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Jean-Baptiste Poquelin est un Scénariste Français né le 15 janvier 1622 à Paris (France)

Jean-Baptiste Poquelin

Jean-Baptiste Poquelin
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Nom de naissance Jean-Baptiste Poquelin
Nationalité France
Naissance 15 janvier 1622 à Paris (France)
Mort 17 février 1673 (à 51 ans) à Paris (France)

Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, né à Paris, baptisé le 15 janvier 1622 en l'église Saint-Eustache, et mort le 17 février 1673 à Paris, est un dramaturge auteur de comédies, mais aussi un comédien et chef de troupe de théâtre français qui s'est illustré au début du règne de Louis XIV.

Issu d'une famille de la riche bourgeoisie marchande parisienne (son père tient une boutique de « tapissier » qui vend mobilier, tissus et tapisseries à la haute bourgeoisie et à la riche aristocratie et il détient depuis 1631 la charge prestigieuse de « tapissier valet de chambre du Roi »), Jean-Baptiste Poquelin se consacre au théâtre à 21 ans après la rencontre de Madeleine et Joseph Béjart avec qui il fonde « l'Illustre Théâtre » ; il prend alors le pseudonyme de Molière. Après la faillite de la troupe, il quitte Paris avec eux et parcourt les provinces de l'ouest puis du sud de la France de 1646 à 1658 en écrivant ses premières petites comédies (Le Docteur amoureux, Le Médecin volant) puis ses premières comédies en cinq actes et en vers (L'Étourdi, créée à Lyon en 1655, et Le Dépit amoureux à Béziers à la fin de 1656).

De retour à Paris en 1658, il obtient la protection du frère du roi : sa troupe prend le nom de « Troupe de Monsieur » et représente ses deux premières comédies, des comédies de Scarron et de Thomas Corneille et des tragédies de Pierre Corneille (en particulier Nicomède et Cinna), de Rotrou et de Tristan l'Hermite. Sa carrière d'auteur dramatique commence vraiment avec Les Précieuses ridicules qui remporte un grand succès en novembre 1659. Soutenu par le roi Louis XIV, marié avec la jeune comédienne Armande Béjart et jouissant d'une solide santé malgré sa fin brutale, Molière affronte les cabales et continue à jouer et à diriger sa troupe — devenue « Troupe du Roy » — tout en écrivant des comédies de genres variés (des comédies proches de la farce comme Le médecin malgré lui (1666) ou Les Fourberies de Scapin (1671), des comédies plus psychologiques comme L'École des femmes (1662) ou L'Avare (1668), des comédies-ballets comme Le Bourgeois gentilhomme en 1670 (avec Lully) ou Le malade imaginaire (avec Marc-Antoine Charpentier) en 1673, des pièces plus élaborées approfondissant caractère et étude sociale, en vers comme Le Misanthrope (1665), Tartuffe (1664-1669), Les Femmes savantes (1672), ou en prose comme Dom Juan (1665).

Peintre des mœurs de son temps, surtout de la bourgeoisie dont il dénonce les travers (prétention nobiliaire, place des femmes, mariage d'intérêt…), Molière a créé en même temps des personnages individualisés emblématiques et approfondis dont la liste est longue : Monsieur Jourdain, Harpagon, Alceste et Célimène, Tartuffe et Orgon, Dom Juan et son valet Sganarelle, Argan le malade imaginaire…

Contrairement à la presque totalité des auteurs de comédie de son temps, l'invention dramatique de Molière s'appuie peu sur l'imitation de modèles antiques ou étrangers (italiens et espagnols) : après avoir commencé à adapter les Italiens (L'Étourdi, Le Dépit amoureux et Dom Garcie de Navarre) auxquels il reviendra de loin en loin (Le Festin de Pierre en 1665, publié après sa mort sous le nom de Dom Juan, puis Les Fourberies de Scapin en 1671), il se tournera seulement à deux reprises la même année (1668) vers le théâtre latin de Plaute (L'Avare et Amphitryon). Pour le reste, il construit des intrigues originales en combinant divers schémas narratifs puisés ici et là (Le Décaméron de Boccace, les nouvelles de Straparole ou de Scarron, les fabliaux)… Cette conception originale de la création dramatique (seulement pratiquée jusqu'alors par les comédiens italiens dell'arte) explique que, dans un mémoire secret destiné à Colbert afin de dresser la première liste de gratifications aux gens de lettres du règne de Louis XIV, le plus influent (avant Boileau) des critiques de son temps, Jean Chapelain, ait pu présenter Molière de la manière suivante: « MOLIÈRE. Il a connu le caractère du comique et l’exécute naturellement. L’invention de ses meilleures pièces est inventée [sic], mais judicieusement. Sa morale est bonne et il n’a qu’à se garder de la scurrilité [bouffonnerie].». De ce fait, son œuvre écrite sur près de vingt années (1655-1673) se révèle d'une très grande variété et se montre en même temps sous-tendue par une maîtrise efficace du jeu scénique et du texte de théâtre qui révèle l'homme de scène qu'il était avant tout puisqu'il a continué à jouer malgré la maladie jusqu'à son dernier jour survenu à 51 ans, le 17 février 1673.

Molière demeure depuis le XVIIe siècle le plus joué et le plus lu des auteurs de comédies de la littérature française, chaque époque trouvant en lui des thématiques modernes. Il constitue aussi un des piliers de l'enseignement littéraire en France. Le français est également surnommé « la langue de Molière ».

Biographie

La jeunesse de Molière

Sa famille
Jean-Baptiste Poquelin, que l’on appellera Molière, est né et est baptisé le 15 janvier 1622 en l'église Saint-Eustache, dans le quartier des Halles à Paris.

Il est né dans la maison (1 sur le plan ci-contre) où son père, Jean Poquelin, marchand tapissier, a installé son fonds de commerce deux ans plus tôt avant d’épouser sa mère Marie Cressé. Son grand-père paternel et son grand-père maternel, tous deux marchands tapissiers, exercent leur métier dans le voisinage, rue de la Lingerie (2 et 3 sur le plan). Il est également le cousin du prêtre catholique Jean Poquelin.

Les Poquelin et les Cressé sont des bourgeois riches qui vivent à leur aise dans des demeures confortables et agréablement meublées. Le grand-père Cressé a une maison de campagne à Saint-Ouen. Un oncle de Molière est musicien et collabore à la musique des ballets de cour.

En 1631, le père de Molière rachète à son frère cadet un office de « tapissier ordinaire de la maison du roi».

Le petit Molière aura trois frères et deux sœurs, dont aucun ne lui survivra. À dix ans, il perd sa mère. Son père se remarie avec Catherine Fleurette, dont il a trois filles, mais qui meurt en 1636. En 1637, le père de Molière, qui ne se remarie pas, obtient la survivance de sa charge pour son fils qui a quinze ans.


Ses études
Sur ses études et sa formation littéraire, Molière n’a pas fait de confidence et il n’existe aucun document. Les témoignages sont tardifs, contradictoires et entachés de polémiques :

Dans une courte biographie en tête des Œuvres complètes parues dix ans après sa mort et attribuée à deux fidèles, La Grange et Vivot, on lit qu’il fit ses études secondaires au collège de Clermont (lycée Louis-le-Grand) chez les jésuites, un des meilleurs collèges de Paris, où « sa vivacité d’esprit le distingua de tous les autres ».

Grimarest, le premier à avoir écrit une Vie de Molière en 1705 en consultant sa famille et s’appuyant sur les confidences du seul Baron (certes son comédien préféré, mais très mal informé), raconte qu’au collège il avait comme condisciples Bernier et Chapelle, fils naturel d’un riche conseiller au parlement de Metz. Ce dernier avait comme précepteur Gassendi, philosophe sceptique et épicurien, qui aurait admis Molière parce qu’il avait remarqué chez lui des dispositions philosophiques, ainsi que Bernier et Cyrano de Bergerac. Mais toutes ces affirmations sont probablement inventées, comme une bonne part de cette Vie de Molière, que Boileau avait condamnée sans appel l'année suivant sa publication. On peut seulement déduire de la lecture de ses pièces que Molière aurait été imprégné de gassendisme (philosophie atomistique mêlant épicurisme et scepticisme) et se serait plus particulièrement intéressé à la doctrine d'Épicure, exprimée sous sa forme la plus poétique, mais aussi la plus radicale, par Lucrèce, qu'il a d'ailleurs traduit (pas moins de six témoignages contemporains font état de cette traduction) et dont il reprendra quelques vers dans Le Misanthrope.

À sa sortie du collège, selon un contemporain bien renseigné, Le Boulanger de Chalussay, qui publie en 1670 une comédie satirique contre Molière, « en quarante (en 1640 Molière a dix-huit ans), ou fort peu de temps auparavant, / Il sortit du collège, âne comme devant ;/ Mais son père ayant su que, moyennant finance, / Dans Orléans un âne obtenait sa licence, / Il l’endoctora moyennant sa pécune, / Et croyant qu’au barreau ce fils ferait fortune, / Il le fit avocat, ainsi qu’il vous l’a dit ». Grimarest est hésitant : « Molière a-t-il été avocat : On s’étonnera peut-être que je n’aie point fait M. de Molière avocat. Mais ce fait m’avait absolument été contesté par des personnes que je devais supposer en savoir mieux la vérité que le public… Cependant sa famille m’a positivement assuré du contraire ».

Molière ne s’est jamais paré de son titre et aucune mention de son nom n'est faite dans les registres de l'Université d'Orléans ou du barreau de Paris.

