Nom de naissance Brigitte Anne-Marie Bardot NationalitéFrance Naissance 28 septembre 1934 (90 ans) à Paris (France) Récompenses Ordre national de la Légion d'honneur, Bambi, Ordre de l'Arche d'or
Brigitte Bardot (connue sous les initiales de « BB »), née le 28 septembre 1934 à Paris, est une actrice de cinéma, mannequin, chanteuse et militante de la cause animale française.
Figure féminine des années 1950 et 1960, elle est une star mondiale, l'égérie et la muse de grands artistes de l'époque. Emblème de l'émancipation des femmes et de la liberté sexuelle, elle passe des rôles de femme-enfant à ceux de femme fatale.
Elle tourne avec les plus grands réalisateurs, incarnant des personnages à l'élégante légèreté et à la sensualité photogénique. Elle devient rapidement un sex-symbol et acquiert une renommée internationale. Avec à son actif 45 films et plus de 70 chansons en près de 21 ans de carrière, Brigitte Bardot est une des artistes françaises les plus célèbres au monde.
En 1973, elle met un terme à sa carrière d'actrice et se consacre dès lors à la défense des animaux, notamment en présidant la fondation Brigitte-Bardot. À partir des années 1990, plusieurs de ses déclarations suscitent la controverse, en particulier lorsqu'elle critique les égorgements pratiqués par les musulmans et la montée de l'islam en France.
Biographie
Enfance et adolescence
Brigitte Bardot naît à Paris, le 28 septembre 1934, au 5, place Violet dans le 15e arrondissement, dans un milieu bourgeois. Son père Louis Bardot, surnommé « Pilou » (1896-1975), est un industriel originaire de Ligny-en-Barrois en Lorraine, propriétaire des Usines Bardot (appartenant à Air liquide) dont le siège était rue Vineuse à Paris. Sa mère Anne-Marie Mucel (1912-1978), dite « Toty » a passé son enfance en Italie. Brigitte et sa sœur cadette Marie-Jeanne (dite Mijanou), née le 5 mai 1938, reçoivent une éducation stricte. Elles souffriront d'un manque criant d'affection de la part de leurs parents, surtout de leur mère.
Dès son plus jeune âge, une amblyopie, qui l'empêche de voir de son œil gauche est diagnostiquée chez Brigitte. Enfant dissipée, qui souffre de la préférence de ses parents pour sa sœur Marie-Jeanne, il lui arrive alors souvent de se poser la question « Pourquoi je vis ? ». Elle se passionne pour la danse classique et fait ses premiers pas, à 7 ans, au cours Bourgat. En 1949, la jeune fille entre au Conservatoire de Paris et y obtient un premier accessit. Son père, dont un recueil de poèmes a été primé par l'Académie française, est un passionné de cinéma et adore filmer. Il existe ainsi de nombreux films de Brigitte enfant (fait rare à l'époque). Sa mère aime particulièrement la mode et la danse. Les Bardot qui font partie de la haute société, fréquentent le Tout-Paris, des directeurs de presse, de théâtre, de cinéma mais aussi des gens de la mode.
Elle étudie à l'Institut de la Tour, un établissement catholique situé au n°86 rue de la Tour (16e arrondissement)
Hélène Lazareff, directrice de Elle et du Jardin des Modes, est une grande amie de Madame Bardot ; elle engage Brigitte en 1949 pour présenter la mode « junior ». À 15 ans, l'adolescente devient très vite la « mascotte » du magazine Elle, dont elle fait la couverture dès 1949. Le réalisateur Marc Allégret, voyant les photos, demande à la rencontrer, mais ses parents s'opposent à ce qu'elle devienne actrice. Son grand-père, qu'elle surnomme « le Boum », lui fait confiance, et prend sa défense : « Si cette petite doit un jour être une putain, elle le sera avec ou sans le cinéma, si elle ne doit jamais être une putain, ce n'est pas le cinéma qui pourra la changer ! Laissons-lui sa chance, nous n'avons pas le droit de disposer de son destin. » À l'audition, elle rencontre l'assistant d'Allégret, Roger Vadim, qui lui donne la réplique pour une scène du film Les lauriers sont coupés. Le film ne se fait pas, mais ils tombent amoureux.
Ses parents s'opposent à cette relation. Son père lui annonce un soir qu'elle va poursuivre ses études en Angleterre et qu'elle doit prendre le train dès le lendemain matin, pour ne revenir qu'à sa majorité, cinq ans plus tard. Effondrée elle refuse, ce soir-là, de les accompagner à un spectacle, prétextant un mal de tête, et dès leur départ, met sa tête dans le four de la cuisine, le gaz ouvert. Rentrés plus tôt — le spectacle ayant été annulé — ses parents la trouvent dans le coma avec, à ses côtés, un petit mot expliquant son geste. Reprenant conscience elle parvient, à force de supplications, à convaincre son père de ne pas l'envoyer en Angleterre. Il accepte, à condition qu'elle n'épouse Vadim qu'à l'âge de dix-huit ans.
Premiers pas au cinéma
Après avoir de nouveau fait la couverture de Elle, Brigitte Bardot se voit offrir son premier — petit — rôle par le réalisateur Jean Boyer dans Le Trou normand avec Bourvil. La débutante n’est pas enthousiaste, mais accepte pour les 200 000 francs qu'on lui offre. Elle notera, dans ses mémoires parus en 1996, avoir un souvenir pénible de ce premier tournage, mais poursuit cependant dans cette voie avec Willy Rozier, qui lui offre son second rôle dans Manina, la fille sans voiles.
Pour ses 18 ans, son père l’autorise à se marier avec Roger Vadim (la majorité étant à 21 ans à l'époque). Le mariage est célébré à l'église Notre-Dame-de-Grâce-de-Passy (16e arrondissement de Paris), le 21 décembre 1952.
En 1953, elle rencontre Olga Horstig, qui devient son agent. Anatole Litvak, metteur en scène américain, lui demande de jouer un petit rôle dans Un acte d'amour avec Kirk Douglas.
André Barsacq lui propose de reprendre, au théâtre de l'Atelier, le rôle créé par Dany Robin dans L'Invitation au château de Jean Anouilh. N'ayant aucune expérience théâtrale, elle se trouve « nulle ». Le soir de la première, les plus grands critiques sont présents. Peu avant son entrée en scène, Anouilh lui envoie des fleurs et un petit mot : « Ne vous inquiétez pas, je porte chance ». Le lendemain, elle reçoit les compliments de Jean-Jacques Gautier et la plupart des critiques sont bonnes.
Sacha Guitry cherchant une comédienne « pas chère » pour jouer Mademoiselle de Rosille, maîtresse d'un soir de Louis XV interprété par Jean Marais, l'agent de Bardot propose à Brigitte de jouer une scène dans Si Versailles m'était conté.... Elle accepte alors avec joie.
La jeune actrice se rend ensuite à Rome, où on lui propose du travail et s'y lie d'amitié avec Ursula Andress, rendue célèbre, quelques années plus tard, par le film James Bond 007 contre Dr No. Bardot décroche un rôle dans un film américain, Hélène de Troie de Robert Wise avec Rossana Podestà. « Mon anglais était minable et mon trac formidable. J'appris mon rôle sur le bout des doigts, je ne savais même pas ce que je disais, mais je le disais avec tant d'assurance que je fus choisie ». Encore à Rome, elle tient le rôle principal d'une petite production italienne, Haine, Amour et Trahison, qu'elle qualifiera plus tard de « mélodrame ridicule ».
De retour en France, son agent lui propose de jouer avec Michèle Morgan et Gérard Philipe dans Les Grandes Manœuvres de René Clair. Son rôle n'est pas important, mais elle préfère « un petit rôle dans un très bon film à un grand rôle dans un mauvais film ». Marc Allégret la dirige ensuite dans En effeuillant la marguerite qui est un échec. Elle retourne alors à Rome pour Les Week-ends de Néron, elle devient, pendant le tournage, « capricieuse », selon ses propres termes, exigeant pour une scène de bain qu'une solution d'amidon soit remplacée par du lait... vite transformé en yaourt par la chaleur des projecteurs.
Vie privée
Brigitte Bardot a été mariée quatre fois.
du 20 décembre 1952 (à la mairie) / 21 décembre 1952 (à l'église de Passy) au 6 décembre 1957 avec Roger Vadim ;
du 18 juin 1959 au 30 janvier 1963 avec Jacques Charrier ;
du 14 juillet 1966 au 1er octobre 1969 avec Gunter Sachs ;
depuis le 16 août 1992 avec Bernard d'Ormale.
Elle épouse Roger Vadim à l'âge de 18 ans. Lors du tournage de Et Dieu… créa la femme, elle tombe amoureuse de son partenaire Jean-Louis Trintignant. Ses rapports avec Vadim deviennent ceux d'un frère et d'une sœur. Le réalisateur réalise avec difficulté les scènes d'amour entre elle et Trintignant. Marié à Stéphane Audran, Trintignant quitte tout pour aller vivre avec Bardot, qui en fait de même. Elle dit plus tard : « J'ai vécu avec lui la période la plus belle, la plus intense, la plus heureuse de toute cette époque de ma vie ». Il la quitte en 1957, année de son divorce avec Roger Vadim, lorsqu'elle revient de Madrid, où elle a de nouveau tourné sous la direction de Vadim dans Les Bijoutiers du clair de lune, persuadé qu'elle lui a été infidèle. Elle déclare :
« Jean-Lou est parti parce que je ne l'en empêchais pas, parce que je ne savais plus où j'en étais ».
