Bernard-Henri Lévy est un Acteur, Réalisateur, Scénariste et Producteur Français né le 5 novembre 1948
Bernard-Henri Lévy
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Nom de naissance Bernard Henri Georges LévyNationalité FranceNaissance 5 novembre 1948 (76 ans)
Bernard-Henri Lévy, souvent désigné par ses initiales BHL, né le 5 novembre 1948 à Béni Saf (Algérie), est un écrivain, philosophe, cinéaste, romancier, essayiste, dramaturge, homme d’affaires, intellectuel et chroniqueur français.
Il est président du conseil de surveillance d'ARTE France depuis le 1er juillet 1993
Depuis la parution de son premier essai La Barbarie à visage humain en 1977, il est une figure influente de la scène politique, philosophique, médiatique et littéraire française, à travers son implication dans de nombreux sujets politiques, diplomatiques et de société. Initiateur du mouvement des nouveaux philosophes dans les années 1970, dont il demeure la figure emblématique, son action, ses opinions et ses publications font l'objet de nombreuses controverses.
Lecteur de Sartre et de Husserl, il est l'auteur de nombreux ouvrages sur la judaïté, l'identité, le sionisme, les intégrismes religieux, l'art, l'antisémitisme, l'esprit baudelairien, dont il se réclame, les États-Unis et la guerre en Libye lors de laquelle il est apparu comme une figure active prééminente sur la scène internationale, tout comme lors des guerres de Yougoslavie et l'intervention russe en Ukraine.
Auteur de pièces de théâtre et de deux romans pour lesquels il a reçu le prix Médicis en 1984 et le prix Interallié 1988, chroniqueur et cinéaste, il est fondateur de l'Institut d'études lévinassiennes en 2000 avec Benny Levy et Alain Finkielkraut, et dirige depuis 1990 la revue qu'il a fondée, La Règle du jeu. Biographie
Famille
Ascendance
Bernard-Henri Lévy est issu d'une famille mizrahi juive d'Algérie.
L'un de ses arrière-grands-pères maternels était le rabbin de Tlemcen qui se situe à l'ouest du pays. Son père, André Lévy, est originaire de Mascara et, à 18 ans, s'engage pour la défense de l'Espagne républicaine avant de combattre au sein du 2e bataillon de marche, sous les ordres du général Diego Brosset. Sa mère est née Dina Siboni. Il a un frère, Philippe, et une sœur, Véronique, convertie au catholicisme, baptisée le 7 avril 2012 et auteur du livre Montre-moi ton visage. Après avoir passé plusieurs années au Maroc, alors protectorat français, sa famille s'installe en France, à Neuilly-sur-Seine, en 1954.
En 1946, son père s'installe à Casablanca dans le quartier d'Anfa et fonde au Maroc la Becob, une société d’importation de bois précieux africains et de résineux (de Finlande, d'URSS ou de Roumanie), rachetée par le groupe Pinault-Printemps-Redoute en 1997. Après la vente de l'entreprise, Bernard-Henri Lévy est resté actionnaire et administrateur de plusieurs sociétés. Il est à la tête de la société civile immobilière Finatrois. Ancien actionnaire de la société de production de cinéma Les films du lendemain, il a cédé ses parts dans cette société pour un euro symbolique, au début de l'année 2013, à sa présidente, Kristina Larsen. Il garde de cette époque une amitié avec Claude Berda.
En 1996, le magazine économique Challenges classe la famille Lévy comme 187e plus grosse fortune française avec 455 millions de francs.
Vie privée
En septembre 1974, il a une fille de sa première union avec le mannequin Isabelle Doutreluigne (décédée en 2003) : Justine Lévy. Ils divorcent en 1974. Après une suite de cambriolages et une incarcération, Isabelle Doutreluigne ne reprend pas la garde de sa fille.
En 1980, il épouse Sylvie Bouscasse, éditrice. François Mitterrand est témoin de mariage. De leur union naît la même année un fils prénommé Antonin-Balthazar-Solal. Ils divorcent quelques années plus tard.
Le 19 juin 1993, il épouse l'actrice Arielle Dombasle à Saint-Paul-de-Vence, un an après qu'elle a joué au théâtre de l'Atelier sa pièce Le Jugement dernier.
En février 2011, dans le magazine Harper’s Bazaar, l'artiste millionnaire Daphne Guinness, riche héritière du fabricant de bière irlandais, révèle une relation de cinq ans avec Bernard-Henri Lévy, après qu'ils ont été surpris à Nice en juin 2010 par des paparazzi. Il écrit pour elle le dialogue du personnage qu'elle joue dans le film The Legend of Lady White Snake. La liaison prend fin en 2013.
De 1968 à 1979
Il fait ses études secondaires au lycée Pasteur de Neuilly, puis deux années de classes préparatoires au lycée Louis-le-Grand.
L'École normale supérieure (1968-1971)
En 1968, il est reçu à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm où il a comme professeurs de philosophie Jacques Derrida et Louis Althusser.
Il publie un premier article dans la revue Les Temps modernes intitulé « Mexique, nationalisation de l'impérialisme » à la suite d'un séjour au Mexique en 1969.
Sur cette époque, son condisciple Jean-Luc Marion rapporte : « Bernard a toujours été BHL. Je l'ai vu vraiment pour la première fois quand il a intégré l'École normale supérieure, un an après moi, en 1968. Évidemment, il travaillait beaucoup, avec beaucoup d'efficacité et de talent. Sinon, comment aurait-il intégré dès son premier essai ? Mais il ne travaillait pas d'abord ni surtout pour accomplir ses devoirs vis-à-vis de l'institution universitaire. Il avait son propre programme, depuis le début : publier, faire savoir des choses tragiques et, à l'occasion, se faire connaître. […] Bernard avait tout pour devenir un professeur d'université. Il ne lui manquait que l'envie. Mais la sienne le portait vers Camus ou Malraux plutôt que vers Merleau-Ponty ou Husserl. »
Les débuts (1971-1976)
En 1971, il est reçu 8e à l’agrégation de philosophie.