« Au point qu’on doit se demander, écrit Roger Duchêne, ce qui était impensable pour ses premiers biographes qui le présentaient comme un nouveau Térence, si on a vraiment mis le fils Poquelin au collège de Clermont. A-t-il fait des études régulières ? A-t-on voulu masquer qu’au départ il n’a reçu qu’une formation de tapissier ? » L'hypothèse d'une absence totale d'études est cependant peu vraisemblable: le fait que dans sa violente comédie-pamphlet Élomire hypocondre ou les médecins vengés, Le Boulanger de Chalussay (bien renseigné par ailleurs) ne conteste pas que Molière ait pris ses licences de droit à Orléans, mais précise qu'il n'y est allé qu'un jour pour les acheter (ce que fit effectivement pour sa part Charles Perrault, comme il l'avoue au commencement de ses mémoires), donne à penser que si Molière a pu laisser croire cela dans son entourage (c'est-à-dire la possibilité d'être inscrit dans une faculté de droit), c'est parce que tout le monde savait qu'il avait au moins terminé ses études secondaires (avec leurs deux années de philosophie) dans un collège parisien. Rappelons que Racine arrêta lui aussi ses études après ses deux années de philosophie.

En 1642, selon Grimarest, Molière aurait exercé la charge de tapissier ordinaire du roi et suivi la cour de Louis XIII à Narbonne.


Des débuts difficiles
L'Illustre Théâtre

À 21 ans, Molière s’engage dans la carrière théâtrale. Le 30 juin 1643, par devant notaire, il s’associe avec les trois Béjart (Joseph l’aîné et ses sœurs Madeleine, 25 ans, qui va partager sa carrière et sa vie, et Geneviève, 19 ans) et quelques amis, la plupart « fils de famille » comme lui, en tout six hommes et quatre femmes, pour constituer une nouvelle troupe de comédiens, « l’Illustre Théâtre ». C’est la troisième à Paris après les comédiens de l’Hôtel de Bourgogne et ceux de « la troupe du roi au Marais » (à laquelle Pierre Corneille donnait toutes ses pièces depuis 1629).

Molière avait renoncé à la charge de tapissier du roi. Son père, qui devait trouver l’aventure collective hasardeuse, avait néanmoins accepté de l’émanciper (il n’avait pas 25 ans) et il avait reçu un faible acompte sur l’héritage maternel, 630 livres.

La nouvelle troupe s’installe au jeu de paume des Métayers sur la rive gauche au faubourg Saint-Germain (actuellement 10-12 rue Mazarine) et pendant les travaux d'aménagement (octobre-décembre 1643), elle joue dans divers jeux de paume et fait un séjour d'au moins trois semaines à Rouen (qui disposait de deux jeux de paume aménagés en théâtre et qui était constamment visité par des troupes de comédiens). Son répertoire est constitué majoritairement, semble-t-il, de tragédies et de tragi-comédies, et certains des auteurs les plus en vue de l'époque lui confient leurs nouvelles pièces (ce sera le cas de Tristan l'Hermite, de Desfontaines et de Mareschal). Madeleine Béjart, qui vit librement depuis dix ans en fille entretenue, est la vedette de la troupe. Tallemant des Réaux écrit vers 1658 (avant le grand succès des Précieuses ridicules) : « Je ne l'ai jamais vu jouer, mais on dit que c'est la meilleure actrice de toutes. Elle a joué à Paris, mais ç'a été dans une troisième troupe qui n'y fut que quelque temps. Son chef-d'œuvre, c'était le personnage d'Épicaris à qui Néron venait de faire donner la question » (allusion à la pièce de Tristan l'Hermite, La Mort de Sénèque, créée par la troupe en 1644). Il ne sait pas encore grand chose de Molière : « Un garçon, nommé Molière, quitta les bancs de la Sorbonne pour la suivre ; il en fut longtemps amoureux, donnait des avis à la troupe, et enfin s'en mit et l'épousa ».

À peine la salle ouverte, la troupe profite de l'incendie du théâtre du Marais, et il semble que durant plusieurs mois le public ait afflué sur la rive gauche, tandis que la troupe du Marais s'installait provisoirement dans des jeux de paume et faisaient des séjours dans les villes avoisinant Paris (elle fit ainsi elle aussi un séjour à Rouen en 1644). Le fait que le 18 juin 1644, la troupe embauche un danseur, puis d'autres acteurs, indique qu'elle a confiance dans l'avenir. Malheureusement, en octobre, le théâtre du Marais, entièrement reconstruit et doté d'une salle magnifique équipée de « machines » nouvelles, attire de nouveau le public, et il semble que la salle des Métayers ait commencé à se vider à ce moment-là. C'est ce qui explique la décision, en décembre 1644, de déménager sur la rive droite au jeu de paume de la Croix-Noire (actuel 32 quai des Célestins) plus près des autres théâtres. Molière est seul à signer le désistement du bail : il est bien devenu le chef de la troupe. Malheureusement ce déménagement vient accroître les dettes de la troupe — les investissements initiaux (location et aménagement du local, puis aménagement d'un nouveau local) ont été coûteux et les engagements financiers pèsent lourds par rapport aux recettes — et à partir de 1645 les créanciers commencent à poursuivre. Molière est emprisonné pour dettes au Châtelet en août 1645. Son père l’aide à se tirer d’affaire. À l’automne 1645, il quitte Paris en direction de Nantes avec les restes de la troupe, qui se fond bientôt dans la troupe du duc d'Épernon, dirigé par Charles Dufresne.


Origine du pseudonyme "Moliere"
C'est dans l'acte d'embauche du danseur en juin 1644 que Jean-Baptiste Poquelin signe simplement « De Moliere » (sans accent), prenant pour la première fois son nom de théâtre. « Jamais il n'en a voulu dire la raison, même à ses meilleurs amis », écrivit en 1705, son premier (et très peu fiable) biographe Grimarest. Depuis le XIXe siècle, les biographes pensent que ce pseudonyme a pu être choisi en l’honneur de l’écrivain libertin François de Molière (1599–1624) ou du musicien Louis de Mollier qui a publié en 1640 des Chansons pour danser. Depuis le XXe siècle, les historiens du théâtre font remarquer que la presque totalité des acteurs prenaient alors des noms référant à des fiefs imaginaires, tous champêtres : le sieur de Bellerose, le sieur de Montfleury, le sieur de Montdory, le sieur de Floridor, le sieur de Champmeslé — désignés au théâtre comme Bellerose, Montfleury, Montdory, Floridor, Champmeslé — et qu'il existe en France des dizaines de lieux-dits appelés tantôt Meulière, tantôt Molière (désignant des sites sur lesquels on trouvait des carrières de pierres à meule). Il paraît donc très probable que Molière ait suivi leur exemple en choisissant à son tour un fief campagnard imaginaire, ce qui explique sans doute qu'il ait commencé par signer « De Molière » et qu'il soit ensuite régulièrement désigné comme « le sieur de Molière ».


Les tournées en province

Beaucoup de légendes ont circulé sur l’activité de Molière en province de 1645 à 1658. Une cinquantaine de documents administratifs ou notariés et quelques témoignages contemporains fournissent des informations rares, mais sûres.

Au temps où Molière parcourt la province, la plupart des comédiens ambulants (environ un millier à l'époque) mènent une vie précaire. Dans bien des villes, l’Église pèse de tout son poids en faveur de l’interdiction des représentations théâtrales, malgré la politique de réhabilitation menée à Paris par Richelieu, puis Mazarin. Quelques compagnies cependant jouissent d’un statut privilégié parce qu’un grand seigneur aimant les plaisirs, les fêtes et les spectacles les prend sous sa protection.

C’est le cas de la « troupe de Dufresne » (appelée aussi « troupe du seigneur duc d’Épernon ») que Molière et les Béjart rejoignent après leur échec à Paris. Bénéficiant de protecteurs puissants (le duc d'Épernon, gouverneur de Guyenne, le comte d’Aubijoux, lieutenant général du roi en Languedoc qui introduit la troupe aux États du Languedoc, puis le prince de Conti, frère du grand Condé et marié à une nièce de Mazarin), les comédiens peuvent donner de brillantes représentations en privé chez ces grands seigneurs et en public pendant les fêtes des États du Languedoc (trois fois à Pézenas, quatre à Montpellier, deux à Carcassonne, une à Béziers), avec de substantielles gratifications, ce qui leur permet de vivre confortablement. Ainsi les décors et costumes sont transportés en charrette ou par voie d'eau mais Molière et les Béjart se déplacent en carosse. C’est une troupe polyvalente capable de monter des spectacles avec des parties parlées, de la musique et de la danse, et aussi (grâce à Molière ?) d’improviser pour se plier aux caprices des grands, d’écrire des textes conformes à leur attente en même temps que des pièces simples pour le public.

Molière réapparaît en 1648 dans un document administratif, « sieur Morlierre(sic), l’un des comédiens de la troupe du sieur Dufresne » : ce document montre bien qu'il n'a pas encore pris la tête de la troupe à laquelle les Béjart et lui se sont agrégés deux ans et demi plus tôt. D’autres documents permettent de le suivre dans ses déplacements (voir carte). Le musicien et poète d’Assoucy qui passe plusieurs mois avec les comédiens en 1655 décrit une troupe accueillante où l’on fait bonne chère et qui jouit d’une large prospérité. Molière a probablement mené joyeuse vie, sans grand souci de conformisme : comédien et trousseur de farces grossières, il a pu accessoirement être un homme d'affaires pour son père « tapissier valet de chambre du Roi », comme en témoigne le déplacement de la troupe à Lyon (capitale de la soie) en 1652, 1653, 1654, 1655 et 1657 et Grenoble (grand centre commercial du lin) en 1652. En 1655, il écrit sa première « grande » comédie en cinq actes et en vers, L’Étourdi ou les contretemps. « Il a déjà dû prendre, écrit Roger Duchêne, sinon la direction, du moins une place privilégiée dans la troupe dont il est désormais un des acteurs vedettes, et l’écrivain. » Nouvelle pièce à Béziers à la fin de 1656, Le Dépit amoureux.

