Clint Eastwood est un Acteur, Réalisateur, Scénariste, Producteur, Son et Remerciements Américain né le 31 mai 1930 à San Francisco (Etats-Unis)
Clint Eastwood
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Nom de naissance Clinton Elias Eastwood,Nationalité Etats-UnisNaissance 31 mai 1930 (94 ans) à San Francisco (
Etats-Unis)
Fondateur de Malpaso ProductionsRécompenses Commandeur de la Légion d'honneur, Commandeur des Arts et des Lettres, National Medal of Arts, Oscar du meilleur réalisateur
Clint Eastwood [klɪnt istwʊd], né le 31 mai 1930 à San Francisco, est un acteur, réalisateur, compositeur et producteur de cinéma américain.
Autodidacte, il entre grâce à des amis au studio Universal où il interprète d’abord de petits rôles dans des séries B, puis l’un des rôles phares d'une longue série, Rawhide. Il est alors remarqué par Sergio Leone qui l’embauche pour la Trilogie du dollar (Pour une poignée de dollars, Et pour quelques dollars de plus et Le Bon, la Brute et le Truand). Devenu célèbre, il interprète de nombreux rôles, d’abord pour Universal, puis pour Warner Bros., notamment ceux de L'Inspecteur Harry. En 1968, il devient producteur avec la création de la société Malpaso et réalise son premier film en 1971, avec Un frisson dans la nuit. Aujourd'hui, avec plus de trente-cinq films à son actif, parmi lesquels Impitoyable, Sur la route de Madison ou encore Mystic River et plus récemment Million Dollar Baby, Gran Torino, American Sniper, Sully et La Mule, Clint Eastwood figure parmi les cinéastes les plus reconnus au monde.
D'abord connu pour ses rôles d'antihéros volontiers redresseur de torts et tragiques, dans des films d'action violents ou des westerns tels que L'Homme des Hautes Plaines ou encore Pale Rider, il a ensuite endossé des rôles plus touchants dans des films empreints d'un certain classicisme, influencés par le cinéma de John Ford et de Howard Hawks. Il est également connu pour ses comédies telles que Doux, dur et dingue et Ça va cogner.
De par sa longévité, sa richesse et ses nombreux succès, tant critiques que commerciaux, cette double carrière d'acteur et de réalisateur fait de Clint Eastwood une figure mythique du cinéma, aussi bien au niveau américain qu'à l'international. Il a ainsi été récompensé à de nombreuses reprises, remportant notamment quatre Oscars, cinq Golden Globes, trois Césars et la Palme d'honneur au Festival de Cannes en 2009. Biographie
Origines
Selon Le Robert des noms propres, le nom Eastwood, vient du vieil anglais qui signifie « bois (wudu) de l'Est (ēast) »
Clint Eastwood a toujours été mystérieux sur ses origines, sa vie privée et son passé. Eastwood est sélectif car il veut être celui qui sait sans divulguer. Lors d'interviews, il dévoile seulement la partie de son arbre généalogique qui met en valeur son image. Pourtant, les origines d'Eastwood suivent de près l'histoire américaine. Ses ancêtres arrivent en Amérique du Nord au milieu du XVII siècle. Ils font partie des premiers colons à se lancer dans la conquête de l'Ouest. Sa famille se partage donc entre des membres installés à New York, dans l'Ohio, dans le Michigan, en Virginie, dans l'Illinois, en Louisiane, au Kansas, dans le Colorado, le Nevada, en Californie et enfin en Alaska. Bien avant que Clint Eastwood naisse, sa famille est marquée par le monde du spectacle. Le premier Eastwood né en Amérique est Lewis Eastwood. Ses parents sont venus d'Angleterre ; ils sont toutefois d'origine irlandaise. Bien qu'il ait déclaré à la presse être « le premier de la famille à avoir réussi », Clint Eastwood est bien loin de la vérité : à la fin du XVIII siècle, Lewis Eastwood est devenu un entrepreneur renommé, classé cent troisième parmi les mille deux cents commissionnaires de la ville de New York. L'un des petits-fils de Lewis, Asa Bedesco Eastwood, l'arrière-grand-père de Clint, quitte la ville pour devenir mineur. C'est à cause de lui que le réalisateur a souvent montré, à travers ses films, une tendresse particulière à l'égard des mineurs, comme dans La Kermesse de l'Ouest (1969), L'Homme des Hautes Plaines (1973) ou encore dans Pale Rider, le cavalier solitaire (1985). Habitué du commerce, Burr, l'un des fils d'Asa Bedesco, quitte sa famille pour travailler comme magasinier, emploi dans lequel il monte rapidement l'échelle sociale. Il épouse Jessie Anderson, une immigrante d'Écosse, qui lui donne deux fils, dont Clinton. Clinton se marie en 1927 avec Margaret Ruth Runner, une femme de la haute société. Ils donnent naissance à un garçon qui leur dédie plus tard l'Oscar du meilleur film qu'il remporte pour Impitoyable :
« Cette victoire est simplement merveilleuse, je la décerne à toutes les personnes auxquelles je pourrais penser. […] Durant cette année de la femme, la plus grande femme sur la planète est ici ce soir — ma mère, Ruth. »
Clinton Eastwood Jr. est donc né le 31 mai 1930, à l'hôpital Saint Francis de San Francisco. À cette époque, le nourrisson était déjà célèbre. Sa mère déclare au journal anglais News of the World : « C'était le plus gros bébé de la maternité. Il pesait 5,2 kg. Les infirmières s'amusaient beaucoup à le montrer aux autres mamans. Elles l'appelaient « Samson ». Il était tellement grand. » Il fut surnommé Clinton Jr. en hommage à son père, bien que son nom complet soit Clinton Elias Eastwood Jr. Toutefois, il fut surnommé par ses parents « Sonny ». Les liens familiaux sont forts chez les Eastwood, comme l'exprime Ruth lors de la naissance de son fils : « Je suis tombée amoureuse de lui dès qu'il est né ! ». Et cet amour est largement restitué dans tous les films dans lesquels Clint Jr. est impliqué par la suite.
Enfance
La Grande Dépression
Ses différents attachés de presse ont, durant quarante ans, clamé que Clint Eastwood était originaire d'Oakland, ville ouvrière qui mettait en valeur la réussite d'Eastwood. Ce dernier a même déclaré dans une interview que s'il traitait si souvent les gens de « trous du cul » dans ses films, c'était probablement à cause de son enfance passée à Oakland. Mais cette information n'est pas vraiment exacte. Dans la biographie écrite par Schickel publiée en 1996, on découvre qu'Eastwood a, en fait, grandi à Piedmont (cependant la petite ville résidentielle de Piedmont est totalement enclavée dans le territoire d'Oakland et peut donc être considérée comme faisant partie de l'agglomération d'Oakland). Schickel déclare que les Eastwood ont grandi dans une « modeste maison au toit couvert de bardeaux », mais il précise que « cette maison était [toutefois] située à la limite d'Oakland ». L'enfance de Clint Eastwood est marquée par la Grande Dépression et le passage au cinéma sonore. Les journaux locaux ne traitent guère de la crise. Toutefois le chômage ne cesse d'augmenter. Il atteint un taux de 28 % en Californie. Si Oakland, d'origine ouvrière, est très touchée par la Grande Dépression, Piedmont fait figure de banlieue chic où la crise n'a pas de réel impact sur la vie de tous les jours. Toutefois, les parents du jeune Eastwood quittent la région : Clinton Sr. vient de perdre son emploi de commercial chez East Bay Refrigeration Products.
Selon les divers témoignages, Clinton Sr. se met en quête de travail partout où il y en a. Il déclare ainsi à son fils : « dans la vie, on n’a rien pour rien », ce que Clint Jr. n’a jamais contesté. C'est d'ailleurs peut-être de ce nomadisme que naît la future passion d'Eastwood pour les westerns. Il n'a ni diplôme universitaire ni qualification professionnelle. Les voyant découragés, le frère de Ruth, la mère de Clint Jr., les dépanne financièrement comme il peut. Il aide par ailleurs Clinton Sr. à trouver un emploi dans une usine de réfrigérateurs à Spokane. Ce dernier enchaîne avec un travail de pompiste sur Sunset Boulevard qu'il obtient grâce à des amis. La famille s'installe alors à Pacific Palisades, un district de Los Angeles. C'est durant cette période que Clint Jr. manque de mourir noyé à l'âge de quatre ans et qu'il assiste à la naissance de sa sœur, Jeanne. L'enfance de Clint Jr. est ainsi marquée par des déménagements incessants dus aux changements de travail de son père : ils vont notamment à Sacramento, et Redding. Ces voyages vont durer près de six ans. Cependant, Schickel déclare dans son livre sur Clint Eastwood qu'« il n'y avait jamais ni panique ni désespoir dans ces déménagements. […] Quand la famille faisait ses paquets, M. Eastwood avait toujours retrouvé un emploi. Et à aucun moment Clint ne s'est senti délaissé ou abandonné durant cette période. ». Au milieu des années 1930, la mère de Clint Eastwood achète la maison de sa tante à Piedmont pour une somme dérisoire. En évoquant cette période, l'acteur déclare au Village Voice, en 1976, que « c'était une époque merdique ». Il ajoute « on n'était pas itinérants. […] C'était pas Les Raisins de la colère, mais c'était pas le luxe non plus » au Rolling Stone.