En septembre 1971, il écrit dans Combat un long reportage consacré à l'Irlande du Nord ainsi qu'une série d'articles sur le monde paysan français ; dans une problématique maoïste, il montre comment la lutte des classes opère dans les campagnes françaises.
Parrainé par Charles Bettelheim, professeur d’économie proche de Louis Althusser, il voyage dans le sous-continent indien, plus spécialement au Bangladesh durant la guerre de libération contre le Pakistan. À son retour, en mai 1973, il écrit son premier livre : Bangla-Desh Nationalisme dans la révolution. Ce premier texte inaugure une série de reportages de guerre qui constituent l'une des caractéristiques de son œuvre.
De retour en France, il est nommé chargé de cours à l’université de Strasbourg, où il enseigne l’épistémologie.
En octobre 1974, il crée la collection « Figures » chez Grasset, inaugurée par des livres de Jean-Paul Dollé et de Philippe Nemo.
En janvier 1975, il lance avec Michel Butel le quotidien L'Imprévu qui ne rencontre pas le succès espéré et cesse sa parution après onze numéros, malgré un apport de huit millions de francs.
Il fait partie jusqu’en 1976 des conseillers de François Mitterrand au sein du « Groupe des Experts » où il siège en compagnie de personnalités politiques comme Michel Rocard, Laurent Fabius ou Édith Cresson. François Mitterrand évoque le jeune Bernard-Henri Lévy en ces termes dans son livre L'Abeille et l'Architecte : « J’ai connu Bernard-Henri Lévy alors qu’il venait d’entrer à Normale supérieure. Je me flatte d’avoir pressenti en ce jeune homme grave le grand écrivain qu’il sera. Un danger le guette : la mode. Mais la souffrance, amie des forts, le sauvera. Tout l’y prépare. Je ne m’inquiète pas de ce goût de plaire qui l’habite et l’entraîne aujourd’hui hors de son territoire. Quand il s’apercevra qu’il possède en lui-même ce qu’il cherche il reviendra à sa rencontre. Le voudrait-il qu’il n’échapperait pas au feu qui le brûle. Il a déjà dans le regard, ce dandy, de la cendre. Peut-être me trompé-je, peut-être cédera-t-il aux séductions du siècle au-delà du temps qu’il faut leur accorder. J’en serais triste. J’accepte qu’il dépense encore beaucoup d’orgueil avant de l’appeler vanité. J’ai apporté de France avec moi La Barbarie à visage humain que j’annote pour mes chroniques. C’est, à l’image de son auteur, un livre superbe et naïf. Superbe par le verbe, le rythme intérieur, l’amère certitude qu’il n’est qu’incertitude. Naïf par l’objet de sa quête, qui le fuit dès qu’il en approche. […] Bernard-Henri Lévy, caressé, adulé, propulsé, trituré par les médias, adieu sourire de connivence, geste ailé d’une main amie, adieu langage à demi-mot ? Non, au revoir. »
Les « nouveaux philosophes »
La polémique autour d'André Glucksmann
Le 30 juin 1975, dans Le Nouvel Observateur, Bernard-Henri Lévy, 26 ans, salue la parution aux éditions du Seuil de La Cuisinière et le mangeur d'hommes d'André Glucksmann, qui établit un parallèle entre le nazisme et le stalinisme, en attribuant à Marx la responsabilité du Goulag.
Issu de la mouvance maoïste et rompant avec elle, Glucksmann appelle à entreprendre une critique de fond du marxisme, à partir d’une réflexion sur le totalitarisme, alors qu’Alain Badiou, issu de la même mouvance, postule que remettre en cause les principes du marxisme, c’est « jeter le bébé avec l’eau du bain » et que « la démocratie n’est rien d’autre qu’un outil de propagande du capitalisme. »
Glucksmann rejoint Lévy chez Grasset, où se forme un courant philosophique représenté par des auteurs très différents les uns des autres — Christian Jambet, Guy Lardreau, Maurice Clavel, etc. — mais qui se reconnaissent tous à leur opposition au schéma totalitaire, jusqu’au cœur de la philosophie quand elle prétend détenir le pouvoir de changer radicalement le monde, et à la nécessité d’envisager une nouvelle perspective de la pensée. L'émergence du nouveau en philosophie pose nécessairement un problème dont Michel Foucault, alors, définit les enjeux : « L’épreuve décisive pour les philosophies de l’Antiquité, c’était leur capacité à produire des sages ; au Moyen Âge, à rationaliser le dogme ; à l’âge classique, à fonder la science ; à l’époque moderne, c’est leur aptitude à rendre raison des massacres. »
L'émergence du concept
Au printemps 1976, Paul Guilbert et Jean-Marie Borzeix, à la direction des Nouvelles littéraires, demandent à Bernard-Henri Lévy de consacrer un dossier à ce courant de pensée. Paru en juin 1976, il s'ouvre sur une préface de Bernard-Henri Lévy, suivie de quatre entretiens : François Châtelet avec Christian Jambet et Guy Lardreau ; Roland Barthes avec Philippe Roger ; Claude Lévi-Strauss avec Jean-Marie Benoist ; Jean-Toussaint Desanti avec Jean-Paul Dollé. Un texte d’Annie Leclerc clôt le dossier. La formule « les nouveaux philosophes », choisie par Lévy, apparaît en titre. Désormais ce courant sera connu sous ce terme.
Un peu auparavant, en mars 1977, Michel Foucault et Bernard-Henri Lévy ont publié un entretien dans Le Nouvel Observateur, où Foucault affirme : « Le retour de la révolution, c’est bien là notre problème. Il est certain que, sans lui, la question du stalinisme ne serait qu’une question d’école — simple problème d’organisation des sociétés ou de validité du schéma marxiste. Or c’est de bien autre chose qu’il s’agit, dans le stalinisme. Vous le savez bien : c’est la désirabilité même de la révolution qui fait aujourd’hui problème. »
C'est à partir de ces bases que se construit la nouvelle philosophie. Au-delà de la remise en cause de la responsabilité des philosophes dans l'histoire, il s'agit de questionner le désir de faire la révolution — non pas une révolution, mais la révolution, radicale, finale, totale — pour en étudier les tenants et les aboutissants, jusque dans ses effets les plus concrets.