Le 15 mai 1958, Brigitte Bardot achète La Madrague, une maison située sur la route des Canebiers, à Saint-Tropez, pour la somme de 25 millions de francs français de l'époque (anciens francs).
Elle connaît de brèves liaisons avec Gilbert Bécaud et Sacha Distel. Ensuite, elle se marie pour la deuxième fois, avec Jacques Charrier, qu'elle a rencontré sur le tournage de Babette s'en va-t-en guerre. Avec lui, elle aura son unique fils, Nicolas Charrier, en 1960. Ils divorcent en 1963, Brigitte ayant une aventure avec Sami Frey depuis La Vérité, en 1960. Elle affirme : « Sami, un être rare, sensible, angoissé et érudit qui resta longtemps l'homme de ma vie ». Il met un terme à leur relation l'été 1963, du fait de sa liaison avec le musicien brésilien Bob Zagury.
En mai 1966, elle rencontre Gunter Sachs. Elle déclare : « J'avais déjà connu bien des hommes, j'avais aimé, vécu des passions, mais ce soir-là, je m'envolais, portée par Gunter dans un monde féerique, que je n'avais jamais connu et que je ne connaîtrais jamais plus ». Elle l'épouse en troisièmes noces près de deux mois après cette rencontre. Ils restent ensemble moins d'un an, bien qu'ils ne divorcent que trois ans après leur mariage. Paris Match et Jours de France leur consacrent un numéro spécial et ne cessent de parler d'eux pendant un mois, tout comme les quotidiens internationaux Time, Life, Newsweek, La Stampa ou encore Spiegel. Certains attendent même avec impatience 1973, ayant remarqué qu'elle se marie tous les sept ans. Pendant leur voyage de noces à Tahiti, elle est déçue par son attitude, la laissant seule pour partir rejoindre ses amis. Elle regrette : « À ce moment, j'ai compris que Gunter était un homme qui avait besoin de copains, de traditions, les femmes n'étant dans sa vie que les parures splendides mais artificielles d'une mise en scène théâtrale d'où il ne pouvait tirer la quintessence de son existence ». Ils ne se voient que très rarement : « En deux ans de mariage, je dus le voir l'équivalent de trois mois pleins ». Alors qu'il rêve de tourner un grand film pour elle, il veut présenter au Festival de Cannes un documentaire animalier, « sans aucun intérêt » selon Brigitte. Il la menace de divorce si elle ne veut pas l'accompagner pour en faire la promotion. « Je haïssais Cannes. [...] Ce n'était pas pour aller présenter son film de merde que je changerais d'avis ! « Madame, me répondit Gunter, si vous n'acceptez pas, je divorce ! - Eh bien, divorcez, monsieur ». » Même si elle se sait trompée, elle finit par accepter. Leur relation ne cesse alors de se détériorer.
En 1967, elle enregistre, pour le Bardot Show, Harley-Davidson composé par Serge Gainsbourg avec qui elle se sent bien. « Ce fut un amour fou — un amour comme on en rêve — un amour qui restera dans nos mémoires et dans les mémoires ». Elle devient sa muse. Pour essayer néanmoins de sauver son mariage, elle lui demande de ne pas sortir Je t'aime… moi non plus et chante pour lui Bonnie and Clyde ou encore Comic Strip. En mai 1968, alors qu'ils se trouvent à Rome, Gunter lui annonce son départ précipité pour les îles Canaries. Elle reste néanmoins suspicieuse. C'est la femme de chambre de Gunter, Margaret, qui, par ailleurs ne cesse d'espionner Brigitte, qui lui remet une lettre de rupture. Sur les témoignages précis de sa femme de chambre, il lui explique qu'il ne peut plus accepter plus longtemps d'être « trahi dans sa propre demeure, ridiculisé et cocufié ouvertement devant ses amis et collaborateurs, et ses domestiques! » Elle est atterrée par cette nouvelle, « J'avais déjà trompé Gunter, certes, il me l'avait rendu au centuple, mais cette fois ce n'était pas le cas et pourtant je sentais qu'il me serait impossible de me justifier ».
Par la suite, elle noue une relation avec Patrick Gilles, qui dure plus de deux ans, puis avec Christian Kalt, Laurent Vergez, Mirko Brozek et Allain Bougrain Dubourg. En 1992, lors d'un dîner organisé par son avocat, Jean-Louis Bouguereau, à Saint-Tropez, elle fait la connaissance de Bernard d'Ormale. Elle évoque alors, dans ses mémoires, « un coup de foudre mutuel » et prédit qu'« il sera [s]on mari pour le reste de [s]a vie ».
Dans sa vie, Brigitte Bardot dit avoir connu 17 hommes. Certaines liaisons avec des hommes peu médiatisés.
Consécration
Et Dieu… créa la femme (1956)
En 1956, Roger Vadim écrit avec Raoul Lévy un scénario intitulé Et Dieu… créa la femme. Aucun producteur ne veut financer le film. Brigitte Bardot se rend alors au festival de Cannes. Tout le monde parle d'elle et la starlette qu'elle est devenue éclipse Sophia Loren et Gina Lollobrigida, les plus grandes stars de l'époque. Les flashs des photographes se déclenchent sur son passage et son sex-appeal émeut la Croisette.
C’est finalement grâce à l'approbation de Curd Jürgens, acteur important de cette époque, pour qui Vadim et Lévy ont taillé sur mesure le rôle d'Éric Carradine, qu'ils obtiennent le financement nécessaire. Le tournage a lieu à Saint-Tropez. C'est ce film qui lui permet d'entrer dans la légende du cinéma mondial et de devenir un mythe vivant, un modèle social et un sex-symbol international.
La jeune artiste y joue le rôle de Juliette Hardy, face à Curd Jürgens, Christian Marquand et Jean-Louis Trintignant, avec lequel se noue une liaison. Un an plus tard, le 6 décembre 1957, elle divorce de Vadim. Celui-ci définit ainsi le personnage qu'elle interprète : « Je voulais, à travers Brigitte, restituer le climat d'une époque, Juliette est une fille de son temps, qui s'est affranchie de tout sentiment de culpabilité, de tout tabou imposé par la société et dont la sexualité est entièrement libre. Dans la littérature et les films d'avant-guerre, on l'aurait assimilée à une prostituée. C'est dans ce film une très jeune femme, généreuse, parfois désaxée et finalement insaisissable, qui n'a d'autre excuse que sa générosité. »
À sa sortie en France, le film est accueilli avec une certaine réserve. Les Cahiers du cinéma reprochent la facilité du sujet et le choix des acteurs. Brigitte Bardot est critiquée sans indulgence pour son verbe traînant et son articulation douteuse. Paul Reboux dit d'elle qu'elle a « le physique d'une boniche et la façon de parler des illettrés! » Raoul Lévy et Roger Vadim décident d'exploiter le film à l'étranger en espérant qu'il y sera un succès. Rebaptisé And God Created Woman, il fait un triomphe aux États-Unis. « C'était un succès extraordinaire, les critiques se montraient dithyrambiques, je devenais soudain la Française la plus connue outre-Atlantique » se rappelle Bardot quelques années plus tard. Les Américains inventent même le terme « bardolâtrie » pour qualifier l'enthousiasme qu'elle suscite. Simone de Beauvoir affirme qu'« [elle] marche lascivement et [qu']un saint vendrait son âme au diable pour la voir danser ». Le film ressort alors en France et connaît un triomphe retentissant. Cinémonde écrit : « Le sex-appeal, c'est Marlene Dietrich, le glamour, c'est Ava Gardner, le oomph, c'est Jane Russell, le t'ça, c'est Suzy Delair, le pep, c'est Marilyn Monroe, Brigitte Bardot mélange tous ces ingrédients explosifs, y ajoute un zeste de fantaisie personnelle, elle sera le pschitt! »
Elle commence alors à recevoir beaucoup de lettres et d'appels téléphoniques de la part d'admirateurs et décide de prendre un secrétaire, Alain Carré, qui dévoilera, quelques années plus tard, bon nombre de ses secrets à la presse. Dès lors, les projets de films s'accumulent. Olga, son agent, et Raoul Lévy lui proposent En cas de malheur que doit réaliser Claude Autant-Lara, le nouveau film de Vadim Les Bijoutiers du clair de lune ainsi qu'Une Parisienne et La Femme et le Pantin. Son favori est En cas de malheur. Néanmoins, elle les accepte tous, mais refuse le film américain qu'on lui propose où Glenn Ford et Doris Day lui demandent d'être leur partenaire : Le Père malgré lui. John Wayne évoque le souhait de jouer à ses côtés en 1960 : « Pour elle, je suis prêt à renoncer à mon chapeau de cow-boy. »
Son agent lui fait savoir qu'elle est invitée à Londres à la Royal Command Performance, pour le grand gala annuel, et doit être présentée à la reine Élisabeth II. C'est là qu'elle rencontre Marilyn Monroe. « Je l'adorais, la regardais, fascinée. J'aurais voulu être « Elle », avoir sa personnalité et son caractère ».