En 1656, le climat change. Aubijoux meurt. Le prince de Conti, malade du même mal qui a emporté Aubijoux, se convertit à une vie de chrétien authentique et devient très hostile au théâtre, accusé par les rigoristes « d'empoisonner les âmes » : à la fin de l'année 1656, il fait refuser par les députés des États du Languedoc de prolonger les subventions accordées aux comédiens durant la tenue des États, et il fait savoir à la troupe — qui se faisait appeler depuis deux ans « Troupe de son Altesse le Prince de Conti » — qu'elle doit cesser de « porter son nom ». À la fin de l'année 1657 ou au début de 1658, les comédiens, qui sont jugés désormais comme constituant la meilleure « troupe de campagne » de France, décident de tenter une nouvelle fois de s'implanter à Paris. Cette décision est explicitée au début de la vie de Molière parue en tête de la grande édition posthume des Œuvres de Molière en 1682 : « En 1658, ses amis lui conseillèrent de s’approcher de Paris, en faisant venir sa troupe dans une ville voisine : c’était le moyen de profiter du crédit que son mérite lui avait acquis auprès de plusieurs personnes de considération, qui s’intéressant à sa gloire, lui avaient promis de l’introduire à la cour. Il avait passé le carnaval à Grenoble, d’où il partit après Pâques, et vint s’établir à Rouen. Il y séjourna pendant l’été, et après quelques voyages qu’il fit à Paris secrètement, il eut l’avantage de faire agréer ses services et ceux de ses camarades à Monsieur, frère unique de Sa Majesté, qui lui ayant accordé sa protection, et le titre de sa troupe, le présenta en cette qualité au Roi et à la Reine mère. » Autrement dit, pour pouvoir prendre pied à Paris, il fallait à Molière et à sa troupe un protecteur le plus haut placé possible, ainsi qu'un théâtre : s'installer dans une ville assez proche de Paris pour pouvoir y faire de nombreux allers-retours pour avancer dans les négociations et rencontrer « les personnes de considération » qui appuyaient ces démarches était donc un choix stratégique. Ce séjour prolongé de six mois au jeu de paume des Bracques au 4, rue du Vieux-Palais, à Rouen, a pu être l'occasion pour Molière de rencontrer Pierre et Thomas Corneille, ce qui a donné l'idée à Pierre Louÿs trois siècles plus tard de remettre en question de la paternité des œuvres de Molière.

Ce choix de se rapprocher de Paris en séjournant à Rouen était d'autant plus logique que Rouen était alors constamment visitée par des troupes de comédiens qui y faisaient des séjours de plusieurs semaines, et pas seulement des troupes de campagne comme celle de Molière ; en 1674, Samuel Chappuzeau rapporte dans son ouvrage intitulé Le Théâtre françois que même la troupe du théâtre du Marais y faisait de fréquents séjours : « Cette troupe allait quelquefois passer l’été à Rouen, étant bien aise de donner cette satisfaction à une des premières villes du royaume. De retour à Paris de cette petite course dans le voisinage, à la première affiche le monde y courait, et elle se voyait visitée comme de coutume. »
C'est ainsi qu'à la mi-mai 1658 Thomas Corneille écrit à un de leurs amis parisiens, le galant abbé de Pure (auteur d'un célèbre roman intitulé La Précieuse): « Nous attendons ici les deux beautés que vous croyez pouvoir disputer cet hiver d’éclat avec la sienne [la beauté de M Baron, actrice parisienne]. Au moins ai-je remarqué en M Béjart grande envie de jouer à Paris, et je ne doute point qu’au sortir d’ici, cette troupe n’y aille passer le reste de l’année. Je voudrais qu’elle voulût faire alliance avec le Marais, cela en pourrait changer la destinée. Je ne sais si le temps pourra faire ce miracle. » L'abbé de Pure (et donc les gens bien informés qui l'entourent à Paris) sait donc déjà que Molière et sa troupe ont annoncé leur intention de tenter de prendre pied à Paris durant l'hiver 1658-1659, et en a informé Thomas Corneille, lequel lui confirme cette information après en avoir parlé avec Madeleine Béjart, arrivée avant le reste de la troupe (« les deux beautés », Catherine de Brie et Marquise Du Parc, étaient restées en arrière parce que Marquise venait d'accoucher à Lyon). Madeleine Béjart commence par louer la salle du théâtre du Marais, alors fermée, sans doute pour négocier en force avec la troupe du Marais alors en difficulté (difficulté qui explique pourquoi Thomas Corneille rêve d'une fusion entre les deux troupes pour assurer la pérennité de celle du Marais). La négociation échoue, tandis que les négociations entreprises par Molière de son côté pour trouver un nouveau protecteur prestigieux à la troupe et une salle réussissent.


Le début de la gloire
Le théâtre du Petit-Bourbon

En 1658, Monsieur a 18 ans. Il faut lui donner un train de vie digne du frère d’un grand roi. On lui achète le château de Saint-Cloud. Il doit avoir une troupe de théâtre. Ce sera celle de Molière. On offre à la troupe la gratuité d’une salle vaste et bien équipée en alternance avec la troupe italienne de Scaramouche (les Italiens jouent les « jours ordinaires de comédie », la troupe de Molière les « jours extraordinaires »), le théâtre du Petit-Bourbon. Huit mois plus tard, durant l'été, les Italiens retournent dans leur pays, d'où ils ne reviendront que près de deux plus tard : désormais Molière et ses compagnons peuvent jouer comme toutes les autres troupes les jours ordinaires, les mardi, vendredi et dimanche.

Molière va y jouer deux ans. La troupe est composée de Molière, des deux sœurs Béjart, des deux frères Béjart, du couple de Brie, du couple Du Parc et de Dufresne, soit dix acteurs. En 1659, Dufresne prend sa retraite, faisant de Molière le véritable chef de troupe. Entrent deux acteurs comiques, Jodelet et son frère dit l’Épi, et La Grange qui va devenir l’homme de confiance de Molière. Méticuleux, il a laissé un registre personnel (conservé à la Comédie-Française) extrait des livres de compte du théâtre, dans lequel il note les pièces jouées, la recette et ce qu’il juge important de la vie de la troupe. Ce document permet de suivre dans le détail le répertoire joué par Molière à partir de 1659.

Pendant dix mois, la troupe fait alterner des pièces anciennes — tragédies de Corneille surtout ainsi que de Rotrou et de Tristan l'Hermite, comédies de Scarron — avec ses deux premières comédies L'Étourdi et Le Dépit amoureux, qui étaient des nouveautés pour le public parisien. Selon La Grange, les recettes rapportées par ces deux pièces auraient été excellentes entre novembre et le relâche de Pâques. Mais à la reprise, les recettes ne sont plus très brillantes, malgré l'arrivée du célèbre Jodelet. Le 18 novembre 1659, Molière crée sa première pièce parisienne, Les Précieuses Ridicules (3e pièce de Molière qui joue Mascarille), une petite comédie en un acte destinée au départ à être jouée après une tragédie, satire du snobisme et des jargons de l’époque, qui remporte un très grand succès et crée un effet de mode : le sujet est copié et repris. Molière imprime sa pièce à la hâte parce qu’on tente de la lui voler, avec une préface plutôt provocante (il aime la satire). C’est la première fois qu’il publie, il a désormais le statut d’auteur.



Plusieurs personnages de marque (des ministres, Monsieur le Prince) invitent Molière à venir jouer sa pièce chez eux. De retour de la frontière espagnole où il est allé épouser l'Infante d'Espagne Marie-Thérèse et attendant au château de Vincennes de faire son entrée solennelle à Paris avec la jeune reine, Louis XIV voit les Précieuses le 29 juillet 1660, puis le 31 sa nouvelle pièce, Sganarelle ou le cocu imaginaire (4e pièce de Molière qui joue Sganarelle), petite comédie en un acte reposant sur une suite de quiproquos, dont les recettes n’atteignent pas les sommets de la précédente — toute la Cour était à Saint-Jean-de-Luz pour le mariage du roi, au moment de la création de la pièce — mais qu’il jouera 123 fois dans son théâtre, plus souvent qu’aucune de ses autres pièces (les Précieuses, jouées 55 fois ne le seront plus après 1661).

Molière a le vent en poupe. Grâce à ses propres pièces, car les tragédies qu'il donne, y compris celles de Corneille n'ont pas grand succès (Thomas Corneille reprochera à la troupe de Molière de mal jouer la tragédie. Ce sera l'attitude constante des ennemis de Molière : il est incapable de jouer correctement la tragédie, il ne réussit que dans des genres inférieurs auprès de la partie des spectateurs la moins valable). En 1660, ses comédies constituent pour la première fois plus de la moitié des pièces jouées (110 sur 183). La troupe reçoit maintenant souvent des gratifications de la part du roi, ce qui compense le fait que la pension promise par Monsieur n'a jamais été versée.

Le 6 avril 1660, le frère cadet de Molière meurt. La charge de tapissier valet de chambre du roi lui revient de nouveau. Il la gardera jusqu'à sa mort. Elle impliquait qu'il se trouve chaque matin au lever du roi, un trimestre par an. Dans son acte d'inhumation, il sera dit « Jean-Baptiste Poquelin de Molière, tapissier, valet de chambre du roi », sans autre qualification : à cette époque, la charge était prestigieuse, alors que le métier de comédien ne l'était pas.

Le 11 octobre 1660, la troupe se trouve brusquement à la rue. On démolit le théâtre du Petit-Bourbon pour bâtir la colonnade du Louvre. Mais Molière n’est pas en disgrâce. Le 21, le roi l’invite pour jouer l’Etourdi et les Précieuses. Le 26, il rejoue les mêmes pièces chez le cardinal Mazarin malade en présence du roi qui lui attribue une nouvelle salle appartenant à la couronne (donc gratuite elle aussi), celle du Palais-Royal.


Le théâtre du Palais-Royal

Le théâtre, construit par le cardinal Richelieu vingt ans plus tôt, est délabré ; la salle doit être refaite. Philippe d'Orléans convainc le Roi de la restaurer et de l'attribuer à la troupe de Molière. Après des travaux effectués sous la houlette d’Antoine de Ratabon, surintendant général des bâtiments, elle rouvre le 20 janvier 1661. Le 4 février, Molière donne une nouvelle pièce, une tragi-comédie, Dom Garcie, où il joue le rôle principal. Devant être arrêtée après sept représentations, c’est un échec qui le ramène définitivement, comme auteur, sur le terrain de la comédie. Voltaire dans sa Vie de Molière dit qu'il « avait une volubilité dans la voix et une espèce de hoquet qui ne pouvait convenir au genre sérieux, mais qui rendait son jeu comique plus plaisant ». Son débit parlé n'était donc pas fluide. Ses expériences dans le genre sérieux lui ont été le plus souvent néfastes.