La Barbarie à visage humain (1977)
En mai 1977, Bernard-Henri Lévy publie La Barbarie à visage humain. S’il se situe dans le même champ critique de Glucksmann, il l’élargit en remettant en cause les principes de la révolution conçue par ce qu’il appelle « l’idéologie du désir », c’est-à-dire le courant de pensée animé par Gilles Deleuze, Félix Guattari et Jean-François Lyotard.
Pour présenter ce livre, BHL critique le rationalisme : « Chacun sait aujourd'hui que le rationalisme a été un des moyens, un des trous d'aiguille par quoi s'est faufilée la tentative totalitaire. Le fascisme n'est pas issu de l'obscurantisme, mais de la lumière. Les hommes de l'ombre, ce sont les résistants... C'est la Gestapo qui brandit la torche. La raison, c'est le totalitarisme. Le totalitarisme, lui, s'est toujours drapé des prestiges de la torche du policier. Voilà la « barbarie à visage humain » qui menace le monde aujourd'hui. »
Bernard-Henri Lévy dénonce la tentation totalitaire liée, selon lui, à ce qu'il appelle « la lumière » ou encore « l'optimisme » inscrit au plus profond de la raison qui fonde historiquement la philosophie et accompagne son développement jusqu'au présent. La révolution culturelle chinoise, jusque dans ses prolongements au Cambodge, sous Pol Pot alors en 1977, est « le plus moderne repère de l'optimisme », écrit-il.
Cet essai déclenche de nombreuses réactions et controverses, notamment de la part de Gilles Deleuze qui dénie à son auteur le statut de philosophe, pour le ravaler à celui de publicitaire sous le label de BHL.
En revanche, dans un texte publié par Les Nouvelles littéraires le 26 mai 1977, Roland Barthes apporte son soutien à Bernard-Henri Lévy : « Est-ce qu’il n’y aurait pas une sorte d’accord entre l’idéologie optimiste du « progrès » historique et la conception instrumentaliste du langage ? Et à l’inverse, est-ce qu’il n’y aurait pas le même rapport entre toute mise en distance critique de l’Histoire et la subversion du langage intellectuel par l’écriture ? Après tout, l’ars scribendi, succédant à l’art oratoire, a été historiquement lié à un déplacement de la parole politique (de la politique comme pure parole). Votre projet ne fait que relancer ce déplacement, occulté depuis qu’on a cessé d’écrire la politique, c’est-à-dire depuis Rousseau. »
Le 27 mai 1977, Bernard Pivot convie sur le plateau de l'émission Apostrophes, Bernard-Henri Lévy et André Glucksmann, pour débattre de la question : « Les nouveaux philosophes sont-ils de droite ou de gauche ? » Sont également invités Maurice Clavel, qui soutient leurs thèses, et François Aubral et Xavier Delcourt, qui s’y opposent.
Le débat fait connaître au grand public les nouveaux philosophes.
Le Testament de Dieu (1979)
Il s'agit de son deuxième livre paru en mai 1979 qui prolonge La Barbarie à visage humain. Lévy y oppose la raison grecque, nécessairement optimiste et tragique, selon lui, et la loi juive, pessimiste, mais qui laisserait entrevoir comme l'envers du tragique :« Si l’on convient d’appeler « tragique » la conception des choses qui dit la pénible dramaturgie du Mal mué en Bien, et « pessimiste » celle qui conte la simple et brute pénibilité d’être homme, homme voué au Mal, au Mal intotalisable, alors il faut conclure, contre l’air du temps une fois de plus, que le Tragique est l’élément même de l’oppression et le pessimisme, peut-être, le point de vue de l’opprimé. »
Philippe Sollers note, en rendant compte de l’ouvrage, dans un article paru dans Le Nouvel Observateur du 30 avril 1979 : « Quel livre scandaleux qui se permet l’insolence de douter du miracle grec et de parler du génie du christianisme ! Voici la première critique systématique de « l’Antiquité dans les têtes » (autrement dit de tout le savoir universitaire ou peu s’en faut). […] Ce qui se dévoile est ceci, contraire sans aucun doute à toute vision du monde philosophique : il n’y a pas « la Religion » d’un côté et, de l’autre, autre chose qui serait « la Raison » enfin débarrassée de la Religion. Mais plutôt le fait qu’il n’y a de toute façon, quoi qu’on en dise, que des religions, et que les pires sont celles qui se dénient comme telles, y compris au nom de la science. »
L'historien Pierre Vidal-Naquet relève plusieurs grossières erreurs factuelles dans l'ouvrage ; Bernard-Henri Lévy lui répond dans un texte, publié par Le Nouvel Observateur du 18 juin 1979, il écrit : « Pierre Vidal-Naquet vient, peut-être, d’inventer un genre inédit dans la République des Lettres : le rapport de police philosophique ». Pierre Vidal-Naquet répond le 25 juin 1979 et il est appuyé dans sa critique par le philosophe Cornelius Castoriadis.
Controverse
La controverse, ouverte par Gilles Deleuze lors de la sortie de La Barbarie à visage humain, reprend avec plus d’ampleur avec la sortie du Testament de Dieu.
