il a emporté dans ses bagages tous les amis de théâtre qu'il compte comme André Schlesser et qui ont bien voulu le suivre dans cette aventure.
Et c'est ainsi, avec le plus grand des hasards, que Marc Chevalier, revenu en vacances dans sa ville natale d'Avignon, le retrouve. Trop contents d'être à nouveau ensembles, et passionnés déjà de chansons de cabaret, de récital, ils décident de monter à Paris pour y chanter ensemble. Ils prennent le nom de Marc et André et tentent leur chance aux auditions avec quelques chansons, essentiellement des reprises. Engagés dans les cabarets de Montmartre, ils commencent à se produire notamment chez Maître Pierre grâce à Jacques Douai qui les encourage et leur trouve des qualités certaines. Puis on les retrouve ensuite chez Pom, au Lapin Agile... Et Rive Gauche, ils chantent aux Assassins, au Quod Libet, au Méphisto, au Café de L'Écluse.
1947 marque également le début d'une longue et fructueuse collaboration d'André Schlesser au théâtre de Jean Vilar, et qui se poursuivra avec le duo Marc et André jusqu'en 1963. Il saura se rendre indispensable : il est l'homme de tous les métiers, de toutes les situations. C'est à ce titre qu'il est dans l'aventure du festival d'Avignon et plus tard du Théâtre national populaire.
En 1949, au cabaret « Le Lapin Agile, Marc et André rencontrent Brigitte Sabouraud et Léo Noël, venus faire eux aussi leur petit numéro de tour de chant. Ils font alors rapidement connaissance et sympathisent. Sur les quais de la Seine en 1951, ce quatuor d'artistes se retrouve et fonde le Cabaret L'Écluse en lieu et place du Café de l'Écluse dans lequel se produisait Marc et André, ainsi que le jeune Léo Ferré. Peu à peu, l'Écluse deviendra jusqu'en 1974 le cabaret de référence de la rive gauche, formant des dizaines de chanteurs dont beaucoup furent de grands noms de la chanson française. Ils deviendront alors ensemble 4 références incontournables de la rive gauche de 1950 à 1970.
Bref retour sur 1950 : André revient au Théâtre des Arts pour un rôle dans Le Bal des voleurs de Jean Anouilh, avec une mise en scène d'encore André Barsacq.
Grâce à André Schlesser qui le présente, Marc Chevalier intègre lui aussi en 1954 les compagnons de Jean Vilar au TNP.
En 1956, ils obtiennent pour la première fois de leur carrière le Grand Prix du Disque 1956 de l'Académie Charles-Cros.
Marc et André deviennent les chanteurs attitrés du Théâtre national populaire de Jean Vilar, tout comme Maurice Jarre en est le compositeur attitré. Ils interviendront régulièrement dans les pièces : L'Étourdi, Marie Tudor, Le Mariage de Figaro…Et notamment pour Les caprices de Marianne, spectacle présenté dans le cadre du 12e Festival d'Avignon du 15 juillet au 3 août 1958. André Schlesser y tient un rôle de chanteur avec Marc Chevalier.
On les entend ainsi sur 20 enregistrements sonores de théâtre (époque 1951- 1962) d'une double compilation LP qui regroupe l'essentiel de leur répertoire dans ce domaine très particulier des chansons écrites pour le théâtre. La chanson « Les chemins de l'amour » extraite de cet album préfacé par Jean Vilar, a permis à Marc et André d'obtenir un second Grand Prix du Disque de l'Académie Charles Cros en 1963. Ce titre, paroles de Jean Anouilh, musique de Francis Poulenc, a été écrit pour la pièce « Leocadia », créée à Paris en 1940.
Interprète de chansons, en 1959, il écrit et compose la chanson «Souvenance» pour Barbara, une grande dame brune dont on a découvert depuis peu le talent à « L'Écluse ».
De 1951 jusqu'à la fin de 1974, pour le Cabaret L'Écluse dont il est l'un de co-fondateurs, il en sera l'un des directeurs artistique, et directeur de salle assurant avec ses amis fondateurs les nombreuses auditions et choix de programmation, la direction Artistique, puis la direction générale suite au départ de Brigitte Sabouraud vers 1970. Il a donné leur chance artistique à de nombreux artistes débutants qui deviendront célèbres en leur offrant souvent une première scène pour 15 francs de cachet par représentation.
Marc et André s'y donneront régulièrement en spectacle assumant en duo, après le décès de Léo Noël en 1966 et le départ de Brigitte Sabouraud en 1970, la direction de l'établissement, la présentation des numéros dont le numéro 6, clou du spectacle en la personne de la vedette confirmée. Ils feront également de nombreuses tournées hors de la France métropolitaine.
« Deux voix parfaitement accordées pour promener sur les routes de France et de Belgique (Barbara les invita à Bruxelles dans son Cheval Blanc), de Navarre et d'Amérique, les trésors de notre répertoire (une longue tournée sur les campus les y fit découvrir à toute une génération de jeunes yankees ». Propos de Bernard Merle dans « La lettre des amis de Barbara » N°28 Hiver 2006.
André Schlesser, que Marc Chevalier surnomme affectueusement et surtout par amitié Dadé, devient ainsi un compagnon de route artistique jusqu'en 1974 à la fermeture du Cabaret L'Écluse.