De retour dans sa ville natale, Clint Eastwood rend souvent visite à sa grand-mère, Virginia May Runner, jusqu'en 1937, date à laquelle cette dernière déménage vers la région rurale, derrière les faubourgs Est d'Oakland. Malgré son départ, Clint Eastwood ne la perd pas de vue pour autant, il va chez elle de temps en temps. C'est durant ces quelques séjours que Clint Eastwood apprend à monter à cheval. Il y apprend également les valeurs du sacrifice et du devoir :
« Grand-mère a eu plus d'impact sur ce que je suis devenu que n'importe quelle théorie de l'éducation. Elle vivait seule et était très autonome. »
Premiers pas dans le monde artistique
Il est âgé de dix ans lorsque son père trouve enfin un emploi lucratif en tant qu'assureur à la Connecticut Mutual Life Insurance Co. Mais la Guerre éclate. Clinton Sr. étant mobilisable, il devient tuyauteur sur des chantiers navals. Peu de temps après, l'économie prend un nouvel essor grâce à la Guerre, et les Eastwood en profitent. La famille achète une résidence sur la Hillside Avenue, à quelques pas de l'école de Clint Jr. L'époque de sa vie qu'il qualifiait de « merdique » est terminée.
Bien qu'appartenant à une famille tournée vers la religion, Clint Jr. n'est inscrit sur aucun registre de baptême et ne va jamais à la messe. Ce manque est certainement dû aux déménagements de son enfance. Lorsque David Frost lui demande si la religion est importante pour lui, Clint Eastwood répond : « Je ne souscris à aucune religion officielle. Mais j'ai toujours accordé beaucoup d'importance à ce genre de choses […]. Surtout quand je suis dans la nature. Je crois que c'est pour ça que j'ai tourné autant de films […] dans la nature. […] Je n'ai jamais vraiment réfléchi là-dessus à haute voix. »
Clint trouve son premier travail comme caddy sur un terrain de golf. Il distribue aussi le journal Oakland Tribune, tond des pelouses et emballe les courses des clients d'une épicerie locale pour se faire de l'argent de poche. En parallèle, sa vie scolaire n'est pas très épanouie : il change près de dix fois d'établissement. Il fréquente notamment les écoles Glenview, Crocket Highlands et Frank Havens School, toutes à proximité de Piedmont. À la deuxième d'entre elles, Eastwood suit un cours de photographie, ce qui se révèle être son premier contact avec le monde artistique. Plus tard, au collège, Clint Eastwood découvre la comédie. Bien qu'il soit introverti, il est choisi parmi tous les élèves de sa classe pour interpréter le rôle principal d'une pièce par son professeur d'anglais, Gertrude Falk. Désastreux au début, il prend peu à peu confiance en lui et termine la pièce avec plusieurs rires appréciateurs.
Il découvre le jazz grâce à sa mère qui collectionne des disques. De son côté, son père joue de la guitare et chante dans un groupe improvisé. Clint grandit ainsi en écoutant des morceaux de jazz et de rhythm and blues. Il commence lui-même à jouer de la clarinette, puis du piano. Il finit même par prendre des cours. Cela deviendra par la suite une de ses passions.
La période « rebelle »
Clint entre à l'école secondaire en 1945. Il est indifférent à l'éducation et doit suivre les cours de rattrapage pour pouvoir passer en deuxième année. Bien élevé et socialement avantagé, Clint Eastwood devient de plus en plus un « marginal » qui cherche à se montrer rebelle. Le personnage solitaire du collège est désormais entouré de plusieurs amis. Malgré son physique sportif, Eastwood n’est pas un bon athlète, il ne s'investit pas dans les équipes sportives de l'école. Il déclare à ce sujet qu'il ne s'est « jamais vraiment impliqué dans les sports d'équipe, à cause de tous les déménagements ». Ce n'est pas exactement la vraie raison puisqu'il ne déménagea plus à partir de 1940. Les seuls sports que le futur acteur pratique sont le golf et le tennis. Il n'est pas intéressé par les sports collectifs.
Après avoir validé sa première année à l'école secondaire de Piedmont, Clint Eastwood la quitte pour l'école technique. Les raisons de ce départ sont assez floues. Certains affirment que c'est à cause des cours de théâtre que dispensait l'école technique que l'acteur changea d'établissement. D'autres avancent que c'est l'absence de familles noires ou asiatiques qui poussèrent Clint Eastwood à partir et d'autres déclarent qu'il a quitté l'école à sa demande.
Il finit son cursus dans cette école technique. Durant cette période, il obtient sa première voiture, alors qu'il n'avait pas l'âge légal pour la conduire. L'acteur avait deux priorités dans la vie : les voitures et les filles. Il assouvit sa passion avec ses copains, entre balades en voiture et flirt à l'arrière. On remarque d'ailleurs qu'une fois sa société de production créée, il enchaîne les films sur ces thèmes : Le Canardeur (1974), L'Épreuve de force (1977), Honkytonk Man (1982), Pink Cadillac (1989) ou encore La Relève (1990). À l'école secondaire, plutôt que de suivre des cours de théâtre, Clint assiste à des cours de mécanique et d'aéronautique. Il ne pense alors pas à son avenir, préférant vivre aux côtés de ses amis plutôt que de travailler ses leçons.
En 1948, la famille Eastwood doit à nouveau déménager, à la suite d'une promotion de Clinton Sr. Il est nommé directeur de l'une des usines de la société, à Seattle. Ses parents laissent derrière eux Clint Jr., qui termine son semestre à l'école hébergé par Harry Pendleton, l'un de ses camarades. Ainsi, à dix-neuf ans, il obtient son baccalauréat américain, malgré une scolarité dissipée, et demeure encore chez son camarade quelque temps. Entouré de son groupe d'amis, il est persuadé que la vie étudiante n'a aucun attrait. Il ne voit qu'un côté positif : faire la fête. Dans cette optique, il côtoie de nombreuses discothèques chaque fin de semaine. Un soir, alors qu'il rentre chez lui en voiture, accompagné de quelques amis, ils sont contraints de s'arrêter pour ne pas percuter des chevaux qui traversent la route. L'un d'entre eux reconnaît les chevaux : « Stop ! Je sais à qui ces chevaux appartiennent. » Tous descendent alors de la voiture, et ramènent les chevaux à Howard Hawks. Clint croisa pour la première fois Hawks, scénariste, réalisateur et producteur de nombreux films importants dans des genres très variés. « Ce fut la seule rencontre d'Eastwood avec Howard Hawks, qui était l'un de ses réalisateurs préférés […]. Il dit considérer Hawks, de même que John Ford et Anthony Mann, comme un des hommes qui ont beaucoup influencé son propre travail » écrit Janet Maslin dans un article du New York Times en 1993. Cependant, Clint n'échange aucune parole avec Hawks lors de leur rencontre.
Le début de l'âge adulte
Les prémices de la collaboration avec Universal
Au début de l'été 1949, Clint Eastwood part rejoindre sa famille à Seattle. Malgré son manque de qualifications, il se fait embaucher dans une usine de Weyerhaeuser Company à Springfield, dans laquelle il reste un an. Il enchaîne ensuite plusieurs petits travaux : il fait l'inventaire des pièces chez Boeing, conduit un camion pour Color Shake, puis est veilleur de nuit chez Bethlehem Steel. En parallèle, il suit une formation et obtient de la Croix-Rouge le diplôme de maître-nageur. Il reçoit en même temps sa convocation au service militaire, où ce diplôme se révéla précieux. Il décide alors de poursuivre des études supérieures de musique à la Seattle University. Les étudiants ne sont pas repris, à cause de l'engagement du général Lewis B. Hershey d'envoyer 30 000 hommes en quatre-vingt-dix jours en Corée. Clint fait appel auprès du conseil de révision pour obtenir un délai, mais on le lui refuse.