En 1958, Brigitte Bardot devient l'actrice française la mieux payée du cinéma français. Après Et Dieu… créa la femme, Raoul Lévy lui fait signer un contrat pour quatre films. Douze millions de francs français pour le premier film, quinze millions pour le second, trente millions pour le troisième et quarante-cinq millions pour le quatrième. Elle reçoit cinq pour-cent des recettes pour le film Les Bijoutiers du clair de lune.
D'Une Parisienne à Babette s'en va-t-en guerre (1957-1959)
Rentrée en France, elle tourne dans Une Parisienne de Michel Boisrond avec Henri Vidal et Charles Boyer, qui est pour elle une comédie « fine et spirituelle, pleine d'humour et d'amour » . « Il fait partie des films dont je suis fière, il n'y en a pas eu beaucoup. Cette réussite me stimula et j'eus envie de continuer à me donner du mal pour mon métier ». Le film a en effet un grand succès.
La jeune actrice se rend ensuite en Espagne pour jouer dans Les Bijoutiers du clair de lune. Le tournage se termine à la suite d'un orage terrible. Déprimée, elle souhaite rentrer en France. Les dégâts sont tels que la production décide de tout rapatrier, et c’est à Nice, au Studios de la Victorine, dans un décor reconstitué, que la jeune femme termine le film.
Un soir, sa mère lui téléphone de Saint-Tropez ; elle a trouvé pour elle une maison « les pieds dans l'eau ». Bardot s'y rend, tombe sous le charme de La Madrague, et l'achète immédiatement. En 1963, l’obtention d’une dérogation exceptionnelle l'autorise à construire des murs se prolongeant sur la plage dans la continuité des clôtures de sa propriété, afin de protéger son intimité des importuns, notamment des paparazzi.
De retour à Paris, elle commence à tourner dans En cas de malheur avec Edwige Feuillère et Jean Gabin, mais terrorisée à l'idée de jouer un rôle aussi sérieux avec des acteurs si reconnus, elle panique; le réalisateur Claude Autant-Lara, réputé pour être difficile, s'énerve dès le premier jour car la jeune femme n'arrive pas à dire son texte correctement à chaque prise. Gabin, sentant son angoisse, sa timidité et son affolement, la voyant au bord de la crise de nerfs, fait « exprès » de se tromper à la prise suivante. L'atmosphère s’étant détendue, « j'ai enfin pu dire mon texte sans me tromper ». Le film, sélectionné au festival de Venise, est accueilli avec une certaine réserve mais demeure, pour la comédienne, l'un de ses préférés avec La Vérité, Viva Maria !, Et Dieu… créa la femme et L'Ours et la Poupée. Elle reçoit néanmoins cette année-là, puis jusqu'en 1961, le premier prix de popularité décerné par Ciné Télé Revue.
En 1959, elle accepte de jouer dans Babette s'en va-t-en guerre. À la réception du scénario, ne comprenant pas que ce film, qu'elle imagine charmant, drôle et séduisant, puisse être rendu aussi minable et sans intérêt, elle le renvoie ; elle a barré chaque page de crayon rouge, et écrit sur la dernière, où sa signature et son approbation devaient être apposées : « Je ne tournerai « jamais » une merde pareille ». Raoul Lévy fait alors réécrire l'histoire par Gérard Oury qui, entre sa carrière d'acteur et celle de metteur en scène, travaille alors comme scénariste-dialoguiste. Le scénario est soumis une nouvelle fois à Bardot qui l'accepte avec enthousiasme. Ses partenaires sont Francis Blanche et Jacques Charrier avec qui la jeune femme a une liaison. Apprenant, peu après, qu'elle est enceinte., ne désirant pas d'enfant et effrayée à l'idée d'être mère, elle envisage un avortement, avant d'avouer la vérité à Jacques Charrier qui est « fou de joie » lorsqu'il l'apprend. Ils se marient le 18 juin 1959 et, à cette occasion, Bardot lance la mode du vichy à carreaux, des cheveux longs et blonds et des ballerines. Le 20 septembre 1959 sort Babette s'en va-t-en guerre. Le film est un succès accueilli avec « sympathie par un public attiré par le couple que nous formions, par les acteurs sensationnels tel Francis Blanche, qui nous entouraient et par le côté farfelu et rigolo d'une guerre ironique ».
Son agent lui fit alors savoir que Raoul Lévy et Henri-Georges Clouzot lui proposent de tourner à partir de mai 1960 dans La Vérité. Mais son mari lui refuse la lecture de ce scénario qu’il juge déshonorant pour lui, sa famille et l’enfant à naître, puis jette tout ce qu'elle reçoit et plus particulièrement ce que lui propose Clouzot. Elle signe néanmoins avec ce dernier dans le plus grand secret.
Sex-symbol des années 1960
La Vérité (1960)
Son fils Nicolas nait le 11 janvier 1960 dans son appartement du 71 avenue Paul Doumer dans le 16e arrondissement de Paris. Après un accouchement difficile, « à la limite du supportable », elle refuse de voir son enfant qui représente à ses yeux « neuf mois de cauchemar. C'était un peu comme une tumeur qui s'était nourrie de moi, que j'avais portée dans ma chair tuméfiée, n'attendant que le moment béni où l'on m'en débarrasserait enfin ». Elle dira même un jour : « J'aurais préféré accoucher d'un chien. » Dans la rue, la circulation est interrompue par la centaine de photographes et de journalistes. Un policier est même de garde devant la porte de son appartement. Exténué par tous ces événements, le jeune couple décide de partir skier, laissant leur fils à la mère et à la grand-mère de Bardot.
Raoul Lévy téléphone à Brigitte pour lui parler de La Vérité. La comédienne fait des essais avec plusieurs jeunes acteurs, dont Jean-Paul Belmondo, Hugues Aufray, Gérard Blain, Marc Michel, Jean-Pierre Cassel et Sami Frey qui est finalement choisi pour lui donner la réplique aux côtés de Charles Vanel, Paul Meurisse, Louis Seigner, Marie-Josée Nat et Jacqueline Porel. Brigitte Bardot vit, à ce moment, une période difficile, son époux est malade, le tournage s’avère éprouvant et elle n'arrive pas à s'occuper de son bébé. Un appel du directeur d'Ici Paris, Pierre Lazareff, un ami, lui apprend alors que son secrétaire a vendu ses mémoires pour 50 millions d'anciens francs à France Dimanche, mettant ses secrets et sa vie privée sur la place publique. « Je me retrouvais seule avec un nourrisson, un mari malade, une maison à faire tourner, pas de bonne, un film à réussir. Une situation difficile à équilibrer pour tout être normal, impossible en ce qui me concernait ». Après le renvoi de son secrétaire, un accord passé entre les différents magazines, lui permet de supprimer tout ce qui ne lui convient pas.
Sur le plateau de La Vérité Henri-Georges Clouzot se montre difficile : « Il me voulait à lui tout seul et régnait sur moi en maître absolu ». Le tournage s'avère éprouvant. Dans une scène, alors qu'elle doit pleurer, elle se met à rire, ce qui énerve Clouzot qui la gifle devant toute l'équipe, gifle qu'elle lui retourne. « Il était hébété ! Jamais on ne lui avait fait ça ! Hors de lui, mortifié, humilié devant témoins, il m'écrasa les pieds avec les talons de ses chaussures. J'étais pieds nus, je poussai un hurlement et me mis à pleurer de douleur. Il demanda instantanément le « moteur » profitant de ces larmes bienvenues pour tourner la scène. Mais boitillante et claudicante, je quittais le plateau telle une reine offensée et réintégrais ma loge ». Une autre fois, à la fin du film, le scénario a prévu une scène de suicide où son personnage doit avoir avalé des barbituriques. Lorsqu'elle se plaignit d'un mal de crâne, Clouzot lui apporta deux aspirines. « Je me sentis bizarre, une torpeur m'envahit, mes yeux pesaient une tonne, j'entendais comme à travers du coton... On dut me ramener à la maison portée par deux machinistes. Clouzot m'avait droguée en me faisant absorber deux somnifères puissants. Je mis 48 heures à me réveiller ! Mais la scène était réaliste et on ne peut plus vraie ! »
Chaque matin, le réalisateur la met en condition, lui montrant la vie sous son jour le plus désespéré, le plus injuste, le plus cruel. Le film étant tourné au mois d'août, elle déprime, imaginant qu'elle pourrait être en vacances, mais finit par se prendre réellement au jeu. Il lui semble que se déroule son propre procès. Il est question de la mauvaise réputation de son personnage, de sa scandaleuse façon de vivre, de sa légèreté et son absence totale de moralité. À la fin du film, elle doit dire un monologue long, émouvant et sincère. Ce sont les dernières paroles de son personnage pour tenter d'attendrir les jurés sur le meurtre commis contre son petit ami.