Un dernier amour après la fin de L'Écluse
Dans les années 1970, avec les éditions Lucien Adès / Le Petit Ménestrel, Marc et André enregistrent un album de chansons pour enfants avec un ensemble instrumental sous la direction de Jean Baitzouroff. Le livret d'accompagnement et la pochette sont illustrés par Maurice Tapiéro.
Mais les yéyés, les groupes de rock, le développement de l'industrie phonographique autour de la Hifi, du LP 33™ et l'avènement des chaînes de télévision, la hausse des taxes, puis la crise liée au premier choc pétrolier de 1973 se combinent pour faire baisser plus que dangereusement la fréquentation des cabarets.
La route de Marc et André se sépare fin 1974, avec la fermeture de l’Écluse. Ils poursuivront alors leur carrière chacun de leur côté, Marc Chevalier créant un centre de formation aux métiers d’art et de la communication (CREAR), et André Schlesser continuant son chemin d’interprète encore quelque temps avant de se retirer.
André Schlesser se marie le 27 juin 1978 avec Maria Casares (1922 - 1996) : rencontrée au Théâtre de l'Atelier, 23 ans auparavant dans la troupe d'André Barsacq qui venait de la recruter avec Jean Vilar, et qui comptait déjà depuis 5 ans André Schlesser. « Voici mon mari. Le seul homme qui m'ait donné son nom après mon père, celui à qui je suis allée tout naturellement pour qu'il m'unisse à ma patrie nouvelle… ». Entre eux, elle appellera aussi affectueusement Dadé celui qui lui a permis d'obtenir la nationalité française.
Les époux s'installent progressivement à La vergne, manoir campagnard et terres situés sur la commune d'Alloue (Charente) que Maria et André avaient achetés - une partie chacun - le 5 août 1961 (source: Conservation des Hypothèques ANGOULEME 2, rue de la Combe, 16800 SOYAUX). Elle et son compagnon mettront des années à s'installer confortablement dans cette demeure mûrement choisie. André est occupé à transformer la vieille maison en refuge confortable tandis que Maria, elle-même, s'adonne au ménage, « …une des meilleures écoles ! ». Maria y écrit son livre « Résidente privilégiée » qu'elle publie en 1980.
Dès qu'ils sont de retour à Paris, ils s'amusent tous deux à chiner dans les brocantes, ou bien encore chez les antiquaires pour dénicher des objets qu'ils transporteront dans une vieille 2 CV Citroën. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, Maria Casares n'obtint pas des cachets faramineux comme ceux que peuvent espérer les grandes stars d'aujourd'hui : tout son argent passait dans l'aménagement de La Vergne. Et il est de notoriété publique que c'est son rôle dans la pièce « Cher Menteur’’ », avec Pierre Brasseur, qui lui aura permis d'acquérir son nid d'amour charentais.
Le manoir de La Vergne accueillera le couple de plus en plus fréquemment. André Schlesser y passe les dernières années de sa vie avant de s'éteindre le 15 février 1985 dans sa 71e année à Saint-Paul-de-Vence, dans les Alpes-Maritimes, chez Hubert Ballay, l'amour de Barbara qui écrivit pour lui « Dis quand reviendras-tu ? ».
À titre posthume…
André Schlesser et Maria Casarès reposent au haut du cimetière d'Alloue sous 2 pierres tombales jumelles côte à côte.
Après la mort d'André, ses enfants Anne et Gilles Schlesser lèguent à Maria Casarès la partie de La Vergne qui appartenait à leur père - legs enregistré le 26 septembre 1985 auprès de Maître Boursier, notaire à Confolens, Charente (vol. 2111, n 9 - source: Service de la Publicité Foncière - ex-Conservation des Hypothèques - ANGOULEME 2, 1 rue de la Combe, CS72513 SOYAUX, 16025 ANGOULEME CEDEX).
Pour remercier la France d'avoir été une terre d'asile, et étant sans héritiers directs, Maria Casarès décide de léguer la propriété La Vergne - qui, désormais, lui appartenait donc en entier - à la commune d'Alloue, à sa disparition. C'est ainsi qu'à son décès, Alloue, ce petit village de 600 âmes hérite du domaine. Un tel cadeau, certes magnifique, est un présent lourd en gestion et en responsabilités pour une petite commune sans recettes budgétaires extensibles : son maire Lucien Simonneau, prend alors contact avec Véronique Charrier, qui fut directrice adjointe du Festival d'Avignon et qui connaissait Maria. Ainsi naît l'idée de « La Maison du Comédien - Maria Casares » qui occupe le lieu, depuis. Le visiteur, peut-être rendu curieux par cette page, prendra plaisir à visiter cette demeure, siège de l'association loi 1901 La Maison du Comédien - Maria Casares dont François Marthouret, comédien, en est le président.
André Schlesser est aussi le père de 2 autres enfants d'unions différentes, et grand-père quatre fois. Il n'a toutefois pas eu d'enfants avec Maria Casares, sa dernière épouse.
Anecdotes
André Schlesser, propriétaire de l’Écluse et comédien à ce moment-là de la troupe du TNP de Jean Vilar, fumait des cigares en patte d’éléphant, des Voltigeurs. Ceci fascinera Philippe Noiret, nouvelle recrue du Théâtre national populaire et qui a fait ses débuts à « L'Écluse » : C'était la même marque que ceux de son père, et c'est delà qu'est né partiellement sa passion pour les cigares.