Fin avril 1661 (après les trois semaines de fermeture impératives de Pâques), on entame la nouvelle saison avec des reprises. Molière continue de mêler comédies et tragédies. La troupe compte maintenant sept acteurs et cinq actrices : Molière, les trois Béjart, les couples De Brie, Du Parc et Du Croisy, plus l’Epi et Lagrange. Molière demande deux parts au lieu d’une dans le partage, jusque là égalitaire, de la recette. La troupe accepte, mais précise que s’il se marie avec une actrice, le ménage n’aura que deux parts.


L'emplacement actuel du théâtre de Molière avec une plaque commémorative




A gauche une vue des bâtiments actuels (aile orientale du Palais-Royal) avec, à droite, une plaque commémorative retraçant les événements survenus en ce lieu.



A gauche une vue des bâtiments actuels (aile orientale du Palais-Royal) avec, à droite, une plaque commémorative retraçant les événements survenus en ce lieu.


A gauche une vue des bâtiments actuels (aile orientale du Palais-Royal) avec, à droite, une plaque commémorative retraçant les événements survenus en ce lieu.





Le 24 juin 1661, une nouvelle comédie en trois actes, L'École des maris (6e pièce de Molière qui joue Sganarelle) est un succès. Succès qui amène le surintendant Fouquet à commander une pièce pour une fête qu’il organise pour le roi dans son château de Vaux-le-Vicomte. C’est la première fois que Molière crée une pièce pour la cour. Connaissant le goût de Louis XIV pour les ballets, il crée un nouveau genre, la comédie-ballet, intégrant comédie, musique et danse : les entrées de ballet sont placées au début et dans les entractes de la comédie et ont le même sujet. Le 17 août 1661, Les Fâcheux sont un succès. Le roi ayant observé qu’un fâcheux auquel Molière n’avait pas pensé méritait sa place dans la galerie, Molière modifie rapidement le contenu de sa pièce. C’est un tournant décisif pour lui : il a attiré l’attention de Louis XIV.

Le 4 septembre, Les Fâcheux sont donnés au théâtre du Palais-Royal avec « ballets, violons, musique » et en faisant « jouer des machines ». Les recettes montent en flèche. Fin décembre, le roi vient voir la pièce dans son adaptation parisienne. La saison est une des meilleures de la troupe. Les recettes viennent essentiellement des représentations publiques (90 % des bénéfices). Le roi n’a rien donné cette année-là. La troupe peut vivre de son seul public parisien : « Son succès, écrit Roger Duchêne, Molière le doit beaucoup à ceux qui viennent le voir jouer au Palais-Royal, un peu aux personnalités qui l’ont invité, nullement à Louis XIV. C’est sur sa réussite à Paris que s’est greffée l’invitation de Fouquet à Vaux-le-Vicomte et, par contrecoup, un début d’intérêt du roi. »


Le mariage de Molière

Le 23 janvier 1662, Molière signe son contrat de mariage avec Armande Béjart. Il a quarante ans, elle en a vingt. Contrairement à l'usage du milieu, le mariage se fait dans la plus stricte intimité, avec un minimum de témoins. La cérémonie religieuse a lieu le 20 février 1662 en l'église Saint-Germain-l’Auxerrois à Paris.

Sur le contrat de mariage, Armande est la sœur de Madeleine, l’ancienne maîtresse de Molière. L’opinion commune des contemporains va faire d’Armande la fille de Madeleine. Pendant la querelle de L’École des femmes, Montfleury, un comédien d’une troupe rivale, accuse Molière dans une requête au roi « d’avoir épousé la fille et d’avoir couché avec la mère » raconte Jean Racine qui ajoute : « Mais Montfleury n’est pas écouté à la cour ». Grimarest, dans sa Vie de Molière, dit qu’Armande est une fille que Madeleine avait eue avant de connaître Molière. Mais il vise essentiellement à laver son héros de l’accusation d’inceste lancée par Le Boulanger de Chalussay dans sa comédie satirique que Molière essaiera de faire interdire. L’extrait de baptême d’Armande, qui aurait pu mettre fin aux rumeurs, n’a jamais été fourni, ni même mentionné.

Pourquoi Molière a-t-il choisi une union dont il savait qu’elle allait faire scandale ?
« Il y fallait une raison très forte, » écrit Roger Duchêne « certainement pas l’amour. Sauf dans les comédies et les romans, il ne suffisait jamais, au XVIIe siècle, pour justifier un mariage. Molière n’avait pas besoin du notaire ni de l’Église pour coucher avec Madeleine et sans doute avec d’autres femmes. Il n’en avait pas davantage besoin pour coucher avec Armande (…) Le mariage de Molière est un mariage bourgeois. Un mariage dans lequel ont primé envers et contre tout, fût-ce le scandale, des considérations de famille et d’argent. » Madeleine aurait fait pression pour qu’il épouse Armande afin que les biens des Béjart, comme ceux du grand-père Poquelin passent à leurs héritiers. Ce serait un mariage de raison.

Sur les rapports sentimentaux de Molière et d’Armande, on a raconté beaucoup de choses mais on en ignore tout. Ils auront un fils Louis dont le roi acceptera d’être le parrain, apportant ainsi sa caution à Molière, baptisé le 24 février 1664 et mort à huit mois et demi, une fille Esprit-Madeleine, baptisée le 4 août 1665, morte en 1723 sans descendance, et un autre fils Pierre, baptisé le 1er octobre 1672 et mort le mois suivant.


Le temps des scandales
En mai 1662, la troupe est invitée à Saint-Germain et interprète huit comédies en moins d’une semaine devant le roi. En juin, elle fait un séjour de sept semaines à la cour et joue treize fois devant le roi. C’est la consécration. De mai à septembre, le roi assiste à vingt-quatre représentations de Molière, record qui ne sera jamais battu. Les gratifications royales représentent le tiers du bénéfice de la troupe pour la saison 1663-1664.


La querelle de L'École des femmes
Le 26 décembre 1662, Molière crée une grande comédie en cinq actes et en vers, L'École des femmes (8e pièce de Molière qui joue Arnolphe), mettant en cause les idées reçues sur la condition de la femme et le statut du mariage chrétien. C'est un succès immédiat et éclatant, comme il n'en a encore jamais connu et qui le consacre grand auteur, mais une partie de l’opinion l’accuse d’immoralité et d’impiété. La scène du le (« il m’a pris…le… ») est trouvée indécente, « rien de plus scandaleux », écrit Conti, « équivoque la plus grossière dont on ait jamais infecté les oreilles des chrétiens » dira Bossuet. On lui reproche de parodier un sermon dans les recommandations d’Arnolphe à Agnès et les commandements de Dieu dans les « Maximes du mariage ou les devoirs de la femme mariée, avec son exercice journalier ».
La querelle de L’École des femmes va durer plus d’un an et faire beaucoup de bruit, sous la forme d’une cabale mondaine et d’une querelle littéraire. Des pièces mettant en cause la moralité de l’auteur et l’attaquant sur sa vie privée sont jouées par la troupe concurrente de l’Hôtel de Bourgogne.

Molière réplique en juin 1663 au Palais-Royal par La Critique de l'école des femmes et en octobre en créant à Versailles L'Impromptu de Versailles, « une comédie des comédiens », où se mêlent théâtre et réalité, dans l’improvisation et la parodie. La scène se passe à Versailles. C’est une répétition. Les acteurs de la troupe sont là avec leur propre nom et Molière leur donne ses instructions pour la pièce nouvelle qu’ils doivent jouer devant le roi. Avec un moment d’indignation émue de l’auteur à l’encontre de ses ennemis : « Qu’ils disent tous les maux du monde de mes pièces, j’en suis d’accord. Je leur abandonne de bon cœur mes ouvrages, ma figure, mes gestes, mes paroles, mon ton de voix (on lui reproche d’avoir une difficulté ou un tic de diction, de faire « un hoquet à la fin de chaque vers ») et ma façon de réciter (…) Mais ils doivent me faire la grâce de me laisser le reste. » Qu’on ne l’attaque pas sur sa vie privée. « Voilà toute la réponse qu’ils auront de moi. »

En juin, le roi accorde des gratifications aux gens de lettres ; Molière fait partie des bénéficiaires. Il écrit et publie son Remerciement au Roi. Sa gratification sera renouvelée tous les ans jusqu’à sa mort.


L’interdiction du Tartuffe

Le 29 janvier 1664, Molière présente au Louvre une comédie-ballet, Le Mariage forcé, dans laquelle il reprend son personnage de Sganarelle — un vieux Sganarelle à qui vient subitement le désir de se marier et qui entreprend une quête à la Panurge pour savoir s'il est promis au cocuage — et où le roi danse, costumé en Égyptien. Du 30 avril au 14 mai, la troupe est à Versailles pour les fêtes des Plaisirs de l'Île enchantée qui sont en quelque sorte l’inauguration des jardins de Versailles. C’est un véritable « festival Molière ». La troupe de Molière contribue beaucoup aux réjouissances des trois premières journées de fête (celles qui portent le nom de Plaisirs de l'Île enchantée) et le clou de la deuxième journée (le 8 mai) consiste en « une comédie galante, mêlée de musique et d’entrées de ballet » de Molière avec la collaboration de Lully pour la musique et de Beauchamp pour les ballets, La Princesse d'Élide. Après le retour à Paris d'une partie de la cour, dans la nuit du 9 mai, Louis XIV décide de poursuivre les réjouissances durant quatre jours supplémentaires (jusqu'à son départ pour Fontainebleau, prévu le 14) et demande notamment à Molière d'assurer les divertissements des soirées des 11, 12 et 13 mai. S'enchaînèrent ainsi les représentations des Fâcheux le 11 mai, d'une première version du Tartuffe le 12 mai, et de la petite comédie Le Mariage forcé le 13. C'était la première représentation du Tartuffe, (13e pièce de Molière qui jouait lui-même Orgon, le père de famille).