Clint arrive en 1950 à Fort Ord, le centre de réception des appelés, où des milliers de jeunes recrues arrivent pour renforcer l'armée du général Douglas MacArthur, qui souhaite mener une offensive vers le nord de la Corée. Son diplôme de maître-nageur lui vaut de ne pas partir en Corée, mais de devenir professeur de natation au camp. Il n'est pas envoyé en Corée grâce à la qualité de ses cours pour laquelle il termine caporal, et fait même l'objet d'une citation récompensant son mérite.
En sa qualité d'enseignant militaire, il lui est nécessaire de faire preuve de sang-froid et de témoigner d'un esprit de commandement qui lui sert par la suite, quand il devient réalisateur. Clint Eastwood déclare qu'une équipe de tournage, « C'est comme un peloton. Je guide le peloton vers l'endroit où il doit aller. » Fort Ord ressemble à une vraie ville : outre la caserne, on y trouve un centre de sport, une cantine, un hôpital, des magasins, des théâtres et des cinémas. Universal Pictures semble avoir entretenu une grande relation avec Fort Ord. Les nouveaux films y sont souvent montrés avant leur sortie nationale ; leur projection bénéficie même de la présence des acteurs et réalisateurs. Clint passe ainsi ses deux années de service, sans toutefois réellement entrer en relation avec une quelconque célébrité du monde du cinéma ; il réussit pourtant à s'ouvrir les portes des studios Universal.
En 1952, Clint Eastwood peut voter pour la première fois. À l'instar de toute sa famille, il s'oriente vers le Parti républicain et vote pour Dwight David Eisenhower. Il est entré en contact avec Universal International durant son service militaire, mais la manière dont cela s'est déroulé est assez floue. Plusieurs théories ont été proposées, et personne ne peut dire quelle est la bonne. La première d'entre elles a été publiée dans un communiqué de presse publicitaire du groupe, le 18 février 1955 : on y apprend que Clint a été découvert par un individu en visite au Fort Ord qui a remarqué son physique avantageux. « Clint Eastwood a été découvert par le réalisateur Arthur Lubin durant le tournage de Francis chez les wacs à Fort Ord. » Le communiqué de CBS lors de la sortie de Rawhide est plus complet à ce sujet : « une équipe de tournage Universal International était en train de travailler à Fort Ord, en Californie. Un audacieux assistant-réalisateur remarqua le beau jeune homme de 1,95 mètre alors qu'il s'apprêtait à faire la queue pour la cantine. Il lui dit : « quand tu auras fini, passe faire un tour sur le plateau. Je voudrais que tu rencontres notre réalisateur ». Clint s'exécuta et le réalisateur fut tellement impressionné par son physique […] qu'il lui demanda de le rappeler à Universal dès qu'il aurait terminé son service. La deuxième théorie au sujet de cette rencontre est légèrement différente. Publiée par Schickel dans son livre, elle met en avant Chuck Hill, une recrue de Fort Ord, qui encourage Clint à se rendre à Los Angeles. Mais Clint ne fait rien. Les deux hommes restent en contact, et Hill obtient un jour un poste à Universal où il fait entrer en cachette son ami. Il le présente à un caméraman, Irving Glassberg, qui voit en lui la future vedette. La troisième théorie est avancée par Earl Leaf. Ce dernier affirme que Clint restait durant des heures assis sur un tabouret en espérant se faire remarquer, à l'image de Lana Turner, découverte sur un tabouret du bistro Schwab's. Et, un jour ses espoirs se réalisent lorsqu'il rencontre une jeune standardiste qui le fait entrer à Universal. Il semble que la première théorie, bien que déformée, se rapproche le plus de la réalité.
La chance de Clint
Plus tard, Clint Eastwood quitte Seattle, où il a mis enceinte une fille dont les parents fréquentaient les siens. Ses parents, scandalisés, fournissent à Clint la somme nécessaire pour payer l'avortement de la jeune fille, malgré le fait qu'il propose de l'épouser. Il promet alors à ses parents de devenir plus sérieux. Plus tard, il explique à ses amis que cet épisode fut « dévastateur » pour lui, que cette fille reste son seul « véritable amour ». Il décide donc de partir pour Los Angeles où il reprend ses études au Los Angeles City College et se met à fréquenter une fille qu'il avait rencontrée et fréquentée durant son service à Ord : Margaret Neville Johnson, surnommée « Maggie ». Elle y travaillait comme secrétaire pour l'Industria Americana. Un an plus tard, le couple annonce ses fiançailles. Et, lors de Noël 1953, à South Pasadena, les deux amoureux se marient.
Le Los Angeles City College est considéré comme le meilleur établissement de la ville pour apprendre la comédie, il a notamment formé Kim Novak, Robert Vaughn ou encore James Coburn. D'ailleurs, beaucoup de studios y envoient leurs acteurs sous contrat, pour qu'ils poursuivent leur formation. Malgré cette réputation, Clint Eastwood ne va pas dans cette université pour suivre des cours d'art dramatique, mais pour y suivre une formation commerciale. Il étudie ainsi de septembre 1953 à février 1954. Mais au printemps, Eastwood décide d'abandonner ses études : en avril, grâce à des personnes rencontrées durant son service militaire, il est embauché chez Universal, où il signe un contrat de courte durée. Malgré la récession qui sévit aux États-Unis, Universal semble s'en sortir en produisant de nombreux films à petit budget. Clint Eastwood est donc embauché comme « inconnu pas cher », avec un salaire de 75 $ par semaine. Mais à cette époque rien n'est encore gagné, Clint n'ayant jamais appris à jouer la comédie.
En 1950, Sophie Rosenstein a créé la Universal Talent School où l'on apprend la comédie. Chaque année, plus de soixante personnes s'y présentent, dix seulement gagnent le droit de passer une audition et deux ou trois sont retenues pour faire un essai filmé. Le premier critère de sélection, à l'époque, est le physique. En rencontrant Clint, Arthur Lubin a déclaré qu'« il était tellement grand, mince et beau ». Il lui propose immédiatement de faire un essai filmé, mais Eastwood, n'ayant aucune expérience du métier d'acteur, ne sait pas où se positionner ni ce qu'il doit faire. Malgré cet essai décevant, Lubin lui affirme qu'« il faut persévérer ». Je te conseille d'aller à l'école d'art dramatique du studio ». C'est ainsi qu'Eastwood obtient son contrat avec la société Universal. Signé le 26 avril 1954, le contrat stipule que le studio bénéficie de ses « services exclusifs à titre d'artiste pour ce qui est du cinéma, des apparitions personnelles et des productions théâtrales, radiophoniques et télévisuelles ». Le contrat dure vingt semaines, avec un salaire de 100 $ par semaine et la possibilité d'être prolongé.
Clint se montre bon élève dès les premières semaines : s'il n'a pas toujours de bonnes notes, il est consciencieux et attentif, ce que relèvent les professeurs qui le considèrent comme l'un de leurs meilleurs élèves. Toutefois, sa réussite se limite aux cours ; lorsque Eastwood joue, il demeure froid et rigide. D'ailleurs, lorsqu'il passe sa première audition pour jouer dans le film La police était au rendez-vous (Six Bridges to Cross) de Joseph Pevney en mai 1954, il n'obtient aucun rôle. Il tente, sans succès, de jouer des scènes tirées de Brigadoon, Tessa, La Nymphe au cœur fidèle ou encore de Sept ans de réflexion pour montrer aux directeurs de casting ce qu'il vaut. Alors, il se rabat sur le doublage. Il travaille ainsi sur La Révolte des Cipayes, Le Signe du païen, Le Fleuve de la dernière chance et sur Deux nigauds et les flics.
Une carrière naissante
L'ayant remarqué à Universal lorsque Lubin travaillait sur son film Francis chez les wacs, Jack Arnold décide d'engager Eastwood pour les besoins du tournage de La Revanche de la créature. Il y joue le petit rôle d'un laborantin, Jennings, qui assiste un médecin (John Agar) qui mène des recherches sur un monstre. Durant les années 1950, il obtient plusieurs rôles, mais toutes ses apparitions sont insignifiantes pour l'intrigue. C'est alors que le jeune Eastwood et sa femme, Maggie, déménagent dans un appartement à la Villa Sands, sur Ventura Boulevard, pour être plus proches des studios Universal. Ils y côtoient des jeunes célébrités telles que Gia Scala, Anita Ekberg ou encore Lili Kardell. Eastwood est alors un ami proche de Scala et de Kardell, toutes deux également comédiennes de la Talent School. La période rebelle est oubliée, Clint essaye désormais de réussir sa vie.