La critique des erreurs historiques par Pierre Vidal-Naquet sert à Cornelius Castoriadis pour relever « l'imposture » philosophique du « nouveau philosophe » proclamé tel par le numéro « historique » des Nouvelles littéraires. Castoriadis dénonce dans Le Testament de Dieu des objectifs inhérents au souci du profit financier et de l’intérêt personnel :
« Que l’industrie des médias fasse son profit comme elle peut, c’est, dans le système institué, logique : son affaire, c’est les affaires. Qu’elle trouve des scribes sans scrupule pour jouer ce jeu n’est pas étonnant non plus. Mais tout cela a encore une autre condition de possibilité : l’attitude du public. Les « auteurs » et leurs promoteurs fabriquent et vendent de la camelote. Mais le public l’achète — et n’y voit que de la camelote, des fast-foods. Loin de fournir un motif de consolation, cela traduit une dégradation catastrophique, et qui risque de devenir irréversible, de la relation du public à l’écrit. Plus les gens lisent, moins ils lisent. Ils lisent les livres qu’on leur présente comme « philosophiques » comme ils lisent les romans policiers. En un sens, certes, ils n’ont pas tort. Mais, en un autre sens, ils désapprennent à lire, à réfléchir, à critiquer. Ils se mettent simplement au courant, comme l’écrivait L’Obs il y a quelques semaines, du « débat le plus chic de la saison ». »
L'historien Gérard Noiriel voit en eux « des philosophes possédant les titres requis pour pouvoir être considérés comme des « penseurs » (normaliens et agrégés de philosophie), mais [qui sont] davantage attirés par le journalisme que par la recherche, [qui] se lancent dans la publication d'essais grand public qui rencontrent d'emblée un fort succès dans les médias ». Il estime que « ce n'est évidemment pas la profondeur de leur pensée qui explique [leur] succès médiatique [mais le] fait que les thèses anticommunistes qu'ils défendent sont en phase avec les discours dominants ».
L'historien François Cusset observe que « l'opération s'apparente à une mise au pas du champ intellectuel. Car Lévy semble plus hargneux envers l'« idéologie du désir » deleuzo-guattarienne qu'à propos des camps soviétiques ».
Le philosophe Bruno Jeanmart et le journaliste Richard Labévière ont écrit en 2007 Bernard-Henri Lévy ou la règle du Je, un ouvrage destiné à justifier, auprès des étudiants, l'absence de Bernard-Henri Lévy dans le programme de l'agrégation de philosophie. À la suite de l'analyse de ses œuvres, ils y dénoncent l'absence de concepts, outils de base dans la démarche philosophique, et affirment qu'il aurait davantage un rôle d'essayiste que de philosophe et qu'« il n'y a pas de pensée chez ce penseur ».
L'hommage d'Emmanuel Levinas
Emmanuel Levinas rend hommage à Bernard-Henri Lévy et le salue dans un texte paru dans son livre Au-delà du verset : « Je rejoins ainsi le livre de Bernard-Henri Lévy, Le Testament de Dieu, livre sombre comme le premier alinéa de notre texte, livre qui a dit tant de choses remarquables sur la Loi, sur la dure Loi qui ne nous apporte pas d’emblée, comme le promettent certains jeunes hommes trop facilement optimistes, les joies des « aubes naissantes », Loi dure, notre part à nous, peuple de la Loi juste, notre part la meilleure ! Mais je me suis demandé s’il n’était pas trop sévère pour la Grèce, avec laquelle il envisageait, comme une concession, qu’un dialogue soit possible. Je demandais davantage, par respect pour la science et pour Platon. Je pensais que, par-delà le dialogue avec la Grèce, nous était nécessaire son parler déjà dans notre discours intérieur. Tentation de la Grèce encore non surmontée ! Pourtant Bernard-Henri Lévy n’a-t-il pas raison en présence de tous ceux qui cherchent à s’approprier un héritage si brillant et à voir en lui, aussi, une excellence de forces vitales qui seraient capables de délicatesses très grandes sans rien perdre de leur superbe impitoyable ? »
De 1980 à 1995
En 1980, il a participé à la fondation de l’association L’Action internationale contre la faim avec Marek Halter, Jacques Attali, Françoise Giroud et quelques autres, et c’est lui qui rédigera la charte de l’association ; il s’en dissociera six ans plus tard, au moment de la famine éthiopienne et du grand débat qui secouera certaines ONG sur les « effets pervers » de l’aide ; Bernard-Henri Lévy était alors partisan, comme Médecins sans frontières, d’arrêter d’envoyer des aides qui ne faisaient selon lui que renforcer et enrichir les bourreaux et il fut, sur ce point, mis en minorité. La même année, BHL et Marek Halter créent le Comité des Droits de l’Homme qui milite pour le boycott des Jeux olympiques d'été de 1980, qui ont lieu à Moscou.
En 1985, la CIA note dans l'un de ses rapports que l'influence de Bernard-Henri Lévy et des « nouveaux philosophes », devenus « des personnalités médiatiques à sensation » grâce aux « émissions de télévision et de radio à teneur intellectuelle dont les Français raffolent », avait contribué à gagner la bataille de l'opinion en France. Ce « climat » permettrait notamment de couvrir le soutien des États-Unis à des dictatures et groupes paramilitaires anti-communistes en Amérique centrale.
L'Idéologie française (1981)
En janvier 1981, paraît chez Grasset L'Idéologie française, dans lequel Bernard-Henry Lévy fait de la France le laboratoire conceptuel du fascisme européen. Il y étudie notamment la Révolution nationale qui, entre 1940 et 1944, impose, selon lui, un État fasciste spécifiquement français, fondé sur le concept moderne de race, la haine de l'abstraction, le dénigrement des débats théoriques, l'horreur des intellectuels, le culte du vitalisme et le mot d'ordre du « retour au concret ». Les fascistes français comme Brasillach, Drieu, Rebatet, etc., c'est-à-dire les « collabos », sont méprisés à Vichy. Le fascisme de Vichy a été pensé et mis en place par des hommes profondément germanophobes, « irrigués de culture et d’humanisme classiques, pétris de bienséance et de conformisme patriotes, qui accouchèrent, quatre ans durant, de la version française de l’abjection du siècle », selon Lévy.
Lévy tente de réveiller la mémoire et d'en tirer les leçons. S'il opposait frontalement Athènes (la raison universelle) et Jérusalem (l'âme singulière) dans Le Testament de Dieu, Lévy admet maintenant qu'il y a bien un lieu où la philosophie grecque rejoint la littérature juive : ce lieu, c’est Rome, c’est l’Église romaine, urbi et orbi, où concilier rationalité et singularité dans l’âme judéo-platonicienne. Ce lieu, c'est également l'école freudienne de Paris ; ce lieu, c'est cosmopolis.