« On m'attendait au tournant! Il allait probablement falloir recommencer une dizaine de fois [...] Clouzot vint me voir. Je savais mon texte au rasoir mais si je me trompais, ça n'avait pas d'importance, je devais continuer, inventer, parler avec mes tripes, avec mes mots. [...] Vanel se retourna juste avant le « moteur » et me dit un « merde » plein de tendresse. Il m'aimait bien et voulait que je sois ce qu'il savait que je pouvais être. Il y avait un silence de mort. J'attendis une seconde ou deux. Je les regardais, ceux-là, qui me jugeaient parce que j'osais vivre ! Puis ma voix s'éleva. Cassée, rauque, puissante, je leur dis ce que j'avais à leur dire à tous. Ma force venait de mes entrailles, je vibrais, je jouais ma tête, ma vie, ma liberté. Je pleurais, brisée par les larmes, ma voix hoqueta mais je continuai jusqu'à la fin et tombai assise, la tête entre les mains, en proie à une véritable crise de désespoir. Il y eut un moment de silence puis Clouzot cria « Coupez ! ». Alors, toute la salle du tribunal m'applaudit, les figurants pleuraient, les juges étaient émus, les jurés impressionnés. Ce fut une des plus grandes émotions de ma vie. J'étais vidée, à bout, mais c'était réussi. J'avais gagné. Bien sûr, on ne recommença pas »
— Brigitte Bardot, Initiales B.B., Éditions Grasset, p. 274
Le tournage de La Vérité se révèle pour elle, sur le plan personnel comme professionnel une belle réussite. Elle dissimule, par respect pour son mari, la liaison commencée avec Sami Frey. Mais son mari ne tarde pas à la découvrir, de même que les journalistes, qui ne cesseront de la harceler. Madame Bardot, affolée par l'état dépressif de sa fille, l'envoie dans une maison isolée de Menton, en compagnie de Mercedès une amie.
Tentative de suicide (1960)
Le 28 septembre 1960, jour de son anniversaire, elle refuse de se rendre à la soirée organisée par Mercédès et préfère rester seule à la maison. Elle boit du champagne et, à chaque gorgée, avale un comprimé d'Imménoctal. Déterminée à mourir, elle erre dans la campagne. Arrivée près d'une bergerie, elle raconte : « Je m'assis par terre, enfonçais de toutes mes forces la lame d'acier dans mes deux poignets, l'un après l'autre. Ça ne faisait absolument pas mal. Le sang coulait à flots de mes veines. Je m'allongeai, regardai les étoiles au milieu des moutons. J'étais sereine, j'allais me dissoudre dans cette terre que j'ai toujours aimée ».
Elle est retrouvée par un enfant, et l'ambulance qui l'emmène à l'hôpital est contrainte de s'arrêter, des photographes, prévenus, peu soucieux de son état alarmant, barrant la route au véhicule, prennent des photos, puis la laissent repartir vers les urgences.
À l'hôpital Saint-François de Nice, 48 heures plus tard, elle reprend connaissance, pieds et poings liés à la table de réanimation, des tuyaux traversant son corps de part en part. Elle raconte : « Chaque seconde où je reprenais conscience était un martyre de douleur. [...] Mon retour sur cette terre fut un cauchemar. Prise pour une folle par les médecins, ceux-ci me confièrent à des psychiatres. J'eus droit à une camisole de force. » Sa tentative de suicide fait les gros titres des journaux comme France Dimanche et Ici Paris. À sa sortie de l'hôpital, elle doit faire face à la réaction du public. Sa convalescence se passe à Saint-Tropez, où sa mère ne la laisse jamais seule. Sami Frey, réformé, lui demande de venir le retrouver près de Paris.
Sans nouvelle, Olga, son agent, réussit à la joindre pour lui rappeler l'urgence de faire la synchronisation de La Vérité, ainsi que l'existence du contrat de La Bride sur le cou, le film, mis en scène par Jean Aurel, qu'elle doit commencer en janvier suivant. Le 2 novembre 1960, La Vérité sort dans les salles parisiennes. Malgré son absence à la première, le film est bien accueilli par la critique et connaît un énorme succès public. Il est récompensé dans de nombreux festivals internationaux — le film fut nominé a l’Oscar du meilleur film étranger 1961 — et Brigitte Bardot y est reconnue comme une actrice à part entière. À l'étranger, elle est consacrée « meilleure actrice de l'année ».
« Brigitte Bardot telle qu'elle-même enfin. Clouzot la change. D'abord semblable à son personnage d'enfant gâtée évaporée et boudeuse, elle se métamorphose en femme dans son box de criminelle. Alors, véritablement elle est autre : par sa voix, son regard et ce corps brusquement effacé. Quand elle crie son amour et l'amour de celui qu'elle a tué, elle émeut. Et son regard de bête traquée, la nuit, dans la prison, à l'instant où elle saisit son morceau de miroir, ce regard fait mal... Quelle est la part de fascination du réalisateur dans cette métamorphose ? Il est difficile de le dire mais elle est certainement prépondérante. »
— Jean de Baroncelli, Le Monde.
En janvier 1961, elle commence le tournage de La Bride sur le cou, où Michel Subor est son partenaire. Ce film représente pour Brigitte Bardot une façon de se changer les idées, même si elle le considère comme une « ânerie et désespérant de nullité ». Face au succès de La Vérité, elle annonce aux producteurs que soit elle arrête de jouer, soit ils changent le réalisateur. Les producteurs la remplacent par Roger Vadim en raison de sa « médiocrité » et de sa « banalité ».
De Vie privée à Le Mépris (1961-1963)
Elle accepte alors de jouer dans Vie privée, adapté de sa propre vie, sous la direction de Louis Malle. Le tournage a lieu à Genève, en Suisse. Au cours d’une scène avec Marcello Mastroianni, un pot de géraniums tombe à trois centimètres de sa tête, puis l'équipe est bombardée de tomates, de vieux cageots et de pots pleins d'eau. Bardot est insultée de toutes parts : « La putain, en France. Qu'elle aille chez elle faire ses saloperies. La paix en Suisse. Qu'elle crève. Des ordures pour les ordures. Qu'on rouvre les maisons closes pour la mettre dedans avec une caméra ». Meurtrie, elle ne comprend pas l’agressivité des gens à son égard. La réalisation a ensuite lieu à Paris et à Spolète en Italie sans aucun problème, mis à part les paparazzi qui la guettent nuit et jour la pourchassant jusqu'à La Madrague, pendant les vacances qu’elle prend après le tournage. Certains n'hésitent pas à entrer dans sa propriété. « Combien de fois au bord de la crise de nerfs ai-je appelé la police ? J'en ai trouvé dans ma salle de bains, dans mon salon, sur la balancelle du jardin ou tout simplement installés sur les chaises longues au bord de l'eau ».
De retour à Paris, elle est peu enthousiaste pour tourner dans le nouveau film de Roger Vadim, Le Repos du guerrier, qui doit commencer début 1962. À la même période une lettre de menace de l'OAS exigeant d'elle la somme de 50 000 francs pour soutenir les activistes de l'Algérie française lui parvient. Bien que « morte de peur », la jeune femme, décide de les affronter, malgré le refus de protection de la police. Après avoir mis en sécurité son fils en Suisse, elle fait publier en réponse une lettre ouverte où elle dit avoir « porté plainte par l'entremise de mes avocats pour tentative de chantage et d'extorsion de fonds. [...] En tout cas, moi, je ne marche pas parce que je n'ai pas envie de vivre dans un pays nazi ».
C’est en 1962 que Brigitte Bardot engage son premier combat pour la cause animale, en militant pour le pistolet d'abattage indolore dans les abattoirs. En effet, après avoir vu des photos montrant les conditions dans lesquelles les animaux étaient abattus, elle décide de devenir pescétarienne : « Je ne demande à personne de devenir végétarien, mais peut-être d'essayer de manger moins de viande, morceau d'une chair animale remplie des toxines de la souffrance et de l'angoisse dues à une mort atroce ». Elle entame sa première bataille. « Je pleurais longuement sur la photo d'un petit veau qui, les pattes cassées, gisait sanglant la gorge ouverte sur un X de torture, pire qu'aux pires moments du Moyen Âge ! Puisque personne au monde n'avait le courage ou les moyens de dénoncer ces abominables tueries sanglantes moi je le ferais ! » À sa demande, Pierre Desgraupes accepte de lui accorder — malgré ses réserves, trouvant qu'un sex-symbol correspondait mal à une séquence aussi dure sur les abattoirs — une interview dans son émission Cinq colonnes à la une. L’actrice apparaît en direct dans cette émission le 9 janvier 1962, et montre alors au public qu'un bifteck est le résultat de la mort « abominable d'un animal innocent et martyrisé ». Suspicieux, Desgraupes lui demande néanmoins si tout cela n’est pas fait pour soigner sa publicité.