Clint Eastwood apparaît à l'écran moins souvent que ses collègues de la Talent School. On le voit dans quelques films, mais sa présence est à peine remarquable. On le retrouve dans Ne dites jamais adieu, Brisants humains ou encore dans Les Piliers du ciel et La corde est prête. Il participe, sans être toutefois crédité, aux films Le Cavalier au masque, El Tigre, La Danseuse et le Milliardaire (Ain't Misbehavin'), Les Forbans, L'Enfer des hommes, La Jungle des hommes, Coup de fouet en retour (Backlash) et Benny Goodman. Si Universal l'utilise, Clint en tire profit et observe durant son apprentissage toutes les étapes de la fabrication d'un film.
Mais, en septembre 1955, son contrat avec Universal est sur le point d'expirer. Eastwood est persuadé que la société le renouvellera. Aussi, en rentrant de deux semaines de vacances qui lui avaient été accordées avec sa femme, il est face à une désillusion : son contrat et celui de deux autres personnes n'ont pas été reconduits. Cet échec renforce sa détermination à continuer sa carrière dans le cinéma. Son amitié avec Lubin demeure inchangée : celui-ci l'invite souvent à manger ou à voyager avec lui, il lui offre des costumes ou lui prête de l'argent. Le réalisateur étant homosexuel, certains pensent même qu'Eastwood l'est également. Sa femme, jalouse de cette relation, demande à Clint de ne plus jamais revoir Lubin. Toutefois, les deux hommes restent en contact. Lubin offre à Eastwood le plus grand rôle de sa carrière à l'époque, et sa première apparition au générique : celui d'un officier qui recrute pour la brigade des Rough Riders dans La VRP de choc (First Traveling Saleslady).
Il enchaîne avec un petit rôle, toujours pour Lubin, comme pilote dans Escapade au Japon (Escapade in Japan) et des apparitions à la télévision. Eastwood essaie en vain d'obtenir un contrat avec la Warner Bros., avec la Paramount Pictures ou encore avec la 20th Century Fox. C'est en 1959 qu'il réussit enfin à obtenir un grand rôle, dans la série télévisée Maverick. Il interprète le rôle d'un méchant qui essaye d'épouser une fille riche pour son argent. Toutefois, il est loin de s'épanouir grâce à son travail ; c'est Maggie Johnson, sa femme, qui, grâce à son emploi comme mannequin, permet à la famille de subvenir à ses besoins.
Il obtient en revanche une place dans C'est la guerre (Lafayette Escadrille) de William A. Wellman et un rôle, bien plus important que le précédent, dans Ambush at Cimarron Pass, western réalisé par Jodie Copelan. Il y incarne un soldat sudiste qui explore la frontière à la recherche de trafiquants d'armes. Considérant Ambush at Cimarron Pass comme la « pire étape de sa carrière », et abattu par le manque de succès, il est prêt à abandonner le cinéma. Lorsqu'il assiste à une projection du film avec sa femme, il lui déclare : « Je vais arrêter. Il faut vraiment que j'arrête. Il faut que je retourne à l'école. Je dois commencer à faire quelque chose de ma vie ». Après avoir été brièvement sous contrat avec la Marsh Agency, il trouve un nouvel agent, Bill Shiffrin. C'est la signature de ce contrat qui est certainement décisive dans la carrière de Clint Eastwood à cette époque. Allant plus loin dans la collaboration que Lubin, Shiffrin va permettre à Eastwood de se distinguer, et ce, à la télévision.
Universal et United Artists
Un succès imminent
Shiffrin remarque la carrure d'Eastwood et l'estime parfait pour un casting dont il a entendu parler. Ce casting est organisé par CBS Corporation pour les besoins d'un feuilleton, un western diffusé en épisodes d'une heure. En entrant dans les locaux de la société, un cadre (qui n'était autre que Robert Sparks) le remarque et lui demande : « Combien mesurez-vous ? ». À quoi Eastwood répond « 1,95 mètre ». Le cadre l'invite alors à le suivre dans son bureau. Eastwood y rencontre pour la première fois Charles Marquis Warren, le producteur de la série. Le lendemain, son agent lui annonce qu'il doit passer des essais : lire un monologue d'Henry Fonda issu de L'Étrange Incident. Clint pense avoir tout loupé ; pourtant, une semaine plus tard, Shiffrin le contacte pour lui annoncer qu'il a obtenu le rôle. Il vient d'obtenir son rôle le plus important à l'époque, celui d'un cow-boy nommé Rowdy. La série traite de la transhumance, c'est pourquoi Warren voulait la nommer Outrider, mais la direction de la chaîne préfère Rawhide, titre définitif de la série. Si le tournage débute bel et bien, sa programmation reste incertaine, car CBS ne sait pas encore comment l'introduire dans son programme, comment la mettre en valeur. Clint se souvient avoir pensé que sa « carrière va s'arrêter là, dans un sous-sol, dans un tiroir à CBS ». À Noël, Eastwood et sa femme partent voir la famille de Clint à Piedmont. C'est alors qu'ils reçoivent un télégramme annonçant la diffusion imminente de Rawhide, et la reprise du tournage dès le mois suivant.
Eric Fleming interprète le premier rôle de Rawhide, mais pourtant Eastwood se considère comme la vedette, il en parle comme de « ma série » à ses amis. Les deux acteurs, lors du premier jour de tournage, en Arizona, en viennent même aux mains. Toutefois, Eastwood, en public, marque toujours un certain respect pour Fleming. Par ailleurs, Eastwood est considéré sur le plateau de tournage comme un proche par beaucoup d'artistes, comme Charles Marquis Warren et Paul Brinegar, qui l'identifient à leur propre frère. Et cela tout au long du tournage, où le personnage de Fleming évoque la compassion d'un grand frère envers son petit frère ; Eastwood incarne l'homme fougueux qui n'a pas encore suffisamment d'expérience. Finalement, au fil du temps, le personnage incarné par Fleming perd en importance au profit de celui d'Eastwood. Cela est encore plus marqué dans le premier épisode de la deuxième saison, quand Endre Bohem reprend la série après le départ de Warren. Pour la première fois l'épisode est présenté par Rowdy, qui déclare « je suis Rowdy Yates, bouvier de cette bande… ».
Si Fleming demeure la star de la série, Eastwood monte dans l'estime des gens, et son nom commence à être connu. Son salaire s'élève désormais à 750 $ par épisode, lui permettant de quitter la Villa Sands pour une maison à Sherman Oaks. Il incarne pour l'Amérique le fils idéal, le « petit ». Ce qui ne plait pas trop à Eastwood. En effet, Rowdy incarne le « jeunot », l'adolescent, alors que Clint va avoir trente ans en 1960 ; d'ailleurs, le nom « Rowdy » peut se traduire par une personne turbulente, chahuteuse. Clint le surnomme « le Crétin des plaines ». Son salaire lui permet d'investir : il achète nombre de voitures et de propriétés, telles que « Mal Paso » et une autre près de Monterey. Grâce à Rawhide, Clint Eastwood réalise sa première interview en 1959 :
« Il faut toujours se vendre. Il faut vanter partout les mérites de ce produit que l'on est. Il faut croire en soi de la même façon qu'un VRP croit en son aspirateur. C'est difficile, mais si vous ne le faites pas, personne ne peut savoir ce que vous valez. À Hollywood, on ne peut se permettre d'être humble que quand on est déjà devenu une star. »
En plus de son jeu d'acteur, le producteur de la série demande à Clint Eastwood de jouer de la guitare et d'interpréter A Drover's Life ; et, dans un autre épisode, de monter sur les planches d'un saloon et de chanter Beyond the Sun. Si le jazz avait bercé son enfance, c'est désormais la country qui l'intéresse. Il lance ainsi sa carrière musicale. En 1959, Clint enregistre son premier album sous le label Cameo qu'il intitule Cowboy Favorites. Toutefois, le succès de l'album est très limité. Il s'essaie à plusieurs autres reprises dans la musique, mais ses tentatives sont relativement mal accueillies.