Très controversé, l'ouvrage fut particulièrement critiqué par Raymond Aron (pour qui « Bernard-Henri Lévy viole toutes les règles de l'interprétation honnête et de la méthode historique »), Paul Thibaud, Emmanuel Le Roy Ladurie ou encore Pierre Nora, mais est salué par l'écrivain Philippe Sollers comme « un livre-clé qui a fait tomber bien des tabous, et qui reste pleinement d'actualité ». Le philosophe Jean-Toussaint Desanti dans le Matin de Paris, salue un livre « dur à entendre » mais « salutaire » et qui « réveille ». Jorge Semprun dans le Point demande que l'on « prête au travail de Bernard-Henri Lévy une attention qui dépasse les humeurs de la mode et le mode de l'humeur ». Quant à Jean-François Revel, il répond à Raymond Aron, dans l'Express, que, si la thèse de Lévy peut « déchainer une aussi intolérante véhémence c'est sans doute qu'il y a quelque part un cadavre dans le placard ». Quant aux « menues fautes d'inattention » reprochées à l'auteur, le même Jean-François Revel dit en avoir « des armoires entières à la disposition du CNRS et des Hautes Études au cas où, d'aventure, ces deux augustes prytanées souhaiteraient faire leur autocritique ». Les analyses de Lévy rejoignent notamment celles de Robert Paxton et de Zeev Sternhell.
Pour Éric Zemmour, L'Idéologie française, en dépit des critiques d'intellectuels de grand renom, eut une longue influence sur les élites françaises et leur offrit un « prêt à penser », nouvelle variation du cosmopolitisme aristocratique du XVIII siècle, avec pour unique objet la haine de la France.
Du voyage au Pakistan (1981) au conseil de surveillance d'Arte (1993)
En septembre 1981, Bernard-Henri Lévy part au Pakistan avec Marek Halter et Renzo Rossellini afin de remettre aux résistants afghans trois postes émetteurs radio, achetés par le Comité des Droits de l'Homme et utilisés par « Radio Kaboul », qui appelle à la résistance armée contre l'occupation soviétique. Il évoque cette rencontre avec le commandant Massoud dans ses Réflexions sur la Guerre, le Mal et la fin de l’Histoire parues en 2002. À cette occasion, le journaliste Christophe de Ponfilly affirme que Lévy rencontra Massoud en 1998, lors d'un autre voyage en Afghanistan, et non en 1981.
En novembre 1984, Bernard-Henri Lévy publie son premier roman, Le Diable en tête, paru chez Grasset.
« C’est un roman dans lequel les générations de la guerre et de la tout après-guerre sauront se reconnaître, comme d’autres se reconnurent en leur temps dans le Malraux de La Condition humaine, le Camus de La Peste ou le Sartre des Chemins de la liberté », note Jacques Henric. À quelques exceptions près, Le Diable en tête est plutôt bien accueilli par la critique et le public. Il obtient le prix Médicis.
En novembre 1988, il reçoit le prix Interallié pour son roman Les Derniers Jours de Charles Baudelaire publié chez Grasset.
En mai 1990, il lance et dirige une revue littéraire intitulée La Règle du jeu.
En 1991, il est nommé pour un an président de la Commission d’avance sur recettes au cinéma.
En juillet 1993, il est nommé président du conseil de surveillance de la chaîne Arte sur intervention personnelle du président de la République François Mitterrand.
Engagement pour les Bosniaques musulmans (1992-1995)
Le 23 juin 1992, il suggère à François Mitterrand de soutenir le président de la République de Bosnie-Herzégovine Alija Izetbegović, isolé dans Sarajevo assiégé. Le 27, Hubert Védrine lui apprend que François Mitterrand s'est envolé pour la Yougoslavie. Interviewé par Bernard-Henri Lévy pour le film Bosna !, François Mitterrand, un an et demi plus tard, le 16 février 1994, lui confie que c’est lui, BHL, qui a été à l’origine de ce voyage. Les mots de François Mitterrand, à l'image, sont exactement ceux-ci : « j’y suis allé après que vous m’ayez, vous-même, Bernard-Henri Lévy, informé de la situation très dangereuse, presque désespérée, dans laquelle se trouvaient les habitants de Sarajevo. »
Il continuera par la suite son engagement en faveur d'Alija Izetbegović et des Bosniaques musulmans. En décembre 1992, France 3 diffuse Un jour dans la mort de Sarajevo, un documentaire réalisé par Bernard-Henri Lévy et Alain Ferrari. Lévy souhaite dénoncer le martyre de cette ville « œcuménique » et la souffrance des habitants qui résistent héroïquement à des bombardements incessants (cf. l'article « guerre de Bosnie »).
En mai 1994, il présente au festival de Cannes « Bosna ! », le film qu’il a tourné dans Sarajevo assiégée, dans les tranchées tenues par l’armée bosniaque et dans les combats que celle-ci mène contre les milices serbes. Jean Daniel consacre au film un éditorial très élogieux sous le titre « Malraux ou rien » dans le Nouvel Observateur du 12 mai 1994. « Bosna, le film que Bernard-Henri Lévy présente cette semaine au festival de Cannes, est, écrit Jean Daniel, un grand pamphlet politique. C’est une œuvre forte, très forte, efficace, bien conduite, avec un authentique souffle épique. C’est sans doute le réquisitoire le plus implacable contre ce que l’on pourrait appeler la politique de non-intervention européenne dans la tragédie bosniaque. On est constamment saisi au collet, pressé de rejoindre le narrateur, entraîné par sa pugnace ferveur et même son lyrisme débridé ».