Roger Frey, le ministre de l’intérieur de cette époque, lui accorde une entrevue où elle se rend avec quelques exemples de pistolets d'abattage destinés à assommer le gros bétail, afin que la mort lente et consciente par saignement soit abolie dans la plupart des cas, grâce à la projection d'une flèche dans le cerveau qui paralyserait les centres nerveux.
Entre-temps, des membres de l'OAS écrivent une lettre à son père où ils menacent de la vitrioler si les 50 000 francs demandés ne sont pas versés. Ses parents s'efforcent de la faire protéger par la police qui refuse, se disant débordée de demandes de ce genre. Deux gardes du corps sont alors engagés.
En février 1962, Bardot retrouve Roger Vadim pour Le Repos du guerrier avec Robert Hossein. Si le film ne lui plait pas beaucoup, elle garde en revanche un « merveilleux » souvenir de Florence au printemps.
Pour souhaiter une bonne année 1963 aux téléspectateurs, la comédienne accepte d’interpréter des chansons de divers auteurs et compositeurs, notamment de Gainsbourg — qu'elle vient de rencontrer et qui lui a écrit L'Appareil à sous — ainsi que de Jean-Max Rivière (parolier) et Gérard Bourgeois (compositeur), tout en dansant sur des airs du folklore d'Amérique latine.
Jean-Luc Godard souhaite absolument l'engager dans Le Mépris adapté du roman d'Alberto Moravia. Après l’avoir rencontré au début de 1963, elle accepte, bien que ce « genre d'intello cradingue et gauchisant me hérisse! ». Elle s'envole alors pour Sperlonga, petit village du sud de l'Italie où débutent les prises de vues. Le tournage l'amuse : c'est « une suite ininterrompue de gags et de farces, » même si elle décrit Godard comme à la limite du « un coup je te vois un coup je t'ignore. Du reste, il ne fallait pas se presser. Quand on est suisse, il n'y a pas le feu au lac ». C'est pendant le tournage qu’a lieu sa séparation d’avec Sami Frey « J'ai eu très mal, car je l'aimais profondément ». Mais elle noue une nouvelle idylle avec un Brésilien, Bob Zagury.
Lors de sa sortie, Le Mépris reçoit un accueil mitigé de la part du public et de la critique. Néanmoins, Jean-Louis Bory écrit :
« Le véritable Et Dieu… créa la femme, c'est Godard qui l'a tourné, et cela s'appelle Le Mépris. [...] Ce que Vadim a imaginé dans son premier film, mais n'a plus été capable de réaliser, ce que Louis Malle a raté dans Vie privée, Godard l'a réussi. Le Mépris est le film de Bardot, parce qu'il est le film de la femme telle que Godard la conçoit et telle que Bardot l'incarne. Si le phénomène Bardot doit représenter plus tard quelque chose dans l'histoire du cinéma, au même titre que Garbo ou Dietrich, c'est dans Le Mépris qu'on le trouvera. Je ne sais dans quelles conditions le tournage a eu lieu ni si Bardot et Godard se sont bien entendus. Le résultat est là : il y a rarement eu entente aussi profonde (consciente ou non-consciente, je suppose, chez Godard) entre une actrice et son metteur en scène. »
L'avenir donnera raison à l'avis éclairé de Bory, et la scène finale du film, rajoutée pour plaire aux producteurs, deviendra une scène-culte.
Selon Bardot, les producteurs s'arrachent les droits du livre d’Exbrayat, Une ravissante idiote, après qu'elle a déclaré l'avoir aimé et trouvé l'histoire « rigolote ». Le film est finalement produit par Belles Rives ; son partenaire y est Anthony Perkins, qu'elle décrit comme le « rêve impossible de toutes les femmes », et le réalisateur Édouard Molinaro.
Après ses vacances à Rio de Janeiro, on lui propose une apparition de deux jours dans un film américain qui lui rend hommage avec James Stewart. Le film, Chère Brigitte, narre l'histoire d'un enfant de dix ans fou d'elle et qui, à force de supplier son père, finit par la rencontrer dans sa maison de campagne. Elle accepte à condition que toute l'équipe américaine se déplace en France mais trouve Stewart ennuyeux et a l'impression de jouer face à un « robot qui refait et redit à chaque prise les mêmes gestes et les mêmes mots sans aucune personnalité ».
En juin 1964, Joséphine Baker lance un appel pour sauver sa propriété du Périgord, le château des Milandes, dans laquelle elle avait recueilli tous ses enfants. Émue et bouleversée par la détresse de cette femme, Bardot participe immédiatement à son sauvetage en lui envoyant un chèque important.
De Viva María ! au festival de Cannes (1964-1967)
Pendant ce temps, Louis Malle veut lui faire donner la réplique à Jeanne Moreau dans une parodie de western à grand spectacle et gros budget, tourné au Mexique : Viva Maria !. Son agent lui explique que c'est la chance de sa vie, un moyen de prouver au monde qu'elle est mieux que jolie et très différente de l'image stéréotypée qui circule dans les salles de rédaction. La décision s'avère difficile à prendre, mais il lui faut relever le défi : accepter d'avoir Jeanne Moreau comme partenaire et réussir à l'égaler dans l'estime du public. Elle se retire quelque temps, préférant partir skier ou faire de la plongée sous-marine.
Le 28 septembre 1964, Brigitte Bardot fête son 30e anniversaire. Paris Match lui envoie un de ses plus illustres reporters et son meilleur photographe. La presse mondiale s'empare de l'événement : « B.B. a 30 ans ! »
Elle, pour qui rien n'a changé, continue les essayages pour Viva María !. Sa rencontre avec Jeanne Moreau, à ses yeux « simple mais sophistiquée, chaleureuse mais dure, séduisante mais redoutable, enfin je la trouvais telle que je l'imaginais, avec son extraordinaire pouvoir de séduction qui dissimulait mal son caractère d'acier trempé. [...] Je comprenais que les hommes en soient fous ».
Avant d'aller au Mexique elle part à Noël pour Buzios, un village du Brésil, en compagnie de son petit ami de l'époque, le musicien brésilien Bob Zagury. Dès lors, Buzios connaît le même engouement que Saint-Tropez. On peut entendre à chaque coin de rue la fameuse chanson de Dario Moreno « Brigitte Bardot, Bardot, Brigitte Bejo Bejo... ». En remerciement, les Brésiliens érigent une statue à son effigie, sculptée par Christina Motta.
Le tournage de Viva María ! débute fin janvier 1965 à Mexico, où, selon Bardot, les plus grands photographes des plus célèbres journaux du monde défilent sur le plateau. Tous désirent des séances exclusives, des portraits, des reportages intimistes dans leurs maisons. Ce qui déplaît à la comédienne : « J'en avais déjà ras-le-bol de travailler toute la journée, maquillée du matin au soir, chapeautée, coiffée, encorsetée, bottée, crevée et harassée, qu'au moins, le dimanche, je puisse me détendre, me baigner, dormir traînasser ou visiter le pays ». Un jour, son agent, qu'elle surnomme affectueusement « Mamma Olga », arrive sur le plateau, furieuse, et brandit une pile de journaux où Jeanne Moreau figure en couverture. À l'intérieur, on ne voit et ne parle que d'elle, en anglais, en français, en allemand, en italien et même en japonais. Sous la pression de son agent, Bardot accepte de lui faire concurrence. « À partir de ce jour, je mis un point d'honneur à gagner le pari que j'avais fait contre moi-même en acceptant de tourner ce film. Si Jeanne avait gagné la première manche, j'emporterais la « belle » au finish, comme au poker. [...] J'en ai fait des photos, le soir, le matin à 5 heures à peine réveillée, le dimanche ! J'ai ouvert mes portes, je me suis livrée, insolente, perverse, souriante ou boudeuse. Sous tous les angles, sur toutes les coutures et de toutes les couleurs ». Elle avoue être capricieuse durant le tournage mais accepte de grimper sur un train en marche, sautant de toit de wagon en toit de wagon ou de se baigner dans l'embouchure d'un fleuve infesté de requins où un machiniste a perdu une jambe. Le film sort officiellement à New York et à Los Angeles en 1965 et Brigitte Bardot, d’abord hésitante, accepte de le représenter. Son voyage dans ces deux villes n'est qu'une succession ininterrompue d'interviews, de photos, de champagne et de toasts. Une journaliste lui pose la question « Que mettez-vous pour dormir? » et elle répond « les bras de mon amant », là où Marilyn avait répondu « du N 5 de Chanel ».
Le film est un immense succès et la critique est unanime quant à la performance de Bardot. Paris Jour écrit : « Jeanne Moreau est écrasée par Brigitte Bardot ». L'Avant scène remarque : « Si Jeanne Moreau est remarquable, Brigitte Bardot est tout simplement éblouissante dans son rôle de pétroleuse et il faut bien dire qu'elle vole la vedette à sa collègue ».
L'année suivante, elle rencontre le milliardaire allemand Gunter Sachs et l’épouse en troisième noces le 14 juillet 1966. Celui-ci, pour lui déclarer son amour, fait tomber une pluie de pétales de roses rouges sur La Madrague depuis son hélicoptère.