On ne connaît pas le texte de la version du Tartuffe jouée le 12 mai 1664, car le lendemain ou le surlendemain Louis XIV se résigna, à la demande de l'archevêque de Paris, son ancien précepteur, à défendre à Molière de la représenter en public (ce qui ne l'empêcha pas de la revoir, en privé avec une partie de la Cour, chez Monsieur, à Villers-Cotterêts, au mois de septembre). On connaît seulement la version considérablement remaniée pour la rendre acceptable, qu'il publiera cinq ans plus tard en 1669, aussitôt après avoir obtenu permission de la jouer.

Les critiques et les historiens ont essayé de préciser ce qu’était le premier Tartuffe de 1664. Longtemps induits en erreur par la note de présentation due à La Grange dans l'édition posthume de 1682, ils ont cru jusqu'à une date récente que la pièce jouée en mai et en septembre 1664 était une version incomplète qui ne comportait que les trois premiers actes: elle se serait donc terminée sur le triomphe de Tartuffe, qui s'apprête à épouser la fille de la maison, à disposer de tout le bien de la famille (le fils ayant été chassé par le père, Orgon, aveuglé par la fausse dévotion et la feinte humilité de Tartuffe) et à recevoir même le don de la demeure familiale de la main d'Orgon. En fait, depuis une cinquantaine d'années, les historiens de la littérature et du théâtre sont parvenus à montrer sans ambiguïté que le premier Tartuffe était une pièce complète en trois actes, qui mettait en scène une histoire connue depuis le Moyen Âge par de nombreuses versions narratives, celle « du religieux impatronisé qui tente de séduire la femme de son hôte et qui est démasqué et chassé grâce à la ruse de celle-ci». Ils expliquent que la version définitive de Tartuffe laisse encore clairement voir la trame initiale, qui se déroulait en trois temps correspondant aux trois actes : «(I) un mari dévot accueille chez lui un homme qui semble l’incarnation de la plus parfaite dévotion ; (II) celui-ci, tombé amoureux de la jeune épouse du dévot, tente de la séduire, mais elle le rebute tout en répugnant à le dénoncer à son mari qui, informé par un témoin de la scène, refuse de le croire ; (III) la confiance aveugle de son mari pour le saint homme oblige alors sa femme à lui démontrer l’hypocrisie du dévot en le faisant assister caché à une seconde tentative de séduction, à la suite de quoi le coupable est chassé de la maison.»

On conçoit que cette satire de la dévotion ait plu au roi, excédé par les admonestations des dévots à l'égard de sa conduite et, en particulier de ses amours adultères. Même si l’on sait aujourd’hui que l’influence de la Compagnie du Saint-Sacrement dont les membres se recrutaient dans l’aristocratie (Conti), la bourgeoisie parlementaire (Lamoignon) et le haut clergé (Bossuet), a été considérablement exagérée par les historiens anticléricaux de la fin du XIXe et du début du XXe siècles, il n’en reste pas moins que les dévots étaient toujours présents à la Cour où ils critiquaient le libertinage des mœurs, le luxe, les fêtes, la politique de prestige et même la politique extérieure du royaume.

On comprend donc en même temps que cette satire de la dévotion ait scandalisés ces milieux dévots, et que Louis XIV, qui venait de confier à l’archevêque de Paris, un de leurs principaux représentants, le soin de mener une guerre totale contre «la secte janséniste», se soit laissé convaincre par lui qu’il devait apparaître comme le défenseur de la Religion et de l’Église face à l’hérésie et donc renoncer à autoriser Molière à monter Tartuffe. Molière ne se laissa pas démonter : quelques semaines plus tard, il sut retourner à son avantage la violente attaque d’un dévot extrémiste, le curé Roullé qui l’avait traité, dans un de ses ouvrages intitulé Le Roi glorieux au monde, de «Démon vêtu de chair» et le menaçait du feu : il en appela au roi dans un premier «Placet» (été 1664) où il adoptait une posture de victime face aux hypocrites et à ceux qu’il appelait les faux dévots et qu’il opposait aux «vrais dévots», et où il prétendait que, loin d’avoir fait la satire de la dévotion, il n’avait fait que remplir sa fonction d’auteur de comédie, invoquant — pour la première fois de sa carrière — le traditionnel but moral de la comédie : «Le Devoir de la Comédie étant de corriger les Hommes en les divertissant, j’ai cru que dans l’emploi où je me trouve je n’avais rien de mieux à faire que d’attaquer par des peintures ridicules les vices de mon Siècle ; et comme l’Hypocrisie sans doute en est un des plus en usage, des plus incommodes, et des plus dangereux…»

Il entreprit alors de remanier sa pièce pour la mettre en conformité avec son argumentation défensive (tout en procurant un nouveau spectacle à son théâtre, Le Festin de Pierre, rebaptisé Don Juan après sa mort). Il transforma son personnage, qui quitta sa qualité de directeur de conscience laïc et son habit d’homme d’Église (grand chapeau, cheveux courts, petit collet, vêtements austères) pour devenir un aventurier louche qui se fait passer pour un homme du monde (dévot) afin de s’introduire dans une famille sous couleur de la religion pour en mettre le chef sous tutelle, en courtiser la femme, en épouser la fille et en détourner le bien à son profit. On sait par une lettre du duc d’Enghien datant de la fin d’octobre 1665 que Molière était en train de finir d’ajouter un quatrième acte à sa pièce (qui correspond au cinquième acte de la version définitive), de façon a créer un rebondissement : Tartuffe, devenu un escroc habile, ne se laissait plus chasser piteusement comme dans la version initiale, mais se révélait maître de la maison d’Orgon et de ses papiers compromettants. Du coup Molière peut produire à la dernière scène le coup de théâtre qui rétablit l’ordre familial bafoué par l’intrusion et les menées malhonnêtes de l’imposteur. L’intervention royale, telle que la décrit l’officier qui exécute ses ordres (v. 1904-1944), n’est pas simplement celle d’un deus ex machina, d’un dieu de théâtre descendu "de la machine" pour dénouer une action sans issue. Le roi est en effet présenté par l’Exempt qui arrête Tartuffe — au moment où celui-ci lui demandait d’arrêter Orgon — en garant de la véritable justice qui ne se laisse pas prendre aux apparences.». Autrement dit, Molière avait transformé sa pièce en pièce politique dans laquelle le roi intervenait à ses côtés pour condamner les hypocrites. Il ne lui restait plus qu’à intercaler un deuxième acte, consacré aux amours malheureuses de la fille de la famille (promise au nouveau Tartuffe devenu faux homme du monde) et de son amoureux (absents de la version primitive).

À la fin de juillet 1667, Molière profite d’un passage du roi chez son frère et sa belle-sœur (« Madame », Henriette d’Angleterre) à Saint-Cloud pour lui arracher l’autorisation de représenter cette nouvelle version. La pièce s’appelle désormais L’Imposteur et Tartuffe est devenu Panulphe. Elle est créée le 5 août au Palais-Royal devant une salle comble. Mais l’interdiction est immédiate et il n’y a pas de seconde représentation. Le président du Parlement Lamoignon (chargé de la police en l’absence du roi qui mène campagne en Flandres et fait le siège de Lille) fait rappeler à la troupe par huissier que Le Tartuffe est interdit. L’archevêque de Paris fait défense, sous peine d’excommunication, de représenter, lire ou entendre la pièce incriminée. Molière tente des démarches inutiles auprès du roi (deux comédiens font le voyage jusqu’à Lille pour apporter de sa part un second Placet au Roi), car l’intervention de l’archevêque lui a lié les mains.

Il faudra attendre encore un an et demi, et la fin de la guerre contre les jansénistes qui permit à Louis XIV de retrouver ses coudées franches en matière de politique religieuse : l’autorisation définitive de Tartuffe — désormais intitulé Le Tartuffe ou l’Imposteur — intervint « au moment exact de la conclusion définitive de la Paix de l’Église, aboutissement de longues négociations entre d’un côté les représentants du roi et le nonce du pape et de l’autre les représentants des Messieurs de Port-Royal et des évêques jansénistes. La coïncidence est frappante : l’accord conclu en septembre 1668, c’est le 1er janvier 1669 qu’une médaille commémorant la Paix de l’Église fut frappée. Et c’est le 3 février, deux jours avant la première du Tartuffe, que le nonce du pape remit à Louis XIV deux « brefs » dans lesquels Clément IX se déclarait entièrement satisfait de la « soumission » et de « l’obéissance » des quatre évêques jansénistes.»

Le Tartuffe définitif fut ainsi créé le 5 février 1669. C’est le triomphe de Molière, sa pièce le plus longtemps jouée (72 représentations jusqu’à la fin de l’année), son record de recettes (2860 livres le premier jour, six recettes de plus de 2000 livres, 16 de plus de 1000, une moyenne de 1337 livres contre 940 pour L’École des femmes). L’affaire du Tartuffe est aussi une affaire d’argent.


Triomphe et oubli de Dom Juan
Le dimanche 15 février 1665, Dom Juan (14e pièce de Molière qui joue Sganarelle) est représenté pour la première fois sous le titre Le Festin de Pierre. Ce fut un véritable triomphe, qui dépassa même celui de L'École des femmes et qui s'accrut encore durant les deux semaines suivantes; ce n'est qu'à compter du début du mois de mars que les recettes commencèrent à diminuer progressivement pour arriver à un chiffre moyen lors de la dernière représentation avant le relâche de Pâques (le vendredi 20 mars). Pour expliquer le choix de ce sujet peu dans la manière de Molière et les raisons pour lesquelles il a donné lieu à une comédie à grand spectacle, les historiens du théâtre ont récemment fait observer que si Molière et ses compagnons, qui avaient besoin d'un succès du fait de l'interdiction du Tartuffe, ont songé à donner leur propre version du sujet très populaire du "Festin de Pierre" (Convitato di pietra) que les Italiens (qui jouaient quatre jours par semaine dans la même salle du Palais-Royal) reprenaient presque chaque année à l'occasion du Carnaval, c'est que ces mêmes comédiens italiens étaient retournés depuis l'été de 1664 en Italie et que la voie était libre au Palais-Royal pour un Festin de Pierre dû à la plume de Molière. La troupe consentit à des dépenses importantes pour offrir à son public une pièce à grand spectacle avec machines et surtout décors magnifiques agrémentés de six changements à vue.