De Rawhide au Western spaghetti
Dès la troisième saison de Rawhide, les journaux de Hollywood soulignent à quel point Eastwood est l'atout de la série. Cependant, depuis la signature du contrat, CBS empêche l'acteur d'accepter une quelconque apparition dans une autre production. Dans une interview publiée à l'époque dans le Hollywood Reporter, Clint déclare : « Je me prépare à me faire renvoyer, ce qui signifie que je ne pourrai plus travailler ici, mais j'ai reçu des propositions de Londres et de Rome pour des films qui devraient me rapporter plus d'argent en une année que ce que j'ai touché pour Rawhide en trois ans. » Toutefois, selon l'agent de l'acteur, Ruth Marsh, Eastwood mentait. Il n'avait reçu aucune proposition, et son interview n'avait qu'un but : une augmentation de salaire. Les seules propositions qu'il reçoit à l'époque se limitent à de courtes apparitions dans des programmes télévisés.
En 1964, la série quitte le Top 25 sur lequel elle trônait depuis les débuts de sa diffusion. Endre Bohem quitte la série pour la laisser à Vincent M. Fennelly, qui la cède lui-même à Bernard L. Kowalski et Bruce Geller ; Eric Fleming aussi est de plus en plus souvent absent. Tout est mis en œuvre pour pallier cet insuccès soudain, mais cela se révèle infructueux. La série perd peu à peu sa cohésion. Fleming se voit alors proposer un rôle dans un western italien tourné en Espagne :The Magnificent Stranger. Mais le salaire prévu n'est pas élevé et Fleming essaie de négocier une augmentation. Il finit par refuser l'offre, préférant voir son nom associé à de grosses productions hollywoodiennes. Par le biais de Irving L. Leonard, Fleming passe la proposition à Clint. Au début, Eastwood a la même réaction que Fleming : il ne veut pas s'embêter avec un petit rôle dans un western étranger ; pire, il refuse de lire le scénario. Mais, encouragé par Irving, il s'exécute en fin de compte. Il remarque une « intrigue intelligemment construite », ainsi qu'une similitude avec Le Garde du corps d'Akira Kurosawa. Eastwood se décide finalement à postuler pour le rôle de l'homme sans nom. Les producteurs, qui ne connaissent pas Clint Eastwood, sollicitent l'avis de Richard Harrison, un acteur américain installé en Italie et qui avait lui-même refusé le rôle : il leur confirme qu' Eastwood serait un interprète convaincant. Eastwood est finalement embauché pour tenir le rôle principal de Pour une poignée de dollars et signe le contrat pour 15 000 $. À la fin du tournage, durant le montage, Sergio Leone, le réalisateur, ne sait pas encore ce que va donner le film (il n'est pas encore le grand réalisateur qu'il deviendra) et il ne se fait aucune illusion sur le rendu final.
Tandis que la septième saison de Rawhide est diffusée, en 1965, Leone termine le montage de son film. Lorsqu'il montre le résultat final à ses associés, l'un d'eux, Duccio Tessari, lui déclare qu'il s'agit d'un « très bon film ». Le titre est modifié : il ne s'agit plus de The Magnificent Stranger mais de Pour une poignée de dollars (Per un pugno di dollari). Pour la promotion du film, les producteurs tendent à montrer une œuvre américaine. Leone prend le pseudonyme de Bob Robertson, Ennio Morricone, le compositeur, devient Dan Savio et Gian Maria Volontè John Wells. Tout est fait pour que le film réussisse. Pourtant, lorsque Leone se rend au marché du film de Sorrente, aucun grand distributeur ne veut prendre de risque pour un western réalisé par un inconnu. Le film n'est finalement projeté que dans une seule salle. Après deux très mauvais jours, le film fait salle pleine. En Italie, le film rapporte finalement 3 000 000 000 de lires. Les critiques, italienne comme américaine, sont très élogieuses. Finalement nommé A Fistful of Dollars aux États-Unis, le film est vu comme le succès inattendu de l'année. Eastwood devient alors une véritable star en Italie.
« L'Homme sans nom »
Fort de son succès, Leone propose à Eastwood un rôle dans une suite de son film. Le budget alloué augmente largement. Leone engage Luciano Vincenzoni pour l'écriture du scénario. Le film s'intitule finalement Et pour quelques dollars de plus (Per qualche dollaro in più). Pour les besoins du tournage, un nouvel acteur est embauché : Lee Van Cleef. Par ailleurs, Sophia Loren vient de proclamer Eastwood « la plus grande star masculine d'Italie ». Si le premier volet a consolidé l'image d'Eastwood en Amérique, ce deuxième lui donne une certaine notoriété mondiale. C'est la United Artists qui décide de distribuer le film à l'étranger. Les distributeurs sont enthousiastes alors qu'ils sortent d'une projection à Rome. Ils achètent le film pour 900 000 $. Alors qu'ils signent le contrat, Arnold Picker, intéressé par la production de son prochain film, demande à Sergio Leone ce qu'il compte faire par la suite. Leone n'avait jusque-là rien en tête, mais il lui vient l'idée d'Il Buono, il brutto, il cattivo. Enchanté, Picker lui demande combien coûtera le film et décide de le produire. Avec Eastwood, ils tournent finalement Le Bon, la Brute et le Truand. Entretemps, Dino De Laurentiis engage Clint pour un petit rôle dans un film à sketchs, Les Sorcières (Le Streghe), sous la direction de Vittorio De Sica. Durant le tournage de Le Bon, la Brute et le Truand, Eastwood gagne en assurance. Il s'affirme au sein de l'équipe de tournage. Il parle même de se mettre prochainement à son compte pour tourner ses propres films, en tant que producteur ou réalisateur. Pourtant, sa collaboration avec Leone est des plus fructueuses : Le Bon, la Brute et le Truand est le volet le plus rémunérateur de la trilogie, il rapporte 8 000 000 $ en coûts de location.
Toutefois, le succès de la trilogie est surtout européen. Aux États-Unis, elle est quelque peu critiquée et Eastwood a du mal à se faire embaucher. Les attachés de presse de la United Artists déclarent que « les producteurs américains faisaient désormais la queue pour s'offrir les services de Clint », mais c'est loin d'être le cas. On lui propose un jour Pendez-les haut et court (Hang 'Em High), écrit par Mel Goldberg et Leonard Freeman. Il se montre réticent mais, face à une forte insistance de Leonard Irving, il accepte. Le film est une coproduction d'United Artists et Malpaso, société créée par Eastwood lui-même. Il est le principal actionnaire de la firme et a, par ce biais, un certain contrôle sur les films dans lesquels il apparaît : choix du script, des principaux acteurs et du réalisateur. C'est ainsi que Ted Post, un vieil ami de Clint, assure la réalisation de Pendez-les haut et court : « C'était lui qu'il voulait, se souvient Goldberg, parce qu'il y avait beaucoup de scènes de dialogue dans lesquelles il allait être obligé de jouer. Il a dit que le peu de scènes qu'il avait pris plaisir à faire dans Rawhide avaient été celles que Ted Post avait réalisées. »
Pendez-les haut et court est le quatrième western dans lequel Eastwood apparaît. Cependant, c'est le premier à être véritablement apprécié par la critique. Le New York Post déclare qu'il s'agit d'un « western de qualité, plein de courage, de périls et de passion ». Le film est également une réussite au box-office : lors de son premier jour, en juillet 1968, le film rapporte 5 241 $, ce qui se révèle être la meilleure première de toute l'histoire d'United Artists à l'époque, y compris les James Bond. En deux semaines, le film est déjà rentable pour les sociétés de production. Variety rapporte qu'United Artists considère le succès du film comme une juste récompense pour ses trois ans de collaboration avec Eastwood. Le magazine rajoute ensuite que le nom d'Eastwood est désormais synonyme de succès au box-office.
À cette époque, le fils d'Omar Sharif désire que son père tourne un film de cow-boys. Jack Lee Thompson réalise le film, et Eastwood est prévu en second rôle. Toutefois, le producteur déclare que si le film est une défaite, c'est à cause de Sharif, la principale célébrité du film. Alors, Omar Sharif décide de ne pas prendre Eastwood dans le second rôle, le considérant comme trop peu connu. Il engage Gregory Peck. Ils tournent ensemble L'Or de MacKenna alors qu'Eastwood tourne Pendez-les haut et court. Le premier film ne marche pas du tout, alors que le second fait un carton et permet à Eastwood d'accéder au rang de star. C'est depuis ce temps que Sharif déclare à Eastwood, quand il le croise : « n'oublie pas, c'est moi qui t’ai fait ! ».