Puis, dans la foulée du film, à l'occasion des élections européennes, il a, depuis le tremplin constitué par l’émission L’Heure de vérité, animée par François-Henri de Virieu, lancé l’idée de la liste « L'Europe commence à Sarajevo » pour contraindre les partis politiques à prendre en compte la situation dans les Balkans. Dirigée par Léon Schwartzenberg, elle comprend, outre Bernard-Henri Lévy, Romain Goupil, Pascal Bruckner, André Glucksmann, Michel Polac, Alain Touraine… De nombreuses personnalités soutiendront la liste tels : Marek Halter, Susan Sontag et Paul Auster, la Sud-Africaine, prix Nobel de littérature, Nadine Gordimer, l’ancien maire de Belgrade Bogdan Bogdanović. Cependant, le 30 mai, à quelques jours des élections, Bernard-Henri Lévy annonce le retrait de la liste, déclarant : « L'effet a atteint tous les objectifs possibles, on ne peut pas faire mieux, le but n'a jamais été d'envoyer cinq députés pro-Bosniaques à Strasbourg, mais de faire que chaque député européen ait la Bosnie en tête ».
Maintenue par Léon Schwartzenberg, cette liste, qui avait été créditée un temps de 12 % d'intentions de vote, obtiendra finalement 1 % des suffrages exprimés.
En 1995, dans les colonnes du Point, il dénonce l’attribution de la Palme d'or à Cannes cette année-là à Emir Kusturica, qu'il désigne comme un « collaborateur de la Grande Serbie », et à son film Underground. Contrairement à Alain Finkielkraut, il voit le film et rend hommage au talent du cinéaste, comme en témoigne le Bloc-Notes qu’il lui consacre lors de sa sortie en salles.
De 1994 à 2005
Contre la purification ethnique au Kosovo et, surtout, contre l’islamisme radical, il publie en octobre 1994 La Pureté dangereuse, Grasset. Son combat pour les intellectuels de Bosnie-Herzégovine se poursuit et débouche sur la publication en février 1996 du livre Le Lys et la Cendre, Journal d'un écrivain au temps de la guerre de Bosnie, Grasset.
En 1997, il réalise au Mexique un film de fiction, Le Jour et la Nuit, mettant en scène son épouse Arielle Dombasle, mais aussi Alain Delon, Lauren Bacall et Karl Zéro. Le scénario fut coécrit par Bernard-Henri Lévy et Jean-Paul Enthoven. Ce film fut un fiasco retentissant tant critique que public, et demeure à ce jour sa seule tentative de cinéma de fiction. Face à cet échec, BHL regretta en particulier « d'avoir été mégalo » et d'avoir fait « trop grand, trop fort, trop beau, trop tout ». Les Cahiers du cinéma l'ont qualifié de « plus mauvais film français depuis des décennies », et ont regretté que de l'argent du cinéma mexicain soit allé à ce film plutôt qu'à des cinéastes mexicains « qui auraient mieux su l'utiliser ».
Fin 2001, il soutient l'intervention américaine en Afghanistan et proclame en novembre 2001 à propos de cette intervention : « la victoire éclair d’une stratégie que nous n’étions pas bien nombreux à juger d’une habileté, d’une efficacité militaro-politique insoupçonnées ».
En juin 2000, il fonde avec Alain Finkielkraut et Benny Lévy, à Jérusalem, l'Institut d'études lévinassiennes, consacré à la pensée et à l'œuvre du philosophe Emmanuel Lévinas.
En février 2002, le président de la République Jacques Chirac et le premier ministre Lionel Jospin lui confient la mission de reconstruction culturelle d’un Afghanistan libre. À son retour en France au printemps, Lévy présente son rapport au président de la République et au Premier ministre sur la contribution de la France à la reconstruction de l’Afghanistan publié par La documentation Française et Grasset, qui comporte en seule annexe : un discours de Bernard-Henri.
En 2002 et 2003, il ne se positionne pas contre la guerre en Irak. Dans un article publié en 2002, il écrit que « [c]e n'est pas ici que l'on défendra ce massacreur de Kurdes et de chiites, ce terroriste, ce mégalomane suicidaire, ce fou, ce Néron actionniste dont, en 1998 déjà, Massoud me confiait qu'il était en possession d'armes chimiques et bactériologiques massives ». Pour ces raisons, il trouve cette guerre « moralement justifiée », mais aussi « politiquement désastreuse » notamment à cause des conséquences négatives qu'il entrevoit en matière de lutte contre le terrorisme.
En mai 2003, il publie Qui a tué Daniel Pearl ? aux éditions Grasset. En citant les noms de ses informateurs pakistanais, il expose ceux-ci aux représailles des talibans. Ce livre est également critiqué par des spécialistes comme William Dalrymple pour ses erreurs factuelles, ainsi que pour le manque de rigueur et de compétences sur le sujet de son auteur.
De 2006 à 2007
Début 2006, il publie aux éditions américaines Random House son livre sur les États-Unis, American Vertigo, parution précédée d'une tournée de conférences dans ce pays. En France comme outre-Atlantique, l’ouvrage, à quelques exceptions près, est accueilli par une douche froide et décrit comme une enfilade de clichés.
En novembre 2006, il soutient d'abord Dominique Strauss-Kahn lors de la primaire interne du Parti socialiste qui doit désigner le candidat du parti pour l’élection présidentielle, mais rejoint finalement la candidate choisie par le Parti socialiste Ségolène Royal dès le mois de janvier 2007, la considérant comme « courageuse ». Il annonce son choix publiquement après les propos du candidat de l'UMP Nicolas Sarkozy sur la pédophilie et le suicide, propos qu'il juge « inacceptables ». Il sera à ses côtés pendant toute la campagne. Le 27 février 2010, Ségolène Royal publiera, en « Une » du journal Le Monde, un article intitulé « BHL, François Mitterrand, la meute et moi » où elle volera au secours de son ami, victime à ce moment-là d’attaques particulièrement virulentes.