Au bout de six semaines de succès, le théâtre ferma pour le relâche de Pâques. À la réouverture, la pièce avait disparu. Le texte d'origine ne sera plus joué avant 1841, un siècle et demi plus tard. Les critiques de la fin du XIXe et du XXe siècles ont estimé que Molière avait dû recevoir le conseil, sans doute du roi, de renoncer à sa pièce, comme si, pour pouvoir sauver Tartuffe, il fallait sacrifier Dom Juan. Le fait qu'à partir de la deuxième représentation la scène du pauvre ait été amputée des sept dernières répliques, sans doute jugées un peu trop provocatrices, a semblé longtemps corroborer cette hypothèse. Les recherches des dix dernières années ont conduit les historiens du théâtre à revenir sur cette interprétation.

On observe en effet que la publication quelques semaines plus tard d'un violent libelle émanant des milieux dévots (Observations sur une comédie de Molière intitulée le Festin de pierre) — qui accuse Molière d'avoir "fait monter l'athéisme sur le théâtre" (« L’impiété et le libertinage s’y présentent à tous moments à l’imagination » peut-on lire aussi) et qui s'en prend autant au Festin de Pierre qu'à Tartuffe — n'a nullement empêché qu'un Privilège pour l'impression de la pièce ait été accordé par la Chancellerie au cours des semaines suivantes, et que deux réponses successives au libelle, émanant de milieux favorables à Molière, n'ont pas laissé entendre que la pièce avait été étouffée, font de plus allusion à l'approbation du roi au sortir de la pièce et semblent inviter Molière à monter à nouveau le spectacle. Les auteurs de la récente édition de la Pléiade font valoir en outre que trois ans plus tard une autre pièce à grand spectacle de Molière (Amphitryon), créée elle aussi avec succès à l'occasion du Carnaval, n'a pas été reprise non plus après le relâche de Pâques: un parallélisme d'autant plus frappant qu'en 1665 la troupe était en mesure de proposer une nouveauté après la réouverture du théâtre (Le Favori de M Desjardins), alors qu'en 1668 elle n'avait sous la main aucune nouvelle création et dut se contenter de vivre de reprises, ne remontant finalement Amphitryon qu'à l'extrême fin du mois de juin. Or, selon les mêmes historiens, si Le Festin de Pierre n'a pas été rejoué à la fin du printemps comme devait l'être Amphitryon trois ans plus tard, c'est que les comédiens italiens venaient de rentrer à Paris, alternant de nouveau chaque jour avec la troupe de Molière sur la scène du Palais-Royal: sur cette scène encore mal équipée pour les machines, cette alternance quotidienne rendait impossible la reprise d'une pièce qui nécessitait un système complexe de décorations (près de cinquante châssis à manœuvrer).

Par la suite, tandis que les Italiens reprirent leur propre Convitato di pietra sur la même scène et que le Théâtre du Marais décidait en 1669 d'en donner à son tour une version française (Le Nouveau Festin de Pierre dû au comédien Rosimond), Molière semble avoir oublié la pièce dans ses cartons: sa rupture en 1666 avec le groupe de libraires qui avait assuré la publication de ses œuvres précédentes, parmi lesquels Louis Billaine qui avait fait enregistrer le Privilège d'impression du Festin de Pierre, le dissuada de donner à celui-ci une version revue et corrigée de sa pièce, qui ainsi ne fut pas publiée de son vivant.

Au mois de février 1677, quatre ans après la mort de Molière, le théâtre de l'Hôtel Guénégaud (issu de la fusion de l'ancienne troupe de Molière et de la troupe de l'ancien Théâtre du Marais), mit à l'affiche — sous le nom de Molière — une version versifiée et édulcorée de la pièce, due à la plume de Thomas Corneille qui collaborait depuis plusieurs années avec la nouvelle troupe pour produire des pièces à grand spectacle. Quinze ans plus tard, en publiant la pièce dans le cadre de l'édition de ses propres œuvres, Thomas Corneille expliqua à sa manière ce qui s'était passé (sans préciser qu'Armande Béjart, la veuve de Molière, lui avait payé 1100 livres ce travail de réécriture) :
"Cette Pièce, dont les comédiens donnent tous les ans plusieurs Représentations, est la même que feu M. de Molière fit jouer en Prose peu de temps avant sa mort. Quelques personnes qui ont tout pouvoir sur moi, m'ayant engagé à la mettre en vers, je me réservai la liberté d'adoucir certaines expressions qui avaient blessé les Scrupuleux. J'ai suivi la Prose dans tour le reste, à l'exception des Scènes du troisième et du cinquième Acte, où j'ai fait parler des Femmes. Ce sont des Scènes ajoutées à cet excellent Original, et dont les défauts ne doivent point être imputés au célèbre Auteur, sous le nom duquel cette Comédie est toujours représentée."
Effectivement cette version versifiée, édulcorée et légèrement transformée du Festin de Pierre continua d'être représentée sous le nom de Molière jusqu'au XIXe siècle.

Cinq ans plus tard, en 1682, la version en prose de Molière fut enfin publiée au tome VII de l'édition dite définitive des Œuvres de Monsieur de Molière. C'est alors que, pour distinguer cette version en prose de la version en vers toujours à l'affiche, la pièce changea de titre et devint Dom Juan ou le Festin de pierre. Les éditeurs et leurs conseillers (en particulier La Grange) se sentirent obligés d'amender certains passages délicats du texte. Mais cela ne parut pas suffisant pour la censure. Les exemplaires déjà imprimés furent « cartonnés » (des feuilles sont réimprimées et collées sur les pages d'origine) pour faire disparaitre les passages incriminés. Mais cela ne suffit pas encore aux censeurs, et, comme les coupes devaient beaucoup plus importantes, il fallut cette fois réimprimer entièrement plusieurs cahiers avant de les coudre au reste). C'est grâce à une édition pirate parue quelques mois plus tard à Amsterdam (1683) sous le titre de Le Festin de Pierre que nous connaissons l'intégralité du texte qui a été créé le 15 février 1665.

La pièce reprend les composantes essentielles des scenari italiens de la tradition du "Convitato di pietra" en s’efforçant de les distribuer dans les cinq actes d’une comédie française (les spectacles de la commedia dell’arte comportaient trois actes), ce qui nécessite la création de plusieurs scènes inédites.

Don Juan, jeune noble qui accumule les conquêtes féminines en contractant des mariages à répétition, puis en abandonnant ses victimes une fois l’union consommée, se voit rejoint par une de ses anciennes amantes, Done Elvire, qui s’est lancée à sa poursuite (acte I). Il parvient à se tirer de cette situation embarrassante et, indifférent aux remontrances de son valet Sganarelle, se met en route dans l’espoir de nouvelles aventures amoureuses . Un naufrage l’amène à proximité d’un village campagnard, ce qui lui fournit l’occasion de séduire deux jeunes paysannes (acte II). L’acte III le montre en train d’échanger, avec Sganarelle, puis avec un pauvre qui lui demande l’aumône, des propos attentatoires à la religion, avant de le confronter aux frères de Done Elvire partis à sa recherche pour venger l’honneur de leur sœur. Ayant échappé provisoirement au règlement de compte, il trouve sur son chemin le tombeau d’un commandeur qu’il a tué récemment. Par bravade, il invite la statue de son ancienne victime à venir souper avec lui. L’homme de pierre relève le défi et se rend chez Don Juan et lui fixe un nouveau rendez-vous dans son propre tombeau (acte IV). En se rendant auprès de la statue, Don Juan est arrêté par cette dernière et entraîné en enfer (acte V).


L'apogée de sa carrière
Contrairement à une idée reçue depuis le XXe siècle, on ne voit pas que Molière ait eu à souffrir des scandales occasionnés par ses trois pièces les plus provocatrices. C'est justement dans les mois qui ont suivi Le Festin de Pierre (Dom Juan) qu'il a reçu la plus haute manifestation du soutien du roi, qui décida à la fin du printemps 1665 (décision entérinée au mois d'août) que la "Troupe de Monsieur" serait désormais la "Troupe du Roi". Comédies-ballets créées à la Cour et comédies unies créées à la Ville alternèrent avec un succès qui ne se démentit pas jusqu'à la mort brutale de Molière en février 1673. Et tous les critiques qui ont cru que Le Misanthrope (créé en juin 1666) manifestait le désarroi de Molière face aux difficultés rencontrées par Le Tartuffe et aux attaques des dévots n'ont pas pris garde au fait que, selon des témoignages convergents, Le Misanthrope a été entrepris dès la fin de 1663 ou au commencement de 1664, c'est-à-dire parallèlement au Tartuffe; de la même manière Le Misanthrope ne témoigne pas de l'amertume causée par de prétendues infidélités d'Armande, ignorées des contemporains immédiats et dont il ne fut pour la première fois question que dans un violent pamphlet largement postérieur à la mort de Molière.

Certes il dut patienter durant cinq ans avant que son Tartuffe reçoive enfin l'autorisation d'être représenté en public et il lui fallut transformer sa pièce pour gommer son côté trop manifeste de satire de la dévotion et pour la faire passer comme une dénonciation de l'hypocrisie ; mais le remaniement n'était que superficiel (l'Église et les dévots ne furent pas dupes et continuèrent de juger la pièce dangereuse) et il ne s'agissait nullement d'une forme d'autocensure. Si Molière n'a jamais voulu renoncer à cette pièce, quoique interdite, c'est qu'il se savait soutenu par les personnages les plus puissants de la Cour (à commencer par le Roi lui-même) et qu'il était certain qu'une comédie qui ridiculisait les dévots attirerait la foule dans son théâtre.

