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Laurent Roth, né à Paris en 1961, est un auteur, réalisateur, scénariste et acteur français.
Biographie
Après des études littéraires (khâgneux au lycée Henri-IV, il est admissible à l’ENS-Ulm – major en philosophie – et obtient par la suite une maîtrise de philosophie esthétique avec Jean-François Lyotard), il profite de son service militaire pour se former au métier de cinéaste au sein de l’Établissement cinématographique et photographique des Armées.
Carrière de réalisateur
En 1984, il réalise son premier court-métrage de fiction en 16 mm, Marie ou le retour. Sophie Maintigneux est directrice de la photographie. Fable familiale de l'attente et de l'absence influencée par le cinéma de Philippe Garrel, dont Laurent Roth découvre l'œuvre lors de la rétrospective qui lui est consacrée au Studio 43 en 1983.
L'année suivante il réalise un court-métrage documentaire en 16 mm, Henri Alekan, des Lumières et des Hommes, consacré à la carrière et à l'œuvre d'Henri Alekan, directeur de la photographie de La Bataille du rail de René Clément, de La Belle et la Bête de Jean Cocteau ou encore de Les Ailes du Désir de Wim Wenders. Henri Alekan y commente avec force détails sa théorie de la lumière telle qu'il l'expose dans son ouvrage somme Des Lumières et des Ombres, alors sous presse.
Il réalise son premier film de commande (par l'Établissement cinématographie et photographique des Armées) en 1986, Les Yeux Brûlés. Il y mêle fiction et documentaire sur le sujet des reporters de guerre de l'armée française, tourné en 35 mm à l'aéroport de Roissy. Le rôle principal est attribué à Mireille Perrier qui vient d'être révélée par Boy meets girl de Leos Carax et Elle a passé tant d'heures sous les sunlights de Philippe Garrel. L'actrice, candide et désarmée, questionne avec insistance les anciens du Service Cinématographique des Armées, certains devenus célèbres comme Raoul Coutard, Marc Flament et Pierre Schoendoerffer. Raymond Depardon, ancien de la revue TAM, participe au projet et donne sa voix pour le commentaire du film. Restauré en 2015 par le CNC à l'occasion du centenaire de l'ECPAD, il est sélectionné au Festival de Cannes dans la sélection officielle Cannes Classics, en 2015. Le film sort en salle le 11 novembre 2015 et connaît un vif succès critique.
Le réalisateur poursuit son exploration de la frontière entre documentaire et fiction avec Modèle depuis toujours en 1988, L'Impromptu de Jacques Copeau en 1993, qu'il qualifie lui-même de "fantaisies documentaires".
Dans Modèle depuis toujours, un modèle professionnel témoigne à partir de deux séances de pose, l’une collective, l’autre individuelle : Claire-Marie Magen dit ce qu’elle vit, craint, espère, ce qu’elle souhaite donner lorsqu'elle s'offre nue au regard de l'artiste. Claire-Marie Magen est filmée par Laurent Roth lui-même, pour la première fois à la caméra : à l'Académie de la Grande Chaumière à Paris 6e ; et en privé et en plein air avec le peintre Michel Lascault à Mons-en-Montois (Seine-et-Marne). Dans ce film, Claire-Marie Magen dit en voix off une partie de son texte "Modèle depuis toujours" qu'elle avait écrit au préalable, et qui témoigne de sa vie de modèle depuis l'enfance.
Jeu théâtral filmé, alternant avec des documents d’archives, L’Impromptu de Jacques Copeau, diffusé sur Arte, mélange les genres. Un studio plongé dans l'obscurité, un tréteau nu, quatre chaises, une table, un magnétophone, un projecteur, quelques livres et photos : voici les éléments de la machine à mémoire de l'Impromptu de Jacques Copeau. En régisseur replié dans les gradins, Laurent Roth dirige quatre comédiens (dont Catherine Dasté et Marie Rivière) qui interprètent les textes que Jacques Copeau a laissés sur la scène. À la mise-en-scène théâtrale viennent s'ajouter la voix du dramaturge (enregistrée pour la radio en 1945) et des images d'archives.