Louis Malle fait de nouveau appel à elle pour le sketch William Wilson tiré des Histoires extraordinaires d'Edgar Allan Poe. Son partenaire est Alain Delon et le tournage a lieu à Rome au printemps 1967. Sa performance (en perruque brune, fouettée par Delon) est saluée par la critique.
La star française refuse de tourner le film américain Shalako, un western dont l'action se déroule dans les années 1880, mis en scène par Edward Dmytryk. Le tournage prévu pour le début de 1968, dans le Sud de l'Espagne, avec Sean Connery comme partenaire, doit être impérativement tourné en langue anglaise. Elle refuse également de jouer une James Bond girl dans Au service secret de Sa Majesté et déclare : « Je trouve les films James Bond excellents, mais sans moi ! ». Son agent et son mari la poussent à accepter L'Affaire Thomas Crown avec Steve McQueen, pour lequel on lui propose un million de dollars. Sur son nouveau refus, le rôle est attribué à Faye Dunaway.
Entre-temps, elle prépare ce qui sera le Bardot Show pour passer de l'année 1967 à 1968. Plusieurs compositeurs célèbres de l'époque doivent lui écrire des chansons sur mesure qu'elle chantera ou dansera.
Bien qu'ils ne se voient déjà plus, Gunter Sachs lui demande de présenter Batouk le film qu'il produit, à la soirée de clôture du Festival de Cannes 1967, ou, qu'à défaut, ils cessent définitivement de se voir. Elle accepte. À Cannes, la foule est hystérique. « J'essayai ce fameux soir de gala à Cannes de me frayer un chemin au milieu d'une foule hystérique qu'hélas je connais trop bien, ballottée, écrasée, malmenée, étouffée, mais souriante, oui souriante ». C'est sa dernière apparition officielle dans le monde du cinéma.
De Serge Gainsbourg à Shalako (1968-1969)
Sa relation avec Gunter Sachs se détériore de jour en jour. Son agent en profite pour lui faire signer le western Shalako avec Sean Connery, dont elle ne lira jamais le script. Elle enregistre peu après les chansons Le Soleil, Harley-Davidson, puis le cadeau d'amour de Serge Gainsbourg : Je t'aime… moi non plus ainsi que Comic strip et Everybody Loves My Baby . Indépendamment de la complicité artistique qui existe entre eux, la comédienne-chanteuse cède au charme singulier de l'homme à la « tête de chou ». « La beauté c'est quelque chose qui peut être séduisant un temps. Ça peut être un moment de séduction. Mais l'intelligence, la profondeur, le talent, la tendresse, c'est bien plus important et ça dure beaucoup plus longtemps », dit-elle plus tard. Sur les conseils de son agent, pour ne pas faire un scandale mondial qui ternirait son image à cause de Sachs, elle demande à Serge Gainsbourg de ne pas diffuser Je t'aime… moi non plus et de la remplacer par une autre, Bonnie and Clyde.
Puis c’est le départ en Espagne pour les besoins de Shalako : dans la chanson Initials B.B. de Serge Gainsbourg, l'héroïne prononce Almería, lieu de leur rupture définitive : Brigitte Bardot part y tourner le film Shalako ; c'est, selon Brigitte Bardot elle-même, l'un des plus mauvais films de sa carrière. Son peu d’intérêt pour le tournage la fait arriver souvent en retard sur le plateau, ce qui n'est pas pour plaire au metteur en scène (Edward Dmytryk, figure de Hollywood) qu'elle décrit comme « dur, froid, il avait des exigences militaires ». La première mondiale du film a lieu à Hambourg le jour de son anniversaire et elle avoue ne pas comprendre l'histoire, qui n'a selon elle aucun intérêt, ni l’ovation qu’il reçoit lors de sa première. Au box-office mondial, le film est cependant un échec et les critiques en majorité négatives. Jean de Baroncelli écrit dans Le Monde : « On se demande vraiment quelles raisons secrètes ont bien pu pousser Brigitte Bardot à accepter ce rôle (?) qu'elle tient dans Shalako. Si ce fut l'envie de changer d'emploi et d'incarner les héroïnes de western, elle s'est complètement trompée de scénario. »
Elle répond favorablement aux deux projets qu'on lui présente : Les Femmes et L'Ours et la Poupée. Le premier dirigé par Jean Aurel, (qu'elle avait fait remplacer dans La Bride sur le cou « tant il était nul et sans talent ! ») est un film à petit budget qui doit se tourner en décors naturels. Elle le juge « sans intérêt ». Mal reçu par la critique, c'est un échec commercial.
Entre-temps, François Truffaut prépare le tournage de La Sirène du Mississipi, dont elle aimerait avoir le rôle féminin, mais le cinéaste lui préfère Catherine Deneuve. Le film n'est pas un succès et à sa sortie, Bardot déclare : « Je suis ravie que ce soit un tel bide, parce que c'est bien fait. On me l'a piqué d'une manière tellement ignoble. J'étais folle de rage. ».
De L'Ours et la Poupée aux Pétroleuses (1970-1971)
Quant à L'Ours et la Poupée, la préparation en est extrêmement professionnelle. Un film « magnifique » selon Bardot. « J'ai de très bons souvenirs de ce film. Je m'entendais à merveille avec tout le monde, ce qui est un exploit ! » La sortie des deux films se fait à quelques mois près, le second permettant de faire oublier le premier. Elle déclare : « L'Ours et la Poupée est un peu le Et Dieu… créa la femme des années 1970. J'ai été recréée par Michel Deville. ».
Son agent, s'inquiètant de ne pas recevoir beaucoup de propositions, lui conseille d'accepter Les Novices, une comédie avec Annie Girardot. « C'est vrai que l'idée était bonne, c'est le film qui ne le fut pas ! Mais alors pas du tout ! » Bardot trouve l'histoire faible mais améliorable si le metteur en scène, Guy Casaril, « avait eu du talent ». Ce dernier doit être remplacé. À sa sortie, le film reçoit des critiques mitigées. Certains trouvent le film « amusant », d'autres, au contraire écrivent « Rarement le cinéma français est tombé si bas dans l'ignorance ».
Tandis que Claude Chabrol remplace Cazaril à la direction du film pour essayer d'en tirer le meilleur, Robert Enrico prépare Boulevard du rhum, un film sérieux, professionnel, long et difficile, dans lequel Lino Ventura doit jouer. On propose à Bardot le rôle de Linda Larue, star du milieu des années 1920, idole et amour inaccessible du marin Cornélieus. Celle-ci accepte, malgré son aversion pour les voyages à l'étranger. Elle y chante Plaisir d'amour en duo avec Guy Marchand et donne sa dernière grande comédie après L'Ours et la Poupée.
Sachant à peine de quoi il s'agit, elle donne son accord pour Les Pétroleuses, une comédie de Christian-Jaque tournée en Espagne, que Claudia Cardinale a accepté de jouer à condition de l'avoir comme partenaire. Brigitte Bardot doit assurer elle-même ses scènes à cheval, qui font éclater de rire Claudia Cardinale. « Claudia était rompue à l'équitation. Je la faisais rire aux larmes dès que, lancée dans un galop effréné par un assistant qui avait envoyé une bourrade dans le cul de mon cheval, je hurlais des « maman, au secours » cramponnée à ma selle ou à la crinière du pauvre animal ». Le tournage se poursuit avec le moment de la bagarre mémorable qu'elle doivent se livrer, pour la possession d'un ranch, et qui dure une semaine. Sept jours pendant lesquels elles passent leur temps à s'envoyer des coups de poing d'homme et à mordre la poussière à tour de rôle. « Le plus dur fut d'esquiver, en faisant croire que nous avions reçu le coup ! Deux ou trois fois, je me retrouvai avec la lèvre fendue. La pauvre Claudia eut un début d’œil au beurre noir. Cette bagarre sans pitié nous rapprocha. La scène finie, nous tombions dans les bras l'une de l'autre, nous excusant de nos maladresses mutuelles ». Les deux femmes ne se reverront que 23 ans plus tard, lors d'une cérémonie à la Comédie-Wagram organisée par Jacques Chirac en 1994, pour la remise de la médaille de la Ville de Paris.
Le succès de ses deux derniers films, Boulevard du rhum et Les Pétroleuses, la laisse indifférente. Brigitte Bardot est alors choisie pour être le modèle du buste de Marianne, trônant dans toutes les mairies de France. En acceptant, la célèbre comédienne devient la première actrice à prêter ses traits au symbole français. Le buste est réalisé par le sculpteur Aslan.
Roger Vadim souhaite faire un nouveau Et Dieu… créa la femme en lui proposant d'interpréter le rôle de Don Juan en femme. Elle signe pour ce film qui fait d'elle, à la fin de sa carrière, « l'actrice la moins appréciée, la plus exposée à l'ingratitude d'un public qui m'avait vénérée pendant vingt ans ! ». Ce film est un calvaire pour elle. Elle le trouve « sans intérêt » malgré tous ses partenaires de talent : Maurice Ronet, Robert Hossein, Mathieu Carrière et Jane Birkin.