Mais United Artists est à l'époque une « petite » société, et les productions ne s'y enchaînent pas comme à Universal. Eastwood n'écarte pas l'idée de retourner un jour chez la major company qui l'a naguère rejeté. D'ailleurs, le contrat de Clint avec UA n'est pas un contrat d'exclusivité, et Malpaso peut, quoi qu'il arrive, traiter avec toutes autres sociétés. Ainsi, Jennings Lang permet à l'acteur de signer un nouveau contrat avec Universal, avec un salaire à plus du double de celui d'UA. Ce dernier lui assure le premier rôle dans le prochain long métrage de Don Siegel, Un shérif à New York, qui devait initialement être un feuilleton, avant que le script ne soit réécrit par Dean Riesner. Clint désire incarner un « connard héroïque », selon ses mots, cherchant à se distinguer de ses précédents rôles.
Clint, col bleu : un nouveau genre
Le 19 mai 1968, quelques mois avant la sortie du film Un shérif à New York, Maggie Johnson accouche de leur premier enfant : Kyle Eastwood. Cela faisait plusieurs années que Maggie souhaitait avoir un enfant, sans jamais y parvenir. Si Clint se dit très fier de ce nouveau venu, il ne peut pas rester longtemps à en profiter, face à ses obligations professionnelles. Cette période de sa vie est sans doute la plus active. Il accepte de tourner dans le film Quand les aigles attaquent de Brian G. Hutton malgré un salaire plus bas qu'à l'accoutumée. Ce film lui permet d'affirmer sa position en Europe et de changer de genre. Par la suite, il accepte un rôle dans La Kermesse de l'Ouest (1969), un nouveau film qui se démarque de tous les autres puisqu'il s'agit d'un film musical. C'est une adaptation d'un spectacle de Broadway sur la ruée vers l'or. Le rôle d'Eastwood a été spécialement créé pour l'acteur, car absent du script original. Mais le tournage ne se déroule pas comme prévu. Si le film se voit attribuer un budget imposant, cela comprend le salaire de toutes les célébrités engagées sur le tournage, celui des choristes et le coût des décors. Qui plus est, une météo peu clémente détruit tous les décors extérieurs et le réalisateur, Joshua Logan, apparaît instable. Par ailleurs, l'épouse de Clint Eastwood se plaint de la longue absence de son mari vis-à-vis de leur jeune enfant :
« Je veux que Clint soit plus proche de son fils. Je vous assure qu'il l'a à peine regardé jusqu'à présent. Il enchaîne les films à une telle vitesse qu'il n'est à la maison qu'une ou deux fois par semaine. La dernière fois qu'il est rentré d'un tournage, il faisait nuit. Kyle dormait et Clint a à peine jeté un coup d'œil sur lui. C'est un peu dur pour un jeune père. »
Fin 1969, Leonard Irving, le président de la Malpaso et conseiller financier d'Eastwood, meurt. Cet événement aura un effet néfaste sur l'acteur. Leonard est remplacé chez Malpaso par Bob Daley, un vieil ami de Clint, et Roy Kaufman devient son conseiller financier. Durant cette période, l'acteur se lasse d'Universal qui ne lui propose que des films dont le script est plat. Par ailleurs, le contrat signé entre la Malpaso et Universal stipule qu'en cas de désaccord majeur entre les deux sociétés, Universal a le dernier mot. Eastwood n'aime pas ce sentiment d'emprisonnement. Le premier différend entre les deux sociétés survient avec leur coproduction de 1970 : Sierra torride. Personne ne se met d'accord sur le script. Le contrat a été signé avant le succès de Pendez-les haut et court et Un shérif à New York, et Eastwood ne peut plus revenir en arrière. Lors de la signature, il devait donner la réplique à Elizabeth Taylor, mais c'est Shirley MacLaine qui est finalement retenue. Taylor souhaitait tourner en Espagne, ce qu'approuvaient Eastwood et Siegel, mais pas Universal. Finalement, la critique est moins généreuse avec ce film. Le meilleur commentaire paraît dans le New York Times : « il est néanmoins bon, et il reste dans la mémoire ». Sierra Torride fait tout de même partie du classement des mille meilleurs films de tous les temps, publié dans le The New York Times Guide to the Best 1000 Movies Ever Made.
Ensuite, Eastwood ne dispose que de quelques mois pour profiter de son fils avant de repartir sur le tournage de De l'or pour les braves. Tournage qui ne se déroule pas comme prévu : la météo est une fois de plus peu clémente et les effets spéciaux ne fonctionnent pas comme voulu, brûlant par exemple les décors. Lorsque le tournage touche à sa fin, Eastwood n'en peut plus. C'est le dernier contrat qu'il passe hors Malpaso. Il enchaîne avec Les Proies, réalisé par Don Siegel durant l'hiver 1969. Julian Blaustein est nommé producteur par les studios, mais, après avoir critiqué Eastwood, trouvant que « le rôle aurait dû être attribué à un homme plus jeune et d'apparence plus innocente », il est rapidement évincé. Clint Eastwood incarne finalement ce jeune soldat nommé McB qui se réfugie dans un pensionnat de filles, qu'il charme une à une en leur racontant des mensonges. Un critique parisien, Pierre Rissient, propose d'organiser la première du film au Festival de Cannes 1971. Mais Hollywood étant peu à l'aise à Cannes à l'époque, Universal refuse cette offre, bien qu'Eastwood la trouve géniale. Le studio s'occupe seul de la distribution du film, que Schickel considère comme « stupide ». À la fin de sa distribution aux États-Unis, le film ne fait pas de bénéfice, rapportant à peine 1 000 000 $. Mais Rissient est toujours enthousiasmé par Les Proies et s'arrange pour que des critiques français le voient avant sa sortie. Après la première à Paris, Paris Match en publie une critique élogieuse, le trouvant « étrange et violent, comme les nouvelles d'Ambrose Bierce ».
Les débuts comme réalisateur
En 1970, Eastwood perd son père, Clinton Eastwood, qui meurt d'une crise cardiaque. Il abandonne durant plusieurs semaines son projet suivant : Un frisson dans la nuit. Quand il revient, Eastwood est différent : il ne boit plus d'alcool fort et fait davantage attention à sa santé. Voici les propos de Fritz Manes sur cette époque de sa vie :
« Il a été complètement dévasté par la mort de son père, et ce parce que c'était la seule mauvaise chose qui lui était jamais arrivée dans la vie. Jusqu'ici les problèmes qui survenaient étaient toujours réglés à la fin de la journée. Il n'arrivait pas à comprendre ce qui lui arrivait. Il l'a pris comme une affaire personnelle — comme si on lui avait fait quelque chose, à lui, personnellement. Il a mis beaucoup de temps à s'en remettre, et Bon Dieu, il a bien failli s'effondrer. »
Un frisson dans la nuit, le dernier projet qu'a conclu Leonard Irving avant de mourir, est le premier film d'Eastwood en tant que réalisateur ; il y joue également le rôle principal. Ce film lui permet d'aborder le thème du jazz, et d'explorer une nouvelle fois la psychose sexuelle, après Les Proies qui met en scène un soldat qui devient l’objet du désir de plusieurs femmes, ce qui lui permettra de survivre avant de succomber. La mort de son père a eu un impact sur le style visuel du film, très sombre et mélancolique. Le tournage se déroule mieux que prévu : il coûte 50 000 $ de moins et se termine quatre jours avant la date fixée. Rissient, qui est devenu représentant européen de l'acteur, organise une projection du film et la première rétrospective de l'œuvre d'Eastwood au Festival du film de San Francisco en 1971. Mais cette première apparition dans un festival n'est pas une réussite : Eastwood n'est en particulier pas très apprécié des féministes. Mais cela n'empêche pas le film d'être accueilli chaleureusement lors de sa sortie en salles. Quoi qu'il en soit, Un frisson dans la nuit constitue un nouveau tournant dans la carrière de l'acteur : en plus d'être pour la première fois réalisateur, Eastwood ne joue plus un cow-boy ni un militaire.
La même année, Current Biography estime les recettes totales des films d'Eastwood sur le marché mondial à environ 200 000 000 $, tandis que Life consacre Eastwood « star du cinéma la plus populaire du monde ». À cette époque, Eastwood n'a plus de projet de films, jusqu'à ce que Jenning Langs lui présente le script de L'Inspecteur Harry. C'est l'histoire de Harry Calahan, un policier de San Francisco déterminé à arrêter un meurtrier psychotique par tous les moyens. Le script, qui appartenait initialement à Universal, est finalement acheté par la Warner Bros. Frank Sinatra est un temps pressenti pour interpréter le rôle principal, mais le projet traînant en longueur, l'acteur abandonne finalement pour laisser sa place à Eastwood. Harry est un solitaire qui vient de perdre sa femme et qui ne cherche plus l'amour. Andrew Robinson est choisi par Siegel pour interpréter le méchant du film. C'est ainsi que commence le tournage de L'Inspecteur Harry.