Parallèlement, Molière put donner l'impression de s'orienter vers des sujets en apparence inoffensifs: c'est du moins ainsi que l'interprétèrent les critiques du XXe siècle qui prêtèrent à Molière une conception de "l'engagement" propre à leur siècle. En fait, il passa d'une satire à une autre, en apparence plus inoffensive et moins dangereuse: celle de la médecine et des médecins — dont plusieurs chercheurs ont montré les liens avec la satire anti-religieuse.


La maladie ou les maladies de Molière ?

Du 29 décembre 1665 au 21 janvier 1666, le théâtre ferme. Le gazetier Robinet écrit dans une lettre du 28 février : « Molière qu’on a cru mort se porte bien. ». Le 16 avril 1667, le même Robinet écrit : « Le bruit a couru que Molière/Se trouvait à l’extrémité/Et proche d’entrer dans la bière. » Le théâtre reste fermé sept semaines au lieu de trois pour le relâche de Pâques. Ensuite, jusqu'à la mort de Molière, il ne sera plus jamais question de quelque maladie, au point que tous les contemporains sont frappés par la brutalité de l'événement, comme le correspondant parisien de la gazette d'Amsterdam qui s'écriera en février 1673: «Il est mort, mais si subitement qu’il n’a presque pas eu le loisir d’être malade».

C'est en fait depuis le XIXe siècle que médecins et biographes ont cherché à interpréter la mort de Molière et ont estimé que depuis la fin de 1665 ou le début de 1666, il devait être malade des poumons. En l'absence de tout témoignage sur ses maladies (à une époque où la moindre fièvre coûtait des semaines de lit), on doit s'en tenir à ce qu'on lit dans le registre de La Grange et dans la notice biographique de 1682, où il n’apparaît pas comme un malade chronique de la poitrine (comme affecté de ce que nous appellerions une tuberculose). C’est un homme solide sujet à des « fluxions sur la poitrine » (aujourd’hui, on parlerait de gros rhume souvent suivi de bronchite); en ce mois de février 1673, la bronchite dut dégénérer en pneumonie ou en pleurésie. Enfin, on observe que seules les interruptions du début de 1666 et de la fin de l'hiver 1667 sont directement imputables aux maladies de Molière. Pour le reste, toutes les interruptions interprétées depuis le XIXe siècle comme dues à la santé de Molière peuvent avoir toutes sortes de causes: indisposition passagère d’un acteur important (ainsi Armande Béjart qui jouait Psyché et qu'on crut mourante en septembre 1671), graves obligations familiales inopinées (ainsi la mort du second fils de Molière et d'Armande le 11 octobre 1672, qualifiée dans le registre de compte de la troupe par les termes «quelques indispositions»), fêtes religieuses, séjour à la Cour, décision collective de la troupe… Sans oublier les périodes troublées, comme cette fermeture de six semaines qui intervint au lendemain de l'interdiction du second Tartuffe (L'Imposteur) le 5 août 1667. Le théâtre ne rouvrit que le 25 septembre et le gazetier Robinet célébra la reprise quelques jours plus tard en soulignant les raisons du long relâche du Palais-Royal : «J'oubliais une nouveauté / Qui doit charmer notre cité. / Molière, reprenant courage, / Malgré la bourrasque et l’orage, / Sur la scène se fait revoir: / Au nom des Dieux, qu'on l'aille voir.»


La troupe
En août 1665, le roi veut que la troupe prenne le titre de troupe du roi au Palais-Royal (pour Molière, c’est une extraordinaire promotion) et reçoive une pension de 6 000 livres par an. .

La troupe est d’une stabilité exemplaire. À Pâques 1670, elle compte encore quatre acteurs (Molière, Madeleine Béjart et sa sœur Geneviève) de l’Illustre Théâtre. Sept en faisaient partie lors des débuts à Paris (les mêmes plus Louis Béjart et le couple De Brie). Neuf y jouent depuis le remaniement de 1659 (les mêmes plus La Grange et Du Croisy).

Les nouveaux sont La Thorillière (1662), Armande (1663) et André Hubert (1664). Un seul départ volontaire dans la concurrente de l’hôtel de Bourgogne : celui de la Du Parc, maîtresse de Jean Racine qui va faire d’elle la vedette d’Andromaque. Un seul départ à la retraite : celui de l’Epi. En 1670, Louis Béjart demande à son tour à quitter le métier. Il a 40 ans. Les comédiens s’engagent à lui verser une pension de 1 000 livres aussi longtemps que la troupe subsiste. Le 28 avril, ils recrutent le jeune Baron (Molière, tenant absolument à l’avoir dans sa troupe obtient une lettre de cachet du roi pour l’enlever, malgré son contrat, à la troupe de campagne dont il fait partie), dix-sept ans, avec une part et le couple Beauval, comédiens chevronnés, avec une part et demie. La compagnie compte désormais huit comédiens et cinq comédiennes, pour douze parts et demie.

Le 17 décembre 1671, Madeleine Béjart meurt. Elle est inhumée sans difficulté. Avant de recevoir les derniers sacrements, elle a signé la renonciation suivante : « Je soussignée promets de renoncer et renonce dès à présent à la profession de comédienne. » Elle jouissait d’une très large aisance. Son testament favorise largement sa sœur (ou sa fille) Armande.

Pour les comédiens de Molière, c’est l’aisance. Pour les cinq dernières saisons (1668-1673), le bénéfice total annuel de la troupe (bénéfice du théâtre, plus gratifications pour les visites, plus gratifications du roi, plus pension du roi) est en moyenne de 54 233 livres pour les cinq dernières saisons contre 39 621 livres les cinq saisons précédentes, à répartir en 12 parts environ.

Molière est riche. Roger Duchêne a calculé que, pour la saison 1671-1672, Molière et sa femme ont reçu 8 466 livres à eux deux pour leurs parts de comédiens, plus ce que Molière a eu de la troupe comme auteur et ce que les libraires lui ont versé pour la publication de ses pièces. Il s’y ajoute les rentes des prêts qu’il a consentis et les revenus qu’Armande tire de l’héritage de Madeleine, soit au total plus de 15 000 livres, l’équivalent, ajoute-t-il, du montant de la pension que verse Louis XIV au comte de Grignan pour exercer sa charge de lieutenant général au gouvernement de la Provence.


Les dernières saisons théâtrales
Les saisons théâtrales commencent après la clôture de Pâques qui dure environ trois semaines.

Saison 1665-1666 : Le 15 septembre 1665, Molière donne à Versailles une comédie-ballet, L'Amour médecin, où il raille les médecins. La pièce a été « proposée, faite, apprise et représentée en cinq jours ». Le 4 décembre, la troupe joue avec succès Alexandre le Grand de Jean Racine qui, dix jours plus tard, confie sa pièce à l'Hôtel de Bourgogne, ralliant ouvertement le camp de ceux qui jugent les comédiens de Molière incapables de jouer la tragédie.

Saison 1666-1667 : Le 4 juin 1666, c’est la première du Misanthrope (16e pièce de Molière qui joue Alceste). La pièce sera jouée 299 fois jusqu’à la fin du règne de Louis XIV. Les liens entre le climat de la pièce et l’humeur de l'auteur sont probables si l’on tient compte du contexte : Tartuffe interdit, Dom Juan étouffé, la campagne de calomnies se développant contre lui. Le 6 août, Molière crée au Palais-Royal une farce, pleine de verve, Le Médecin malgré lui.
Le 1er décembre 1666, la troupe part à Saint-Germain pour de grandes fêtes données par le roi qui mobilisent tous les gens de théâtre de Paris et dureront jusqu’au 27 février 1667. Elle est employée dans le Ballet des Muses et donne trois comédies (Pastorale comique, Mélicerte, Le Sicilien). Le poète de la cour Bensserade écrit à cette occasion:



Le célèbre Molière est dans un grand éclat
Son mérite est connu de Paris jusqu’à Rome.
Il est avantageux partout d’être honnête homme


Mais il est dangereux avec lui d’être un fat.
Mais cette fois Molière n’a rien écrit qui fasse penser. Ses ennemis aussi peuvent secrètement triompher.

Saison 1667-1668 : Le 13 janvier 1668, la première d’ 'Amphitryon est donnée au Palais-Royal. Le roi et la cour assistent à la 3e représentation aux Tuileries.

Saison 1668-1669 : C’est une saison faste. On a beaucoup joué au théâtre du Palais-Royal : 192 représentations, 47 507 livres de bénéfice pour le théâtre, 60 247 livres de bénéfice total pour onze parts. Sur 22 pièces mises à l’affiche, 12 sont de Molière.
Pour la paix d’Aix-la-Chapelle (2 mai 1668), le roi donne à sa cour des fêtes splendides. Plus de deux mille personnes assistent au Grand Divertissement royal, pastorale avec chants et danse. La musique est de Lully, les paroles de Molière. La comédie de George Dandin est enchâssée dans la pastorale. L’Avare (22e pièce de Molière qui joue Harpagon) est joué pour la première fois le 9 septembre au Palais-Royal. Molière y dénonce l’omniprésence de l’argent dans la société de son temps. Il ne la jouera que 47 fois dans son théâtre.