Dernier film : Colinot-Trousse Chemise (1973)
À Paris, son agent lui soumet le scénario de L'Histoire très bonne et très joyeuse de Colinot trousse-chemise. Nina Companeez, que Brigitte Bardot aime bien, en est l'auteur et doit le mettre en scène, avec Francis Huster, dans le rôle de Colinot. Sa participation, très courte, ne doit durer qu'une semaine et, après l'échec de Don Juan 73, son agent pense que ce projet est bien choisi. Après avoir lu et apprécié, elle signe et se rend dans le Sud-Ouest.
En attendant, Brigitte Bardot rencontre Jean-Pierre Elkabbach, qui veut qu'elle participe à son émission Actuel 2. Elle doit être confrontée à quatre journalistes, pendant une heure, en direct. Elle déclare : « C'était un terrible risque à prendre. J'en fus malade de trac huit jours avant et huit jours après, mais je le pris. Après tout, qu'avais-je à perdre ? J'avais tant à y gagner ! Le public ne connaissait pas la vraie Brigitte. Je passais depuis des années pour une ravissante idiote que je n'étais pas. Il était temps de le faire savoir ! » Le 9 avril, les Français la découvrent totalement différente de celle qu'ils imaginaient. Dix millions de téléspectateurs suivent l'émission.
Sur le tournage de Colinot, elle ne s'estime plus dans son rôle et, se regardant dans un miroir, se trouve « stupide » avec son déguisement. « Tout cela me sembla dérisoire, superflu, ridicule, inutile ». C'est à ce moment qu'elle décide d'arrêter définitivement ce métier. Le soir, elle annonce à Nicole Jolivet, journaliste de France-Soir qui se trouve là par hasard : « J'arrête le cinéma, c'est fini, ce film est le dernier - j'en ai marre ! » C'est un raz-de-marée médiatique. Tous les journaux du monde reprennent l'information. « Je me sentis allégée d'un poids terrible ».
Elle n'est jamais revenue sur cette décision, malgré le très grand nombre de propositions « parfois tentantes » qu'a reçu son agent depuis, comme la proposition de tourner un film avec Marlon Brando, pour un cachet s'élevant à un million de dollars américains. Néanmoins, elle se montre intéressée par une éventuelle adaptation du roman d'Albert Cohen, Belle du Seigneur. Elle déclare même au Monde : « Je vais encore faire un film, mais il faut que ce soit quelque chose de fantastique. C'est pourquoi je serai très prudente sur le choix du scénario », mais elle annonce néanmoins mettre un terme définitif à sa carrière en 1975.
La dernière image du dernier plan de son dernier film, le 48e de sa carrière, la montre une colombe à la main, symbole de sa vie future consacrée aux animaux. Le 6 novembre 1973, elle se fait le serment que son nom, sa gloire, sa fortune et sa force lui serviront à les aider jusqu'à sa mort, à se battre pour eux, à les venger, à les aimer et à les faire aimer.
Nudité dans sa carrière
Alors que Et Dieu… créa la femme fait d'elle une star, le Vatican tient, à l'exposition universelle de Bruxelles de 1958, un salon en proposant aux visiteurs un pavillon composé de deux salles : la première est réservée aux miracles du Bien et la seconde, dédiée aux méfaits du Mal, comporte une photo de Brigitte Bardot dansant le mambo dans Et Dieu... créa la femme. Pour longtemps, l'image et la vie de Brigitte Bardot sont alors associées au « scandale, à l'immoralité, au péché de la chair, au diable cornu, au symbole de la plus grande dépravation ».
Sa position allongée, nue sur le ventre, dans Et Dieu… créa la femme, est reprise par Vadim dans Le Repos du guerrier en 1962, Jean Aurel dans Les Femmes et Godard dans Le Mépris qui a rajouté de piquants dialogues entre elle et Michel Piccoli :
« — Tu vois mon derrière dans la glace ?
— Oui
— Tu les trouves jolies mes fesses ?
— Oui... très.
— Et mes seins. Tu les aimes ?
— Oui, énormément.
— Qu'est-ce que tu préfères, mes seins, ou la pointe de mes seins ?
— Je sais pas, c'est pareil. »
En 1973, Vadim souhaite de nouveau créer le scandale avec un nouveau Et Dieu… créa la femme, qu'il intitule Don Juan 73. Pour cela, Brigitte Bardot, pour qui le film est un « calvaire », tourne une scène d'amour avec Jane Birkin.
Pour elle, la nudité qu'elle a montrée correspond à de la « petite bière en comparaison de ce que l'on voit aujourd'hui ».
Engagement dans la défense animale
Chasse aux phoques (1973-1978)
Pendant trois ans, par ses propres moyens, Brigitte Bardot essaie de faire de son mieux pour les animaux. Elle se fait porte-parole de la SPA et lance des appels en faveur des chiens abandonnés. Elle se lie à Allain Bougrain-Dubourg.
En 1976, elle rejoint Brian Davis de l'IFAW, et déclenche une vaste campagne internationale pour dénoncer la chasse aux phoques après avoir vu un documentaire à ce sujet. Pratique ancienne des Inuits de la région arctique, qui s'en servent pour maints usages en récupérant la viande, la fourrure, la graisse (ou l'huile) et les os, la chasse permet de nourrir pendant sept mois quelque 15 000 familles de pêcheurs (en hausse).
Mais ce sont les méthodes employées qui consternent l'actrice. En effet, les phoques âgés de 15 jours à peine sont assommés à coups de massue, puis dépecés sur place, parfois encore conscients. Bardot mène alors une manifestation devant l'ambassade de Norvège et de nombreuses interventions médiatiques remuent l'opinion publique mais ne suffisent pas à faire changer d'avis les responsables de la chasse.
Le 15 mars 1977, le président français Valéry Giscard d'Estaing interdit l'importation de peaux de phoques en France. Le 20 mars 1977, celle qui est encore une star aux yeux du monde entier se rend au Canada, sur les glaces polaires de Blanc-Sablon, afin d'y dénoncer la chasse aux blanchons pour leur fourrure. Elle entreprend alors un combat qui va changer sa vie. Son périple dure cinq jours sous une pression médiatique inouïe. À son arrivée, elle crie aux chasseurs « Canadiens, assassins » et déclare lors de sa conférence de presse : « Si je suis venue ici, ce n'est pas pour faire du tourisme ou pour me faire photographier comme au Festival de Cannes. [...] Nous sommes ici pour trouver une solution au problème qui se pose mondialement et nous supplions, Monsieur Weber et moi, et le monde entier, le gouvernement canadien de trouver une solution à ce problème. De toute façon, quoi qu'il arrive, le phoque est en voie de disparition. […] Il faut que vous vous disiez, même si la chasse au phoque existe depuis 300 ans, que les traditions changent et seuls les imbéciles ne changent pas d'avis. »
— Brigitte Bardot, Conférence de presse au Canada, 1977
Dans son combat, Brigitte Bardot est soutenue par de nombreuses personnalités, telles Isabelle Adjani, Kim Basinger, Tippi Hedren, Ursula Andress et Johnny Hallyday.
Le 28 mars 1983, après une réception de Bardot au Conseil de l'Europe, la Communauté économique européenne, autre institution européenne, interdit l'importation des peaux et de fourrures de bébés phoques harpés (à manteau blanc) et de bébés phoques à capuchon (à dos bleu). Dès lors, la chasse connaît une forte diminution. En effet, 20 000 phoques sont abattus en 1985 contre 200 000 en 1981.
Dernière chanson (1980-1988)
Pour prolonger l'action qu'elle vient de mener, elle publie en 1978 un livre illustré destiné aux enfants, Noonoah, le petit phoque blanc, racontant la vie d'un bébé phoque sauvé des chasseurs par un Inuit. En 1982, elle reprend à titre exceptionnel le chemin des studios d'enregistrement pour deux dernières chansons, en hommage aux animaux : Toutes les bêtes sont à aimer et La Chasse.
En mars 1980, TF1 diffuse un reportage sur les conditions d'abattage des chevaux et révèle que la France est le 2e pays d'Europe à en manger. Scandalisée, Brigitte Bardot réagit le lendemain en demandant aux Français de ne plus le faire :
« Il y a des tas de pays qui ne mangent pas de chevaux et qui ne se portent pas plus mal pour autant. Je trouve ça dégueulasse et puis la façon dont on les transporte que ce soit par bateau ou par train. Ils arrivent dans des conditions abominables. Quand ils ont les pattes cassées, on les jette par-dessus bord, vivants. [...] Les Français n'ont qu'à plus manger de viande de cheval et puis c'est tout. Pourquoi on ne mange pas de chien ou de chat ? Les Français pensent qu'à bouffer. Ils sont gros et gras, et meurent d'un infarctus, et les femmes font des régimes. Qu'ils mangent moins, et qu'ils commencent par arrêter de manger du cheval. C'est dégoûtant. »
Elle décrit les abattoirs comme « une vision proche de l'enfer. »
En 1984, Brigitte Bardot apprend qu'elle est atteinte d'un cancer du sein. Elle refuse dans un premier temps de se faire soigner, pensant qu'il s'agit de son destin et affirmant « traiter le cancer avec mépris, lui accordant peu d'importance ». Son amie Marina Vlady réussit à la convaincre de commencer un traitement, qui se termine par sa guérison.