En octobre 2007, BHL publie un livre sur le Parti socialiste, Ce grand cadavre à la renverse (Grasset). L'auteur commence son ouvrage en indiquant que Nicolas Sarkozy lui a demandé de le soutenir lors de la dernière élection présidentielle. BHL précise qu'il a refusé parce qu'il fait partie de la gauche. Ce qui le conduit à définir la gauche tout en indiquant l'évolution dangereuse qui lui semble être la sienne. La gauche se définit, selon l'auteur, comme le courant politique auquel appartiennent ceux qui sont anticolonialistes, portent un jugement positif sur Mai 68, négatif sur Vichy et qui se reconnaissent dans le combat des dreyfusards. La gauche connaît une évolution qui la conduit, selon Bernard-Henri Lévy à devenir antiaméricaine de façon trop systématique, à se détourner de l'idée de liberté, à devenir complaisante à l'égard d'Al-Qaïda et du Hamas, à cesser d'être universaliste ou internationaliste, devenant chauvine. Ses ennemis de gauche sont « tous suspects de fascisme, tous excommuniés ». Libération précise ironiquement « Évidemment, c'est un peu au bazooka ».
Depuis le début de l'année 2007, BHL est actionnaire et membre du conseil de surveillance du journal Libération.
De 2007 à 2012
Lors de la guerre d'Ossétie du Sud de 2008, BHL se rend en Géorgie en août 2008, publiant le récit de son voyage dans deux pages « Témoignages » du Monde.
Un article de Rue89 montre que son témoignage est imprécis, notamment grâce à plusieurs témoignages (dont celui de l'eurodéputée Marie-Anne Isler-Béguin). Son compagnon de voyage, Raphaël Glucksmann, le soutient vigoureusement dans un droit de réponse publié par Rue89, le 23 août 2008.
En septembre 2008, il publie Left in dark times, version américaine de Ce grand cadavre à la renverse, chez Random House.
Le 8 octobre 2008, parution de Ennemis publics de Michel Houellebecq et de Bernard-Henri Lévy, coédité par Flammarion et Grasset, qui réunit une correspondance polémique échangée par les auteurs.
En 2008, il prendra parti auprès de Claude Askolovitch et en opposition à Guy Bedos dans l'affaire Siné.
Lors de la guerre de Gaza 2008-2009, BHL se rend en Israël, publiant le récit de son voyage dans le JDD. Dans cet article il constate que la bande de Gaza, évacuée par Israël en 2005 et soumise depuis à un blocus humanitaire, est devenue non l'embryon de l'État palestinien tant espéré, mais « une base militaire avancée ». Il accuse la désinformation du « village médiatique planétaire » en rappelant l'affaire du « génocide » de Jénine où les 500 victimes palestiniennes annoncées initialement dans la presse seront en définitive chiffrées à 52. Il conteste également la « rumeur » du blocus humanitaire, blocus pourtant confirmé par des organismes internationaux. Mais surtout il témoigne du réel désir de paix de responsables israéliens et palestiniens en particulier Ehoud Olmert et Moustafa Barghouti. Ce témoignage sera qualifié par Acrimed de « tract de propagande ».
En janvier 2009, il publie dans le journal Le Point une note de soutien à Israël justifiant l'opération Plomb durci.
À partir de 2009, il s'engage très activement dans la campagne qui réunit nombre de politiciens et intellectuels de la gauche française protestant contre l'extradition de l'ancien terroriste italien d'extrême gauche Cesare Battisti condamné pour quatre homicides dans la péninsule.
En 2009, il déclare que le Parti socialiste « doit disparaître » pour « en finir, le plus vite possible maintenant, avec ce grand corps malade » depuis le déclin du communisme. Car d'après lui le Parti socialiste n'incarne plus la gauche française ni l'espérance de qui que ce soit. À ses yeux, le Parti socialiste doit renouer avec l'essentiel, l'identité même de la gauche selon lui : l'antifascisme, l'anticolonialisme et l'anti-totalitarisme, et il voit l'égalité comme le point de convergence de ces trois principes. Il exprime l'espoir de reconstruire, sur les ruines du Parti socialiste, la gauche de demain, moderne et réinventée.
Le 29 septembre 2009, Bernard-Henri Lévy apporte son soutien à Roman Polanski, réalisateur arrêté le 26 septembre 2009 à Zurich en Suisse pour une accusation de viol sur mineure. BHL, selon ses propos, considérait que c'était un scandale que d’arrêter un homme plus de trente ans après les faits, que cela n'avait pas de sens. Il fait d'ailleurs signer une pétition sur son site.
Dans son ouvrage De la guerre en philosophie paru en février 2010, il cite les réflexions du philosophe Jean-Baptiste Botul, alors que celui-ci est un personnage fictif inventé par le journaliste Frédéric Pagès. Ce dernier évoque un « grave accident philosophique qui pourrait compromettre la suite de sa carrière » mais constate toutefois que « même pris en flagrant délit de lecture hâtive ou de fiche mal digérée, [BHL] est fêté par les télés, choyé par les radios, encensé par les journaux ». BHL est toutefois la risée de la presse étrangère. L'Express rapporte par ailleurs fin mars 2010 que « Les chiffres des ventes des deux ouvrages de Bernard-Henri Lévy De la guerre en philosophie et Pièces d'identité (Grasset), [ont été] vendus respectivement à 5 500 et 3 500 exemplaires en un mois et demi, malgré un lancement médiatique sans précédent ». Dans Pièces d'identité, il combat les souverainetés nationales et incite les politiciens à embrasser la loi du marché et la mondialisation, arguant que « l'anti-américanisme est une métaphore de l'antisémitisme ». Au nom de l'idée du « juif d'affirmation », il incite également les juifs au repli communautaire tout en fustigeant les juifs assimilés.
Le 7 juin 2010, dans un article du journal Libération, il déclare que « Mein Kampf est un best-seller en Turquie » et défend l'attaque israélienne du 31 mai 2010 contre des navires transportant de l'aide humanitaire vers Gaza.
En 2011, il crée le prix Saint-Germain qui ne durera que deux ans.
Le 16 mai 2011, il apporte publiquement son soutien à Dominique Strauss-Kahn, qui venait d'être accusé de viol sur une employée d'hôtel. Il soutient ensuite Martine Aubry à la primaire socialiste. Toujours en mai 2011, Bernard-Henri Lévy est accusé avec Alexandre Adler, Caroline Fourest et quelques autres, d'être un intellectuel faussaire, selon le titre du livre de Pascal Boniface, qui consacre un chapitre à ce qu'il considère être les « multiples mensonges, contre-vérités » de ce dernier.