Le tournage s'avère difficile au début. Il comprend de nombreuses cascades périlleuses, complexes à mettre en place. Par ailleurs, Siegel attrape la grippe et doit s'absenter plusieurs jours du tournage : Eastwood décide de prendre sa place pour diriger le film lui-même durant son absence. L'Inspecteur Harry est clairement opposé à l'avertissement Miranda qui vise à informer un suspect de ses droits constitutionnels avant un interrogatoire. D'ailleurs The New Yorker publie une critique franche en janvier 1972 : « ce genre de film d'action a toujours recelé un potentiel fasciste, qui a fini par faire surface. […] Nous aurions tous la permission de tuer, comme Dirty Harry (...Je pue peut-être, mais j'ai un gros flingue !...) Mais dans la mesure où le crime est causé par la dépravation, la misère, la psychopathologie, et l'injustice sociale, L'Inspecteur Harry est un film profondément immoral ».
Harry Callahan symbolise pour l'Amérique un nouvel essor, un renouveau : à l'époque, alors que la police est contestée et que la guerre du Viêt Nam risque d'être une défaite, il incarne le héros dont les Américains ont besoin. En décembre 1971, le film sort en salle (début 1972 en France). Il se hisse très rapidement en tête du box-office, pour finalement rapporter en fin d'exploitation plus de 53 000 000 $. Grâce à ce film, Eastwood devient la célébrité d'Hollywood la plus lucrative. Malgré quelques mauvaises critiques concernant le côté « fasciste » du film, il a été généralement très bien accueilli. Au moment de la sortie de L'Inspecteur Harry, Richard Nixon annonce au peuple américain qu'il compte se présenter une nouvelle fois aux élections présidentielles. Eastwood déclare qu'il soutient Nixon, et est invité à plusieurs repas officiels. C'est ainsi qu'il se voit offrir un mandat de six ans au National Council of the Arts, un organisme consultatif sur les subventions fédérales à apporter aux initiatives artistiques, bien que le nom de Cesar Romero ait d'abord été avancé. À son nouveau poste, Eastwood privilégie les petits artistes américains, notamment ceux du milieu du jazz. Néanmoins, selon les archives du conseil, il ne participe pas souvent aux réunions organisées : il n'assiste qu'à cinq des vingt-cinq réunions entre 1972 et 1976. C'est en raison de ce manque d'assiduité qu'on demande à Eastwood de démissionner avant le terme de son mandat. Son film suivant, Joe Kidd (1972), relève du même style que les précédents : un homme solitaire tente de faire la loi. L'histoire originelle s'inspire de la vie d'un leader passionné de la lutte pour la terre, Reies Lopez Tijerina. Mais Elmore Leonard l'a sensiblement modifiée pour que le personnage d'Eastwood devienne le héros.
Clint Eastwood décide de passer pour la deuxième fois derrière la caméra avec L'Homme des Hautes Plaines. C'est le premier western qu'il tourne lui-même. Ce film est très proche, par l'intrigue et la mise en scène, de ceux tournés avec Sergio Leone : un étranger arrive dans une ville et il est engagé pour la protéger de trois méchants. Le tournage s'effectue dans les environs du lac Mono, où Henry Bumstead crée un décor mystérieux. Et, dans la scène finale, Eastwood fait un clin d'œil à trois de ses principales collaborations : alors qu'il part à cheval, on voit, gravés sur des pierres tombales, les noms de Don Siegel, Sergio Leone et de Brian G. Hutton. Eastwood déclare à la presse qu'il « enterre [ses] réalisateurs ». Cette même année 1972, sa femme donne naissance à leur deuxième enfant : Alison Eastwood. Maggie Johnson est d'autant plus heureuse qu'elle souhaitait depuis longtemps avoir une fille. Eastwood fait figure de mari modèle depuis bien des années, mais ses conquêtes ne passent plus inaperçues aux yeux de la presse. On peut désormais lire dans les premières pages des journaux des titres comme « Pourquoi dit-on que Clint Eastwood est le pire mari de tout Hollywood ? »
Warner Bros.
Juste avant la sortie en salles de son dernier film, Eastwood contacte Elmore Leonard pour lui demander s'il a un nouveau script en tête, quelque chose de similaire à l'Inspecteur Harry. En fait, si Clint Eastwood veut tourner une suite à Harry, c'est à cause du trop faible pourcentage qu'il touche sur les recettes du film. Leonard lui propose un script qu'il a ébauché : un cultivateur d'artichauts qui vit à Castroville refuse de céder face à une association de malfaiteurs qui veut lui extorquer de l'argent. Eastwood refuse ce projet, surtout parce que Castroville est bien trop proche de Carmel où il vit. Leonard finalise tout de même son projet en le modifiant. Mr. Majestyk est tourné en 1973 avec Charles Bronson à la place d'Eastwood.
Elmore Leonard parle toutefois d'une suite de L'Inspecteur Harry à Clint qui met tout en œuvre pour voir le projet éclore. Mais, entre-temps, Jo Heims lui propose un tout autre rôle : celui d'un agent immobilier propulsé dans une relation avec une fille « libérée ». Eastwood déclare ainsi à la presse : « J'ai bien cerné le personnage. Elle voulait que je le joue. Je lui ai dit : « Jo, je ne crois pas que je sois dans la bonne tranche d'âge ». Il accepte néanmoins de le mettre en scène et Breezy est tourné en 1973. Le film n'est pas une grande réussite : il n'a marqué ni le public, ni la critique.
Alors que Breezy ne marche pas, la Warner annonce qu'Eastwood va reprendre le costume de L'Inspecteur Harry pour une suite, d'abord nommée Vigilance. Au début, les scénaristes essaient de travailler dans la continuité du premier film, mais ils changent vite d'avis. Dans Magnum Force, son titre définitif, Harry gagne en charme, et il a désormais une relation avec une femme. Ce deuxième film comporte une intrigue plus simpliste. Durant le tournage, Eastwood, également producteur du film, a souvent été opposé au réalisateur, Ted Post, car il veut économiser le budget. Lors de sa sortie en salle, le film est dénigré par les critiques. On peut lire « toujours le même truc » ou encore « moralisme embrouillé » dans des périodiques américains. La plus dure est écrite par Pauline Kael : « comme [Clint Eastwood] n'est pas acteur, on peut difficilement le traiter de mauvais acteur. Il faudrait qu'il fasse quelque chose pour que l'on puisse évaluer ses qualités de comédien. » Malgré tout, le film réalise un meilleur score au box-office que L'inspecteur Harry, rassemblant en fin d'exploitation plus de 39 000 000 $.
Stan Kamen propose ensuite à Eastwood le script du Canardeur. C'est l'histoire d'un braqueur de banques, vétéran de la guerre de Corée, qui cherche à garder une longueur d'avance sur les membres de son groupe. Il se lie d'amitié avec un autre homme, surnommé « Pied de biche », durant un voyage. Ensemble, ils vont récupérer l'argent qu'a déjà caché le braqueur avant que quelqu'un ne s'en empare. Kamen refuse de vendre le projet si son auteur, Michael Cimino, n'en est pas le réalisateur. Eastwood accepte de rencontrer Cimino, qui n'est autre que le scénariste de Magnum Force, et ils s'entendent sur le projet. La Warner refuse au dernier moment de le produire, le trouvant trop atypique pour Eastwood, mais la United Artists reprend l'affaire. Clint n'apprécie pas beaucoup ce film parce que Jeff Bridges lui vole la vedette ; d'ailleurs, Bridges est nommé pour un Oscar et pas Eastwood. D'autre part, le film, dont beaucoup louent les qualités, ne remporte pas le succès attendu, ce qui l'énerve passablement. C'est pourquoi le deuxième film prévu entre Malpaso et UA ne voit finalement pas le jour.