Ses meilleurs films

L'Avare (1980)
(Pièce de théatre)
Les Fourberies de Scapin (1981)
(Créateur de nouvelle)
Le Bourgeois gentilhomme (1982)
(Ecrivain du scénario)

Le plus souvent avec

Roger Coggio
Roger Coggio
(3 films)
Tonino Cervi
Tonino Cervi
(2 films)
Alberto Sordi
Alberto Sordi
(2 films)
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Filmographie de Jean-Baptiste Poquelin (25 films)

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Scénariste

Le Bourgeois gentilhomme, 1h45
Réalisé par Christian de Chalonge, Yves-André Hubert
Genres Comédie
Acteurs Martine Chevallier, Christian Clavier, Michèle Bernier, Michel Robin, Constance Dollé, Éric Génovèse
Rôle Ecrivain
Note63% 3.1613.1613.1613.1613.161
Monsieur Jourdain, parvenu enrichi et naïf, rêve d'être reconnu dans la haute société. Il engage à cet effet des maîtres de musique, de danse, de philosophie. La folie des honneurs, des décorations, de la puissance s'est emparée de notre bourgeois...
Le Malade imaginaire, 2h
Réalisé par Christian de Chalonge
Genres Comédie
Acteurs Christian Clavier, Marie-Anne Chazel, Vladimir Yordanoff, Judith Davis, Didier Bénureau, Armelle Deutsch
Rôle Ecrivain
Note63% 3.198143.198143.198143.198143.19814
Saignées et lavements sont le quotidien d'Argan, un riche bourgeois hypocondriaque, autour duquel les praticiens s'affairent. Afin d'avoir un docteur à demeure, ce malade imaginaire décide d'unir sa fille Angélique à Thomas Diafoirus, un jeune médecin. Or la jeune femme est éperdument amoureuse de Cléante, un artiste sans le sou. Aidés par Toinette, la servante, les amants trompent la vigilance d'Argan…
The Miser
The Miser (2005)

Réalisé par Christian de Chalonge
Genres Comédie
Acteurs Michel Serrault, Jackie Berroyer, Nada Strancar, Nicolas Vaude, Cyrille Thouvenin, Micha Lescot
Rôle Pièce de théatre
Note66% 3.31243.31243.31243.31243.3124
Élise, fille d'Harpagon, s'entretient avec Valère, son soupirant. Par amour pour elle, le jeune homme s'est fait engager comme intendant dans la maison de son père, affectant continuellement d'approuver le grincheux pour mieux gagner sa confiance. Mais Élise craint fort que le vieil homme, aveuglé par son avarice, ne s'oppose à son union avec Valère, bien né mais pour l'heure désargenté... Peu après, Cléante, le frère d'Élise, vient s'ouvrir à elle de ses propres tourments. Tombé amoureux de la belle Mariane, la fille d'une veuve du voisinage, il redoute également que leur père ne contrarie ses projets de mariage avec elle...
Don Juan
Don Juan (1998)
, 1h44
Réalisé par Jacques Weber
Origine France
Genres Comédie, Romance
Thèmes Théâtre, Adaptation d'une pièce de théâtre
Acteurs Jacques Weber, Michel Boujenah, Emmanuelle Béart, Penélope Cruz, Ariadna Gil, Denis Lavant
Rôle Ecrivain
Note47% 2.367472.367472.367472.367472.36747
L'histoire est celle de la célèbre pièce Dom Juan de Molière, le texte étant revu et « déconstruit » par Jacques Weber.
L'avaro
L'avaro (1990)
, 1h57
Réalisé par Tonino Cervi
Origine Italie
Genres Comédie
Thèmes Théâtre, Adaptation d'une pièce de théâtre, Molière au cinéma
Acteurs Alberto Sordi, Laura Antonelli, Valérie Allain, Miguel Bosé, Lucia Bosè, Franco Interlenghi
Rôle Pièce de théatre
Note60% 3.010023.010023.010023.010023.01002
Harpagon vit à Rome dans les années 1600. Pour éviter de se marier avec la sœur du cardinal Spinosi déjà mariée trois fois par intérêt et dont les maris sont tous morts dans des circonstances mystérieuses, il invente un mensonge selon lequel il est prêt à se marier avec une femme déjà enceinte. Il demande à Frosina, tenancière d’une maison close de vite lui trouver une femme convenable.
Dandin
Dandin (1988)
, 1h53
Réalisé par Roger Planchon
Origine France
Genres Comédie
Thèmes Théâtre, Adaptation d'une pièce de théâtre
Acteurs Claude Brasseur, Zabou Breitman, Daniel Gélin, Nelly Borgeaud, Jean-Claude Adelin, Évelyne Buyle
Rôle Book
Note59% 2.99142.99142.99142.99142.9914
Dandin, un riche paysan a épousé Angélique, fille des Sotenville, pour acquérir un titre de noblesse. Angélique, à qui on n'a pas demandé son avis, lutte contre sa servitude, et Dandin finit par se rendre compte qu'il s'est marié au-dessus de sa condition.
Monsieur de Pourceaugnac, 1h31
Origine France
Genres Comédie
Thèmes Théâtre, Adaptation d'une pièce de théâtre, Molière au cinéma
Acteurs Michel Galabru, Roger Coggio, Fanny Cottençon, Jérôme Anger, Jean-Paul Roussillon, Rosy Varte

Monsieur de Pourceaugnac, ridicule tant par ses vêtements que par son comportement, se rend du Limousin à Paris pour y épouser Julie. Elle est la fille d'Oronte. C'est lui qui a arrangé le mariage. Mais Julie et Eraste s'aiment. Et ils ont décidé d'empêcher le mariage prévu, grâce aux intrigues de Sbrigani, aidé de Nérine et Lucette. Eraste accueille M. de Pourceaugnac, lui fait croire qu'il est un vieil ami de sa famille et lui présente Sbrigani, pour le guider à Paris.
Le Tartuffe, 2h20
Réalisé par Gérard Depardieu
Origine France
Genres Drame, Comédie
Thèmes Théâtre, Adaptation d'une pièce de théâtre, Molière au cinéma
Acteurs Gérard Depardieu, François Périer, Élisabeth Depardieu, André Wilms, Yveline Ailhaud, Hélène Lapiower
Rôle Pièce de théatre
Note61% 3.096973.096973.096973.096973.09697
Orgon est un homme de biens dupé par la fausse piété du sans le sou Tartuffe. Orgon le prend dans sa maison, le croyant un parangon de vertu. Orgon ordonne à sa fille de rejeter son fiancé et d'épouser Tartuffe. D'abord Dorine, la servante de la famille, tente une stratégie pour éviter le mariage ; puis le fils d'Orgon tente sa chance. Ils irritent Orgon, et pour prouver la puissance paternelle, il déshérite son fils et fait de Tartuffe son héritier. Ensuite, la femme d'Orgon essaie d'apporter un aperçu à son mari, un stratagème qui se retourne partiellement contre lui. Avec l'huissier à la porte ordonnant à Orgon de quitter sa propre maison et avec Tartuffe à la cour pour prouver qu'Orgon est un traître, tout semble perdu.
L'École des femmes
Réalisé par Ingmar Bergman, Alf Sjöberg
Genres Drame, Comédie
Acteurs Allan Edwall, Lena Nyman, Stellan Skarsgård, Björn Gustafsson, Ulla Sjöblom, Lasse Pöysti
Rôle Ecrivain
Note64% 3.2320953.2320953.2320953.2320953.232095
Le téléfilm est en fait une captation télévisuelle de la pièce de théâtre de Molière, L'École des femmes.
Le Bourgeois gentilhomme, 2h15
Réalisé par Roger Coggio
Origine France
Genres Comédie
Thèmes Théâtre, Adaptation d'une pièce de théâtre, Molière au cinéma
Acteurs Michel Galabru, Rosy Varte, Élisabeth Margoni, Franck Cabot-David, Roger Coggio, Xavier Saint-Macary
Rôle Ecrivain du scénario
Note53% 2.6870252.6870252.6870252.6870252.687025
Monsieur Jourdain, parvenu enrichi et naïf, rêve d’être reconnu dans la haute société. Il engage à cet effet des maîtres de musique, de danse, de philosophie. La folie des honneurs, des décorations, de la puissance s’est emparée de notre bourgeois.
L'Avare
L'Avare (1980)
, 2h
Réalisé par Louis de Funès, Jean Girault
Origine France
Genres Comédie
Thèmes Théâtre, Adaptation d'une pièce de théâtre, Molière au cinéma
Acteurs Louis de Funès, Michel Galabru, Claude Gensac, Hervé Bellon, Franck Cabot-David, Georges Audoubert
Rôle Pièce de théatre
Note65% 3.2882153.2882153.2882153.2882153.288215
Le riche et avare Harpagon n'aime que son argent. Il voit des voleurs partout et soupçonne tout le monde de vouloir lui voler son argent.
Il malato immaginario, 1h47
Réalisé par Tonino Cervi
Origine Italie
Genres Comédie
Thèmes Théâtre, Adaptation d'une pièce de théâtre, Molière au cinéma
Acteurs Alberto Sordi, Laura Antonelli, Bernard Blier, Christian De Sica, Ettore Manni, Vittorio Caprioli
Rôle Pièce de théatre
Note60% 3.0490253.0490253.0490253.0490253.049025
Argante est un riche propriétaire terrien convaincu qu’il est malade. En fait, c’est un hypocondriaque. Sa phobie l’amène à s'entourer de compétences médicales discutables. La pièce est tirée de l'œuvre originale de Molière, en trois actes, écrite en 1673. Molière aimait décrire à travers ses personnages le retard de la médecine de son temps. L’action se déroule à Rome en proie à la pauvreté et à la violence des révoltes paysannes causées par la faim. Les paysans en colère envahissent la maison d’Argante car il a entièrement converti ses terres en pâturages, laissant aux pauvres paysans sans terre …..le soin de cultiver des céréales. La moitié seulement des terres devait être convertie. Argante est entouré de faux-jetons, qui passent leur temps à comploter derrière son dos: administrateur des terres qui ne respecte pas les compromis, médecins qui spéculent sur sa maladie imaginaire, avec d'étranges théories médicales infondées, sa propre épouse, qui souhaite sa mort dans le but d'empocher l'héritage. Les seules personnes qui l’aiment vraiment sont sa fille Angelica et sa servante Tonina. Argante ne découvre cet amour vrai de sa fille que lorsque, sentant sa fin venir, il découvre la vérité avec l’aide de sa servante. Argante finit par se réconcilier avec Angelica avec qui il s'était querellé parce qu’elle refusait d'épouser de force un médecin nommé Claudio.
Le Misanthrope, 1h55
Réalisé par Ingmar Bergman
Genres Comédie
Acteurs Hanne Borchsenius, Holger Juul Hansen, Paul Hüttel, Henning Moritzen, Erik Mørk, Ghita Nørby
Rôle Auteur
Note67% 3.358043.358043.358043.358043.35804
Adaptation du Misanthrope de Molière par Bergman.