Le 9 novembre 2011, se déroule la parution de son livre La Guerre sans l'aimer (éditions Grasset), la chronique d'un écrivain et philosophe, devenu activiste et émancipateur d'un peuple, au cœur du « printemps libyen ». Il affirme le 11 novembre 2011 s'être engagé en Libye en tant que juif et sioniste : « J'ai porté en étendard ma fidélité à mon nom et ma fidélité au sionisme et à Israël ».
En décembre 2011, la revue américaine Foreign Policy publie son classement des 100 personnalités les plus influentes au monde et Bernard-Henri Lévy figure, dans ce classement, à la 22e place.
Le 25 mai 2012, il présente au Festival de Cannes en sélection officielle, son film documentaire le Serment de Tobrouk sur la guerre en Libye qui mit fin au régime Mouammar Kadhafi, projeté en séance spéciale et qui sera distribué aux États-Unis par Harvey Weinstein. La réception critique est négative parlant de « documentaire de propagande empreint d’autoglorification » et soulignant le « narcissisme » de l'auteur. Le nombre d'entrées en salle est très faible.
De 2013 à 2017
Dans l'exposition Les aventures de la vérité (en écho aux Aventures de la liberté), divisée en sept « séquences faisant référence aux stations de la Via Dolorosa à, Jérusalem » : La Fatalité des ombres, Technique du coup d'état, la Voie Royale, Contre-Être, Tombeau de la philosophie, La revanche de Platon et Plastèmes et philosophèmes, il réunit 126 œuvres autour de la philosophie en collaboration avec la Fondation Maeght
Dans La Règle du Jeu, revue qu'il a fondée et qu'il dirige, BHL fait l'objet d'une critique élogieuse de Baptiste Rossi ; dans Le Point, Nathalie Rheims titre : « BHL, le Magnifique », en référence au livre Gatsby le Magnifique de F. Scott Fitzgerald. Cependant, dans Rue89, Laurent Calixte lui répond ironiquement : « Madame Rheims, vous n'appréciez Bernard Henri Lévy, ce n’est pas une raison pour nous infliger ce pamphlet ironique faussement flatteur et entièrement rédigé au second degré ! Toujours les mêmes moqueries sur sa “chemise blanche ouverte” ; toujours des phrases faussement emphatiques comme “Lui sait jusqu’où les hommes sont allés”, toujours ces compliments qui font penser à ceux qu’on adressait à Kim Il Sung en Corée du Nord : “Il a cette capacité, cette hauteur de vue et aujourd’hui, peut-être un peu plus, cette sagesse, qui permettent à la pensée de ne pas disparaître complètement dans un monde qui pourrait facilement plonger dans l’obscurité », alors que Le Figaro évoque un « Jeff Koons de la philosophie » […] « général (qui) évoquerait ses prises à l'ennemi » critiquant le « panurgisme dans l'art ».
Le 1er août 2013, BHL est nommé citoyen d'honneur de Sarajevo pour ses prises de position pendant la guerre de 1992-1995.
En 2014, il lance un appel sur le plateau du Grand journal de Canal+ pour annuler les Jeux olympiques de Sotchi à la suite des manifestations pro-européennes de 2013-2014 en Ukraine.
En octobre 2014, BHL décide de reprendre le théâtre en lançant tambour battant sa pièce Hôtel Europe au Théâtre de l’Atelier, avec Jacques Weber dans l'unique rôle. Très commentée dans les médias, la pièce reçoit la visite de Manuel Valls, François Hollande et Nicolas Sarkozy, ainsi que les éloges de ce dernier. Cependant, la critique et le public ne suivent pas, et la pièce est déprogrammée dès le 16 novembre au lieu du 3 janvier.
En 2014, il estime que « Nicolas Sarkozy était le meilleur rempart au FN », et que « son retour ferait du bien à la France ».
Le 22 février 2015, il prononce un discours contre l'antisémitisme à la tribune de l'ONU, concluant son propos par « Un monde sans Juifs, non, ne serait plus un monde ».
Le 31 mars 2015, il conduit une délégation de combattants kurdes au palais de l'Élysée, pour y rencontrer le président François Hollande.
En juin 2016, Peshmerga, son film-documentaire de guerre sort, après avoir été programmé en sélection officielle par le Festival de Cannes. Tourné de juillet à décembre 2015 sur la ligne de front opposant les combattants kurdes, les Peshmergas, au groupe djihadiste Daech, le film présente, selon Le Monde, comme dans ses films précédents une vision du conflit « en noir et blanc » avec « d’un côté, les bons (les Bosniaques, les rebelles libyens, etc.), de l’autre, les méchants (les Serbes, Kadhafi... »
Le 29 septembre 2016, Bernard-Henri Lévy représente le Président François Hollande aux commémorations du massacre de Babi Yar en Ukraine, l’une des pires tragédies de la Shoah par balles : en 2 jours, les 29 et 30 septembre 1941, 34 000 Juifs furent assassinés par les nazis sur ce lieu-dit, un ravin près de Kiev.
En 2016, il se trompe deux fois en prévoyant successivement l'échec du brexit et la défaite de Donald Trump.
Lors de la campagne présidentielle de 2017, après avoir en vain souhaité que François Hollande se représente, Bernard Henri-Lévy annonce son soutien à Emmanuel Macron, affirmant qu'en dépit de ses réserves, ce dernier lui apparaît comme « le meilleur moyen d’écarter ceux qui, dans la hargne ou l’amertume, naufragent la République ou ajournent le moment du sursaut ».
Le 16 mai 2017 il reçoit le titre de docteur honoris causa de la part de l'université Bar Ilan pour "plus de 40 ans de contribution influente pour le peuple juif et sa nation" . L'université Bar Ilan fait ainsi suite à celles de Tel Aviv et de Jérusalem, qui lui ont donné le titre en 2002 et 2008, respectivement .
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