Eastwood tourne ensuite, en tant que réalisateur et acteur, La Sanction, une adaptation du roman de Trevanian The Eiger Sanction. C'est l'histoire d'un universitaire spécialiste en histoire de l'art à qui l'on demande de reprendre du service en tant que tueur à gages, son ancien métier, pour exécuter une dernière mission en échange du tableau d'un grand artiste. Le film est produit par Richard Zanuck et David Brown. Le tournage a lieu dans les Alpes suisses, pour donner un côté réaliste à la prise de vues. Le tournage manque d'être arrêté à cause des conditions extrêmes, et l'impatience d'Eastwood met en danger plusieurs techniciens. Lors de sa sortie, le film est boudé par la critique. On peut même lire que c'est une « farce grotesque ». Cela se répercute sur la réception du public qui s'avère très mauvaise. En fin d'exploitation, le film rapporte seulement 14 000 000 $.
Prémices d'une longue collaboration
Frank Wells, le vice-président de la Warner Brothers, apprécie beaucoup Eastwood. Sa société détient par ailleurs tous les droits sur la saga de L'Inspecteur Harry. Clint Eastwood, à cette époque, est déçu de son film précédent, qui n'a pas marché, alors qu'il misait beaucoup dessus. Wells le persuade alors de signer avec la Warner, en septembre 1975, un contrat très avantageux. Le studio s'engage à tirer un grand nombre de copies des films d'Eastwood, accompagné de campagnes publicitaires sans précédent. De plus, Eastwood peut enfin se prononcer sur la stratégie publicitaire à adopter, et sa société, Malpaso, gagne en importance.
Leur première collaboration, initiée par Malpaso, est Josey Wales hors-la-loi. Eastwood engage Philip Kaufman pour l'écriture du scénario et la réalisation. Mais au bout de quelques jours de tournage, il le renvoie. Les deux hommes ont des avis très divergents et la méthode de prise de vues de Kaufman ne convient pas à l'acteur. Eastwood prend dès lors les commandes de la réalisation. Cette affaire fait beaucoup de bruit en Amérique, et mécontente la Directors Guild of America qui édicte une règle, baptisée la « règle Eastwood » qui punit ce genre d'action. Finalement, à sa sortie, le film est apprécié par la critique. Il est aujourd'hui considéré comme « l'une de ses œuvres les plus profondes, les plus personnelles ». Cette bonne réception est en partie due à l'ampleur de la campagne publicitaire et aux invitations luxueuses offertes aux critiques.
« Eastwood est un interprète si taciturne et intéressé par l'action qu'il est facile d'oublier le fait qu'il réalise beaucoup de ses films — et beaucoup parmi les meilleurs et les plus intelligents. Ici, avec l'humeur changeante, la beauté humble et la photographie de Bruce Surtees, il a réussi à créer un western sentimental magnifique. »
— Roger Ebert, au sujet de Josey Wales hors-la-loi, Chicago Sun-Times
Gail Morgan Hickman et S. W. Schurt, deux anciens élèves de l'école secondaire d'Oakland et grands admirateurs d'Eastwood, lui proposent un script de cent dix pages de leur invention. La Warner considère que l'intrigue a un bon potentiel, mais que le scénario nécessite une réécriture. Alors, Eastwood renvoie le texte aux deux jeunes, qui passent beaucoup de temps à retravailler leur histoire, pour finalement rendre un travail plus mauvais. Avec cette perte de temps, Eastwood perd son statut de numéro un au box-office, et en même temps six mois de production qui lui coûtent cher. Le script devient la nouvelle suite des aventures de Harry Callahan, cette fois opposé à un groupe de terroristes. Eastwood engage Stirling Silliphant, qui vient de terminer une collaboration avec Don Siegel, pour adapter le scénario. La proposition majeure qu'il fait, est d'associer Callahan avec une femme et son histoire s'intitule L'inspecteur ne renonce jamais, titre du nouvel épisode de la saga. Par ailleurs, si Eastwood est pressenti pour la réalisation, c'est James Fargo, à la surprise générale, qui occupe finalement le poste. En fin de compte, le film est un grand succès, avec une recette de 46 236 000 $ aux États-Unis. Le côté féministe d'Eastwood est très apprécié, même s'il est élu « pire acteur de l'année » par Harvard Lampoon. Il s'agit du plus grand succès, à l'époque, de l'acteur.
Les années Locke
Cela fait plusieurs mois, depuis Josey Wales hors-la-loi, qu'Eastwood a une relation avec l'actrice Sondra Locke. En parallèle, il se penche sur son prochain film : L'Épreuve de force, pour lequel il cherche une actrice devant interpréter un personnage lié à la mafia. La Warner pense d'abord à Barbra Streisand, une valeur sûre compte tenu du coût du scénario. Dennis Shryack et Michael Butler ont en effet vendu leur premier script à Universal pour 300 000 $ et 15 % des bénéfices, mais pour L'Épreuve de force, ils demandent 500 000 $ et 15 % des bénéfices. Toutefois, Eastwood voit mieux Sondra Locke dans le rôle, ce que les deux scénaristes approuvent quand ils découvrent un aspect fragile mêlé au côté dur de sa personnalité. Avec ce film, Eastwood reprend le poste de réalisateur. Et, comme à son habitude, le tournage s'effectue très rapidement, Eastwood préférant la spontanéité de la première prise. Plusieurs critiques lui reprochent d'avoir trop mis l'accent sur les scènes de violence. Selon d'autres, comme Arthur Kinght dans le Hollywood Reporter, c'est le jeu de Sondra Locke qui relève le film. Le film se révèle l'un des dix plus grands succès de l'année 1977.
La fin du tournage de L'Épreuve de force marque le déménagement de Sondra Locke à Sherman Oaks (Los Angeles) pour se rapprocher d'Eastwood. Ils font ensemble la couverture du magazine People, pour leur deuxième collaboration. Eastwood y porte un regard ambigu sur Locke, et il la surnomme « princesse ». C'est ainsi que Maggie Johnson, l'épouse d'Eastwood, apprend sa relation avec l'actrice. Elle appelle donc un avocat. La famille Eastwood effectue un dernier voyage à Hawaï, durant lequel Maggie Johnson espère sauver son couple. À son retour, l'acteur annonce à Locke que sa femme compte demander une séparation légale, et non un divorce. Cela faisait déjà une dizaine d'années que le couple allait mal, mais Maggie Johnson espérait se tromper quant à son mari.
Un jour, Locke convainc son compagnon de tourner une comédie, Doux, dur et dingue, ce qui marque un brusque changement de cap dans la carrière de l'acteur et réalisateur. Les producteurs de Malpaso et de Warner sont d'ailleurs dubitatifs quant à cette idée. Ils organisent même un sondage auprès du public pour voir s'il assisterait à la projection d'un tel film avec Eastwood. Le résultat est mitigé, mais les studios acceptent finalement de financer le projet. Locke fait à nouveau partie de la distribution. La promotion est assurée par la sortie, peu avant la distribution du film, de la bande originale qui figure parmi les meilleures ventes country de l'année. Pour parfaire la publicité, la Warner diffuse des bandes-annonces à la télévision nationale américaine. Le film sort finalement fin 1978 dans 1 246 salles en même temps. La critique n'apprécie pas ce nouveau film, « tellement mauvais » selon Variety. Mais côté public, il obtient un véritable succès. La Warner, et Eastwood, battent leur record au box-office en enregistrant une recette totale de 85 196 485 $, rien qu'en Amérique.
Pendant la distribution de Doux, dur et dingue, Johnson et Eastwood débattent du partage des biens de l'acteur. Dans un premier temps, il doit trouver une nouvelle maison, laissant l'ancienne à sa femme. Il en achète une à Shasta en Californie, qu'il partage avec sa compagne, Locke. Malgré ce rapprochement, le film suivant d'Eastwood ne comporte pas de rôle pour elle. L'Évadé d'Alcatraz possède une distribution composée quasi exclusivement d'hommes, qui jouent les détenus de la fameuse prison d'Alcatraz. L'histoire se fonde sur l'évasion de trois prisonniers qui a eu lieu en 1962. Eastwood a déjà tourné dans cette ancienne prison pour L'Inspecteur ne renonce jamais. Il accepte le rôle à condition que Malpaso en soit la compagnie productrice. Don Siegel, le réalisateur, qui désire également produire le film, double le salaire de l'acteur et achète le script pour être pleinement propriétaire du projet. Les deux hommes se fâchent quelque peu parce que Siegel décide de présenter le film à Paramount Pictures plutôt qu'à Warner, le studio qui produisait Eastwood jusque-là. Dans un premier temps, Siegel se met en quête d'un autre acteur pour le rôle principal, bien que Paramount ait réellement envie de voir Eastwood jouer dans son film, le débauchant ainsi de Warner. Siegel ravale
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