En 1986, dix-neuf ans après son enregistrement, elle propose à Serge Gainsbourg de sortir leur version restée inédite de Je t'aime… moi non plus. La chanson, chantée entretemps par Jane Birkin, connaîtra un succès certain.
Actions conduites avec la fondation Brigitte-Bardot
Création de la fondation (1986-1992)
En 1986, Bardot crée, à Saint-Tropez, la fondation Brigitte-Bardot, organisme ayant pour objet la protection des animaux. Pour la faire reconnaître d'utilité publique, elle disperse aux enchères les objets de son ancienne gloire : bijoux, effets personnels, robes ou encore des photos et affiches, pour la plupart dédicacées. Elle déclare alors : « J'ai donné ma jeunesse et ma beauté aux hommes. Que je donne ma sagesse et mon expérience et le meilleur de moi-même aux animaux ». Elle réussit à obtenir les trois millions de francs nécessaires en grande partie grâce à la vente du diamant que lui avait offert Gunter Sachs, « l'immense diamant qu'il m'avait donné, qui a été une grande part de l'argent que j'ai récupéré. C'est lui qui l'a racheté. Il me l'a pas redonné parce qu'il se serait dit elle va encore le revendre pour les animaux. Mais enfin, il l'a racheté et m'envoie de temps en temps de belles sommes pour la fondation ». Cette dernière, dont l'action prend de plus en plus d'ampleur, s'installe d'abord au 45 rue Vineuse à Paris, puis au 28 de la même rue.
Elle accompagne la création de sa fondation d'une série télévisée, S.O.S. Animaux (de 1989 à 1992), qui évoque tour à tour le trafic de l'ivoire, les expériences sur les animaux de laboratoires, les conditions des bêtes d'abattoirs, le transport des chevaux, le trafic des animaux exotiques ou l'abus de la chasse. Pour toutes ces causes, elle mobilise l'opinion en France et partout dans le monde, sollicitant l'appui de nombreuses personnalités, de chefs d'États, du dalaï-lama et du pape Jean-Paul II. « Je ne peux pas mener cette fondation sans être politique. J'ai vu tous les ministres de l'agriculture. Tous les ministres de l'écologie depuis qu'ils ont été nommés. Tous les ministres de l'intérieur. J'ai vu trois présidents de la république et je suis dans une merde pas possible parce que personne ne m'aide ».
Afin d'en augmenter le capital et d'obtenir la reconnaissance d'utilité publique, elle fait don de sa propriété La Madrague à sa fondation et celle-ci est finalement déclarée d'utilité publique par le Conseil d’État en 1992. La même année, grâce aux donations, elle fait l’acquisition dans l'Eure d’un domaine de 8 hectares, La Mare Auzou, afin d’y créer un refuge pour les animaux.
Combats et hommages (1993-2005)
Les activités de la fondation Brigitte-Bardot sont la lutte contre la captivité des animaux sauvages (notamment dans les cirques ou les zoos), le transport des animaux de boucherie, l'hippophagie, la fourrure, les expérimentations animales, les abus de la chasse, les combats d'animaux (tels que les corridas ou les combats de coqs), la chasse aux phoques, la chasse à la baleine, le braconnage ou encore l'abandon d'animaux de compagnie.
Elle est à la fois admirée et critiquée pour ses combats pour la protection des animaux. En 1990, Marlene Dietrich déclare à Paris Match : « Brigitte Bardot est encore une légende vivante mais elle est devenue tellement bizarre qu'il est impossible de lui garder intacte son aura d'autrefois. L'admiration qu'elle voue aux chiens est effarante, quand on pense à l'horreur dans laquelle se bat le monde, face à la mort, la douleur, la misère et au désespoir des enfants malades et affamés. »
En 1993, la Humane Society of the United States crée à Hollywood le Brigitte Bardot International Award, récompensant chaque année, durant sa cérémonie des Genesis Awards , le meilleur reportage animalier non-américain. Très touchée du geste de ces militants américains, elle n'assistera toutefois jamais à la cérémonie.
À Saint-Tropez, en 1994, elle organise une manifestation sur la place des Lices à laquelle se joignent 300 personnes pour protester contre le comité de la mairie où se trouvent des chasseurs du Var. Elle menace également de partir de La Madrague pour s'installer à Paris.
La même année, elle demande à Jean-Paul Gaultier de ne plus utiliser de fourrure dans ses créations prétextant qu'il a fallu deux renards pour un des manteaux qu'il a créé. Le créateur lui répond : « Il n'en a pas fallu deux mais trois.
, 1h30 Réalisé parRoger Vadim OrigineFrance GenresDrame ThèmesSexualité, Erotique, Homosexualité, LGBT, LGBT, Lesbianisme ActeursBrigitte Bardot, Robert Hossein, Maurice Ronet, Mathieu Carrière, Jane Birkin, Robert Walker Jr. Rôle Jeanne Note51% Jeanne (Brigitte Bardot) est une jeune femme séductrice et sensuelle. Amoureuse de son cousin, prêtre (Mathieu Carrière), qu'elle entraine dans une débauche incestueuse, elle court de proie en proie : Pierre (Maurice Ronet), professeur qu'elle entraine en Suède, paradis de l'amour libre en ces années 70, pour le perdre ; Prevost (Robert Hossein) et sa femme, la fragile Clara (Jane Birkin), qu'elle charmera dans une cabine du Night Ferry entre Paris et Londres ; un guitariste (Robert Walker Jr.) qui se suicidera pour elle... Son cousin a failli périr dans les flammes, mais en voulant le sauver, c'est elle qui y restera. Ces dernières l'auront attendue, comme son modèle, le vrai Dom Juan.
, 1h38 Réalisé parPierre Tchernia OrigineFrance GenresThriller, Comédie ThèmesLa famille, La provence, Vieillesse ActeursMichel Serrault, Michel Galabru, Claude Brasseur, Rosy Varte, Jean-Pierre Darras, Odette Laure Note68% En 1930 à Paris, Léon Galipeau, médecin généraliste à la compétence discutable, ausculte Louis Martinet, célibataire de 59 ans. Persuadé que son patient, usé, n'a que deux ans tout au plus à vivre, Galipeau convainc son frère Émile d'acquérir en viager la maison de campagne que possède Martinet dans un petit village de pêcheurs alors méconnu : Saint-Tropez. Confiants dans leur affaire, les deux frères acceptent même d'indexer la rente viagère sur le cours d'une valeur, pensent-ils, sans avenir : l'aluminium.
, 2h15 Réalisé parRobert Enrico OrigineFrance GenresComédie, Aventure ThèmesMafia, La mer, Transport, Gangsters ActeursBrigitte Bardot, Lino Ventura, Bill Travers, Clive Revill, Jess Hahn, Antonio Casas Rôle Linda Larue, la star du muet dont Cornelius est fou amoureux Note54% 1925 : la Prohibition (1919-1933) est appliquée aux États-unis. Le long des eaux internationales, sur la ligne des 3 miles à partir des côtes US, le « Boulevard du Rhum » (Rum Row), les bateaux chargés d'alcool des rum-runners attendent que les canots rapides viennent prendre livraison. Le bateau de Cornelius van Zeelinga (un brave capitaine, bagarreur, costaud mais pas très futé), venu de la Jamaïque avec un chargement de rhum, est arraisonné et coulé par les garde-côtes américains. Cornelius s'en sort et passe au Mexique. Il est hébergé dans une fonda (auberge). Le patron lui propose de « jouer à l'aveugle ». Le jeu consiste à se faire payer pour servir de cible : dans une grange obscure, une douzaine de tireurs éméchés ont acheté le droit de lui tirer chacun une balle de revolver. Cornelius joue plusieurs fois, et, blessé mais riche, réapparaît à la Jamaïque à la barre d'un rafiot, La Lady of my heart. Le trafiquant Sanderson l'attend pour lui confier un nouveau chargement de rhum, mais Cornelius entre dans un cinéma et voit un film muet avec en vedette Linda Larue. Il tombe amoureux de la comédienne, et lâchant la contrebande, la poursuit à travers les ports bordant le Golfe du Mexique.
, 1h34 Réalisé parChristian-Jaque, Guy Casaril, Jean Couturier OrigineFrance GenresComédie, Western ActeursBrigitte Bardot, Claudia Cardinale, Michael J. Pollard, Micheline Presle, Patty Shepard, Emma Cohen Rôle Louise / « Frenchie King » Note52% Louise et ses quatre sœurs forment une bande de hors-la-loi. Après une énième attaque de train, elles décident de prendre leur retraite après avoir découvert dans leur butin le titre de propriété d'un ranch, Little P. Mais une fois arrivées, elle se heurtent à l'hostilité de Maria Sarrazin, qui a découvert que le ranch en question était pétrolifère et qui veut se l'approprier.