Depuis 2003, Laurent Roth entame un cycle où il se met lui-même en scène, avec notamment Une maison de Famille en 2004 et J'ai quitté l'Aquitaine en 2005, qui exploitent la même matière filmée dans deux versions différentes. Le premier est diffusé sur France 2, le deuxième sur France 3 Aquitaine. J'ai quitté l'Aquitaine est une fiction documentaire où le réalisateur joue son propre rôle, un rôle décalé qui lui permet d'interroger les membres de sa famille. À l'aide d'un jeu de construction pour enfant, il propose à chacun de reconstituer le domaine familial du Cap-Ferret tel qu'il persiste dans leur esprit et interroge ainsi la part d'enfance qui subsiste en chacun d'eux. Un article consacré au film dans le journal quotidien Le Monde en propose ce résumé : « Cette fiction du réel, généreuse et sensible, explore ainsi l’univers de la réminiscence, avec ce qu’il charrie de crispation, de doute et de solitude. Les vieilles rancœurs succèdent aux rires joyeusement remémorés pour parfois atteindre la plus cinglante franchise. Dès lors, ce passé commun, successivement exhumé, souligne avant tout la singularité des histoires. "Comment vivre ensemble ?" : c’est la question que pose la conjonction de ces différents récits. Esprit de famille es-tu là ? » En 2009 est édité le film Ranger les photos', co-réalisé avec Dominique Cabrera en 1998, un court-métrage documentaire tourné-monté, également consacré à la mémoire familiale et ce qu'il en reste dans les photos de famille, celles de Dominique en l'occurrence : c'est l'occasion pour la réalisatrice d'aborder ces thèmes de l'intime qui lui sont favoris et que l'on retrouve dans Demain et encore demain et Grandir, ses deux films autobiographiques.
À la suite de l'écriture de la pièce La Joie lors d'une résidence au Centquatre, Laurent Roth réalise Écoute, Israël (en 2014) et La Joie (en 2015) avec Mathieu Amalric, seul dans le premier film et avec Mireille Perrier dans le second, qui lisent un texte écrit par le cinéaste, assis à une table sur la scène du théâtre du Rond-Point. Il filme le processus de travail des comédiens et seules quelques brèves images d'un voyage en Israël durant la première Intifada viennent interrompre cette étude des comédiens au travail où s'invitent peu à peu des éléments de fantastique.
À l'occasion de la sortie en DVD de son premier long-métrage Les Yeux brûlés le 5 décembre 2017, Laurent Roth réalise Pierre Schoendoerffer, La Peine des hommes, intégrale de l'entretien de Pierre Schoendoerffer avec Mireille Perrier lors du tournage de Les Yeux brûlés, reconstitué d’après les rushes sonores du film : l’auteur de la 317e section et du Crabe-tambour y commente avec passion le métier de la guerre, l’art de la filmer et le sort de son frère d’armes Jean Péraud disparu à Diên Biên Phu. En conclusion, un montage d’archives présente la libération de Pierre Schoendoerffer au milieu des soldats français prisonniers du Vietminh durant l’été 1954.
Carrière de scénariste
Scénariste du long-métrage Ni ange ni bête, avec la collaboration de Jean-François Goyet en 1990, il est ensuite boursier de Beaumarchais pour le scénario co-écrit avec Jean-Daniel Pollet pour son film Ceux d'en face en 2000. Il a depuis collaboré à l’écriture de plusieurs longs-métrages, dont Fragments sur la grâce de Vincent Dieutre en 2006, Le Beau Dimanche de Dominique Cabrera (2007), ou encore Stalingrad Lovers de Fleur Albert (2014) et Le Rappel des Oiseaux de Stéphane Batut (2015).
Théâtre et opéra
Il a également signé le livret de l’opéra de Jean-Christophe Marti L'An un, créé par l’Ensemble Musicatreize en 2001 et de son oratorio Bar Iona, créé par Laurence Equilbey en 2002. Boursier de Beaumarchais pour l’opéra-vidéo Miniane, l'été 39 avec le soutien du Forum des Images et de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Pour le théâtre, il écrit Hors-jeu (Théâtre des Quartiers d'Ivry, 1990), Mèrefontaine (Rencontres Jacques Copeau, 1991), La Chose (créée par Mathieu Amalric et Mireille Perrier en 2008) et La Joie (créée par Mathieu Amalric et Mireille Perrier en 2010).
Carrière de critique
Comme critique, il travaille aux Cahiers du cinéma de 1995 à 1997, rédacteur en chef des numéros spéciaux Kiarostami et Nouvelles technologies, puis à France Culture où il a assuré la chronique cinéma de l’émission Staccato de 1997 à 1999. Journaliste de télévision, il joue son propre rôle dans le film monumental de Peter Watkins, La Commune (Paris, 1871).
Il a publié une centaine d’articles et d’essais, et deux livres en collaboration : Abbas Kiarostami et Qu’est-ce qu’une madeleine ? (sur Chris Marker).
Fondateur et animateur du Ciné-citoyen à Paris XIe, il a été également associé à la programmation de nombreux festivals, dont les États généraux du documentaire à Lussas, Entrevues de Belfort et le Festival international du documentaire de Marseille dont il a été membre du comité de sélection et chargé des rétrospectives (Amos Gitaï, Humphrey Jennings, Peter Watkins), avant que ne lui en soit confiée la direction artistique en 2000 et 2001 autour d’un nouveau projet éditorial : Marseille/Fictions du réel.
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